5. Aveuglé par son éclat

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Plus décidé que jamais, je finis par descendre de la voiture – corps en émoi et cœur rêveur.

Déhon me gratifie d'un sourire, puis verrouille la voiture. Sa clé rejoint ensuite son portable dans sa poche et il m'invite à le suivre d'un geste de la tête.

Malgré ma fébrilité, je réussis à lui emboîter le pas. Je dois avouer ne pas trop savoir comment me comporter avec lui en public. Sans compter qu'une autre de mes nombreuses incertitudes me taraude maintenant l'esprit.

À peine arrivé à la hauteur des cordelettes de sécurité, je m'arrête donc et tire de nouveau sur la manche de Déhon.

— Qu'est-ce qui a, cette fois-ci ? m'interroge-t-il en se tournant vers moi avec une patience visiblement à toute épreuve.

— C’est juste... Pour être sûr qu'on soit sur la même longueur d'ondes, soufflé-je, plein d'espoir. Je peux considérer cette soirée comme notre premier rencard ?

L'impression que je m'emballe pour rien s'envole quand son regard s'illumine d'un sourire.

— C'est peut-être pas le lieu idéal. Mais tu peux, ouais.

— Ça veut dire que je te plais vraiment, alors ?

— Tu blagues ? rit-il. Dis-moi qui ne te trouve pas canon, Nathanaël.

Ha ! Les rares fois où j'ai eu des béguins à Mérida, ils m'ignoraient complètement. Soit ils me trouvaient trop coincé après nos premiers échanges, soit ils n'étaient juste pas de ce bord. Ici, je n'ai pas vraiment évalué la tendance. Je croise surtout des relous et je préfère ne pas me rapprocher de cette manière d'un mec du bahut.

Face à mon absence de réponse, Déhon reprend son sérieux et plonge encore une fois son regard dans le mien.

— T'en jette encore plus sans le tablier du Médina.

¡ Oh, cielo (juste ciel) ! Je me sens presque défaillir quand sa main glisse dans mes cheveux libres et se fraie un chemin jusqu'à ma nuque. C'est la première fois qu'il se permet de me toucher et, mmm, la douce chaleur qui se diffuse dans mon ventre ne m'avait plus honoré depuis des lustres.

— Alors, si ça te rassure de m'entendre te le dire : oui, tu me plais beaucoup, p'tite bouille.

Ce surnom adorable, additionné à sa paume chaude, si ferme, me fait encore vibrer. Nos yeux s'enlacent si étroitement que j'en mouillerai mon sous-vêtement.

Je ne saurais décrire fidèlement l'énergie dégagée par Déhon, mais sa résonance en moi augmente l'attrait que je ressens pour lui de seconde en seconde. C'est complètement dingue. Je détourne les yeux avec un léger sourire quand il se mordille la lèvre inférieure, sûrement pour résister à la tentation des miennes – en tout cas, j'aimerais y croire. C'est aussi la première fois qu'il le fait et, fiou, ça le rend encore plus sexy !

— On pourra discuter un peu plus tout à l'heure. Mais là, faut vraiment qu'on y aille. D'accord ?

Sa voix posée me sort de mes fantasmes. J'opine et ses doigts électrisants abandonnent ma peau. Ils me manquent déjà, je pousse un soupir en glissant machinalement les mains dans mes poches.

Déhon repart en direction d'un des agents de sécurité et se penche vers son épaule. Tandis qu'il discute avec lui, j'en profite pour mieux détailler l'effervescence qui m'entoure. Le gars du petit groupe de tout à l'heure, toujours aussi vivace, attend impatiemment son hôtesse. Un peu plus loin, sur le côté, les employés derrière les fenêtres des trois caisses de paiement s'activent, mais la file d'attente devant ce pan du hangar ne fait que s'allonger. En face, je constate que les transats disséminés le long des planches sont déjà tous pris. À mon avis, la terrasse, qui offre vue sur le fleuve, ne tardera pas à être pleine à craquer. Je me demande s'ils vont refuser les nouvelles entrées à un moment donné.

Libre ou Piégé ? [MxM |❤️‍🔥❤️‍🔥❤️‍🔥]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant