Chapitre 20

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XX- Le retour d'Anna

L'amour commence pas l'éblouissement d'une âme qui n'attendait rien et se clôt sur la déception d'un moi qui exige tout

Gustave Thibon

Le regard félin d'Emma hypnotise Adam. Il se rapproche doucement d'elle et lui prend les mains. Verts et noisettes, leurs yeux brillent. Ils ressentent une petite décharge qui les font reculer. Il ne peut plus la toucher sans ressentir des chatouillements désagréables dans ses membres. Il la regard, perdu, ne comprenant pas pourquoi ils ne peuvent plus s'approcher l'un de l'autre. Il veut retenter une dernière fois mais Emma l'en empêche.

- Je dois partir, Adam.

- Non ! Ne me quitte pas !

Un livre tombe aux pieds de la petite brune. Adam le reconnaît aussitôt, c'est le roman de Victor Hugo, Les Misérables qui s'est ouvert au passage de Cosette. Il veut le ramasser pour le lui donner mais une lumière éblouissante le fait encore reculer. Ses yeux se plissent et sa main tente de couvrir son visage pour essayer de regarder Emma.

Elle recule et le salue une dernière fois. Les pages du livre s'arrachent en même temps qu'une rafale de vent s'abat sur eux. Ses bras s'allongent et de longues plumes noires les recouvrent. Ses longues jambes fines deviennent des pattes d'oiseau et son corps tout entier se recouvre de plume à la couleur de ses cheveux.

- Pourquoi tu me laisses seul ?!

Elle ne lui répond pas et prend son envole, les pages arrachées virevoltent autour de l'oiseau brun. La lumière aveugle Adam, il ne la distingue plus, elle est partie...

Adam tombe de son lit et revient à la raison. Son pyjama est trempé. Il ne supporte pas cette moiteur alors il retire ses vêtements. Ses membres tremblent légèrement, sa respiration est plus que saccadée et une douleur tape dans son crâne. Il descend dans la cuisine, prend un verre d'eau puis cherche un médicament pour apaiser cette migraine.

Sur l'horloge murale, Adam apprend qu'il est 7h. Il s'installe un instant sur le canapé où dort Kiwano. Le chien grogne et gratte le sol de ses grosses pattes. Le grand blond se penche pour le caresser et le saint-bernard ouvre les yeux puis sa gueule pour laisser échapper un long bâillement.

- Toi aussi, tu faisais un cauchemar ?

Après cinq bonnes minutes à se remettre les idées en place, il s'étire et rejoint la salle de bain. Il prend une douche rapide qui dissipe un peu son mal de crâne. Il monte l'escalier et cherche des vêtements propres. Il regarde le sweat vert qu'il a prêté à Emma. Il n'y a pas touché depuis un moment.

Cela fait bien une semaine qu'il n'a plus de nouvelles de cette femme. Elle a disparu dans sa vie aussi vite qu'elle en est entrée. Ses mains caressent le tissu et l'apportent à son nez. Il l'inspire, espérant que le vêtement ait gardé son odeur mais son parfum si particulier s'est presque dissipé.

Il décide de le mettre même si cela fait un moment que ce haut n'est pas allé à la machine à laver. Il se regarde dans le miroir et hausse des épaules. Emma le porte mieux que lui. Sans perdre plus de temps, il attrape son portable et rejoint Kiwano pour aller se balader un peu avec lui.

De toute façon, il n'a rien à faire en ce dimanche qui s'annonce chaud et estival. Pendant la petite promenade avec Kiwano, il se remémore son rêve étrange. Sa transformation d'humaine à oiseau avec les pages du livre tournoyant, ressemblent beaucoup au tatouage encré sur le dos de la brunette. Mais ce qu'il n'arrive pas à comprendre, c'est pourquoi le livre s'est ouvert sur le passage où est dénoncé les violences que la petite Cosette subissait.

Mission : Plan CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant