Chapitre 8

93 5 3
                                    

- " La vie semblait plus fade, comme si la personnalité de Mary ou de Kitty ne ne pouvait rétorquer et apporter elle aussi un soupçon de gaieté. "-


Lorsqu'elle revint à la maison, Mary monta sans attendre pour annoncer la nouvelle à sa mère. A défaut d'avoir trouver un potin plus alléchant, cela pourra peut-être la faire sortir de sa chambre. Elle toqua à sa porte une série de petits coups dans le but de la réveiller. Quand Mrs. Bennet s'enfermait dans un état de crise, il était dur de prévoir la suite.

— Entrez, souffla une voix endormie.

Mary rentra à pas feutrés, évitant toutes les lattes grinçantes. Elle se rapprocha du lit et découvrit sa mère enveloppée dans une large couverture ne laissant entrevoir qu'un mince filet de son visage.

— Mary, que venez vous faire ? N'ai-je pas été assez claire lorsque j'ai dit que je ne voulais voir personne ? Maria devra-t-elle faire le garde pour empêcher qu'on vienne me sortir d'un rêve ? râla Mrs. Bennet à moitié réveillée.

— Je viens vous porter une nouvelle qui vous revigorera peut-être ?

— Allez y mon enfant, je n'espère qu'à une chose, une bonne nouvelle, gémit-t-elle.

— Sur le chemin, j'ai rencontrée Mrs. Caster m'annonçant qu'un bal sera donné ce samedi pour le retour d'une connaissance. Nous sommes chaudement invitées bien sûr, récita-t-elle sans conviction.

Mrs. Bennet se releva aussi droite que possible, les yeux exorbités. Un mince sourire courbant la ligne de ses fines lèvres.

— Un bal ! Comme c'est gentil. Mary, appelez vite Maria pour m'habiller ! Je crois être restée trop longtemps dans ce lit, dit-elle en ôtant son épaisse robe de chambre.

Ainsi congédiée, Mary sortie en veillant à mettre le plus de distance entre sa mère et elle. Lorsque Mrs. Bennet se sentait soudainement mieux, elle était aussi excessive que possible, ordonnant à tout va une flopée d'instructions comme si la maisonnée avait elle aussi hiberné.

Se précipitant dans le salon, Mary s'installa, devant son fidèle ami, prête pour travailler ses gammes. Des heures passèrent durant lesquelles, inlassablement, la jeune femme répéta et malgré de nombreux essais, une nuée de fausses notes alourdirent les mélodies. Pestant intérieurement, elle recommença encore et encore jusque'à ce que les passages soient enfin propres. Mais c'était sans compter, les multiples partitions qui trônaient sur le pupitre.

— Mary, il est peut-être temps d'arrêter pour aujourd'hui. Je suis heureux que votre mère soit enfin sortie de sa chambre alors ne tentez pas de l'y renvoyer, souffla la voix de son père.

Soudainement coupée dans son élan, Mary implora du regard Mr. Bennet en vain.

— Cessez de me lancer ce regard de pitié, il serait plus judicieux de clôturer votre séance. Vous assommez de divertissements ne vous rendra pas plus accomplie, rajouta-t-il d'un ton morne.

— Ce n'est pas un simple divertissement père.

— Je le sais bien et c'est ce qui est bien dommage, conclut-il avant de disparaitre dans l'embrasure de la porte.

Vexée d'être traitée comme une simple amatrice, elle referma le couvercle du piano avec hargne. N'avaient-ils pas tous compris que le perfectionnement de cet art prenait du temps et que seul un travail régulier l'y prouvait. Parfois, Mary comprenait pourquoi aucune de ses soeurs n'avaient pris goût pour cet instrument.

À contrecoeur, elle se leva et s'enferma dans sa chambre. Si l'approfondissement de sa musique n'était pas toléré alors il ne lui restait que la lecture. Elle se plongea dans un essai sur la mythologie, aussi passionnant qu'éprouvant. Elle ne saurait dire si cette passion pour l'analyse minutieuse lui était venue naturellement où si ce n'était qu'un moyen pour fuir sa réalité. Dans tous les cas, elle avait appris à aimer l'odeur des vieux livres que personne d'autre n'ouvrait, la sensation de la plume entre ses doigts et cette exaltation d'avoir réussi à aller au bout.

Mais à cet instant, le coeur n'y était pas. Sa concentration auparavant débordante, lui faisait défaut. Les passages les plus simples étaient plus ou moins étudiés mais dès que des embûches s'ajoutaient, Mary s'arrêtait. Elle avait beau relire et relire, elle n'y arrivait pas. À vrai dire, ses pensées étaient tournée vers ses soeurs. En l'espace de quelques mois, les trois plus prometteuses s'étaient mariées, laissant les autres dernières, esseulées. La jeune femme avait beau reprocher toutes les tares à sa mère, elle n'avait pas totalement tort. Tous ces changement créaient un vide immense. La douceur de Jane, l'humeur sarcastique de Lizzie et la frivolité de Lydia manquaient. La vie semblait plus fade, comme si la personnalité de Mary ou de Kitty ne ne pouvait rétorquer et apporter elle aussi un soupçon de gaieté. Voici encore un point où la faiblesse d'esprit de Mary se creusait. Bien qu'elle s'instruisait avec le plus de volonté, elle ne réussissait à s'imposer ou à rivaliser. Elle passait inlassablement après ses soeurs, seul l'écart avec Kitty ne semblait pas si grand. 

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Feb 02, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

MARY BENNET (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant