Chapitre 3

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-« Sentant le danger, celui-ci s'envola la laissant penaude et la mine déconfite par le flot de sa mélancolie.»-


S'enfuyant de la maison en courant vers le jardin, elle esquiva de peu Hannah, l'aide cuisinière.

— Miss Mary, je suis désolée, je ne vous avez pas vu, s'excusa-t-elle

— Ça ne fait rien, c'était ma faute, répondit Mary sans se retourner

Elle continua sa course effrénée vers le petit chemin qui menait à une carrière à l'abris des regard.

Essoufflée, elle finit par s'arrêter avant que sa vision ne se troubla d'un voile embuée. Quelques larmes perlèrent au coin de ses yeux fatigués. La fête du mariage avait durée toute la nuit et l'épuisement autant physique que moral l'affaissait. Mary se reprit et continua son chemin, cette fois d'un pas rapide. Sa condition physique plus qu'approximative ne lui accordait pas même pas la chance de trottiner.

Arrivée dans la clairière à bout de souffle, elle se cala le long d'un gros arbre dont l'écorce s'effritait à mesure qu'elle se dandinait tentant infructueusement de desserrer son corset. Depuis la vieille, la jeune femme n'avait quitté sa robe, certes jolie quoiqu'un peu fade mais surtout trop lacée. Après avoir réduit en miette sa patience, elle se laissa glisser jusqu'au sol rendu confortable par la mousse. Mary replia ses jambes contre sa poitrine et les encercla de ses bras sentant que la crise de larmes n'allait pas tarder à exploser. Sans erreur, ses pleurs brisèrent la plénitude de la foret et comme si le monde avait entendu sa tristesse, le vent avait cessé de se battre contre les branches.

Soudain, des hennissements de chevaux s'engouffrèrent dans la forêt crispant le petit oiseau qui s'était doucement rapproché de la pauvre Mary. Sentant le danger, celui-ci s'envola la laissant penaude et la mine déconfite par le flot de sa mélancolie.

Les pas des chevaux lancés au galop firent trembler la terre et les vibrations agitèrent la jeune femme qui se releva d'une traite et essuya les perles de son émotion afin de redevenir présentable. Derrière le gros chêne, elle pu voir l'enfilade des cavaliers se diriger vers le Nord. Un des cheveux à la traine ralentit le pas de sorte qu'en quelques minutes, il se laissa complètement distancer.

Maintenant dans un pas lent et décousu, le cavalier, un homme au manteau noir et volumineux, descendit et marmonna. À peine à quelques mètres, toujours précieusement cachée, Mary s'autorisa un regard appuyé vers cet inconnu qui semblait plus ennuyé que vraiment en colère contre sa monture. Il lui leva un sabot puis le deuxième avant de lâcher un juron qui rougit instantanément les joues déjà colorées par les larmes de Mary.

Inquiète d'être face à une sorte de brigand ou d'infâme bête, elle recula doucement afin de s'échapper sans être repérée. Mais comme la chance n'était jamais de son coté, elle marcha sur un vieille branche qui se morcela sous son poids. Ainsi sa fuite silencieuse fut stoppée par un stupide bruit qui la fit immédiatement repérer. L'homme inquiétant se tourna brusquement vers elle et lâcha un énième juron. Mary reprit ses esprits et s'échappa le plus vite possible ou du moins à la vitesse que ses jambes lui permettaient.

— Ne fuyez pas, je ne vous veux aucun mal, s'écria alors l'homme

Sans se retourner, Mary continua sa course priant intérieurement qu'il ne la rattrape pas. Mais c'était sans compter que lui aussi était bien décidé à la retrouver. Grimpant sur son cheval et le poussant au grand galop, il ne lui fallut pas plus de deux minutes avant de la repérer et de l'atteindre.

— S'il vous plait, arrêtez vous!

— Laissez-moi tranquille!

— Je ne suis pas là pour faire le moindre mal, je veux juste m'excuser de mon comportement et de mon langage, je vous en prie, insista-t-il

Encore une fois, à bout de souffle, elle ralentit le pas et s'arrêta les mains collées contre son point de coté. Elle émit un râlement dénué de tout féminité.  

— Enfin vous arrêtez de me fuir, dit l'homme soulagé

— Si les rôles étaient inversés, vous comprendriez ma peur et donc ma fuite, grimaça Mary

Le cheval à demi boiteux s'approcha de la jeune femme laissant son cavalier descendre à seulement quelques centimètres d'elle.

— Les présentations sont peut être de guise pour que vous soyez plus rassurée. James Longoverlap, se présenta-t-il penchant légèrement son buste

— Mary Bennet.

— Je peux peut être vous ramener jusqu'à chez vous. Vous serez plus en sécurité.

— Oh vous pensez qu'étant à vos coté, je ne risque pas d'être kidnappée ou violentée. Pensez-vous qu'en connaissant votre nom, je vais me sentir mieux? S'esclaffa-t-elle brutalement

— Je pensais que vous auriez pu reconnaître mon nom et que vous comprendriez que je suis aussi inoffensif que galant, répondît-il piqué

— Vous faites erreur Monsieur, je ne prétends pas connaître toutes les bonnes familles du comté ou tous les noms de gentilshommes qui assurent sécurité et sérénité.

— Certes mon absence a du effacer mon appartenance à...

— Cessez donc de tourner autour du pot comme si ma plus grosse erreur de la journée était de ne pas vous reconnaître, s'exclama Mary

MARY BENNET (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant