NOTE : Ceci est la première fois pour moi que je publie un projet. J'ai beaucoup utilisé l'écriture comme exutoire et n'ai encore jamais fait lire mes propos à qui que ce soit. Toute critique constructive sera la bien venue. Soyez indulgent !
N.B. : J'ai commencé à publier avant que le travail ne soit fini, ce qui veux dire que je vais update mes chapitres régulièrement jusqu'à ce que je sois satisfaite.-*-*-*-*-*-
Mars 2020.
Gare de Lyon. Il est là, sortant du train et me cherchant du regard. Il est là, dans son anorak un peu décoloré, ses cheveux en pétard et légèrement bouclés, comme à leur habitude. Il n'est pas parfait, mais cet instant semble l'être. J'aimerai prendre une photo, là, me souvenir de ce moment précis et de ce qu'il me fait ressentir. Pour toujours.
Il dégage quelque chose de si particulier. Suis-je la seule à le voir ? Cela me paraît impossible.
Je remarque que sa peau légèrement hâlée est plus marquée que dans mon souvenir. Il faut dire qu'on a pris de l'âge... Le travail, le stress, la vie quoi. L'afflux de voyageurs dans le hall de la gare, l'agitation ambiante crée un schisme avec cet homme immobile en son centre. Il m'apparait figé, comme le phare au milieu de la mer déchaînée par la tempête. Ou est-ce seulement ma perception de la chose ? Ma propre tempête ? Mon cœur qui s'emballe avant même que Paul ne m'ait adressé un seul mot ?
Il ne me voit pas encore. A vrai dire, il ne semble même plus être à ma recherche. Mes yeux sont accrochés à lui, je suis hypnotisée. La légère brise qui s'engouffre dans le hall fait valser sa crinière.
Quatre ans. Quatre années qu'on ne s'est vu. Et pourtant... Proust sait de quoi je parle ! Tout me revient à la figure. Notre adolescence, nos histoires, nos romances,... Tout.
Voilà, il me voit et sourit, faisant louper un battement à mon cœur déjà bien mis à l'épreuve. Il s'approche et je vois bien qu'il hésite à me faire la bise. Il se résigne.
- Salut.
Simple. Impersonnel.
On échange quelques banalités, sur son trajet en train, sur la météo parisienne nulle.
On n'a pas vraiment programmé quoi que ce soit, tout a été si soudain. Un jour, le jour de son anniversaire, prise de je-ne-sais-quel élan, je lui ai écrit. Sans rien attendre de particulier, convaincue qu'il ne me répondrait pas. Mais il l'a fait, et tout à repris comme avant. On a parlé pendant quelques jours, jusqu'à ce qu'il propose de venir me rendre visite « à la capitale ». J'ai accepté. Pourquoi ?
Avant de venir, il m'a fait promettre qu'on serait honnête, totalement honnête l'un envers l'autre.
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Pendant toute la semaine, j'ai pensé à aujourd'hui. Ce que j'avais à lui dire, ce que j'allais porter, ce qu'il allait penser de moi. Est-ce que ça lui a fait pareil ?
Je me suis perdue dans notre conversation de ces dernières semaines. Je les ai lues et relues en boucle, jusqu'à les connaître presque par cœur. Pourquoi ? Ses mots résonnent dans ma tête, ils ne me quittent plus. J'ai horreur de ça, comme à chaque fois.
-*-*-*-*-*-
Sa voix n'a pas changée, elle. Un peu grave, mais pas trop. Un peu rocailleuse, comme s'il venait de se réveiller. Maintenant qu'il se tient devant moi, je l'observe avec attention, je m'attarde sur chaque détail : ses sourcils en bataille ; ses cils, longs et délicatement recourbés ; ses yeux verts, si lumineux ; les gerçures autour de son nez ; ses lèvres charnues qui semblent si douces ; les signes d'une barbe précautionneusement rasée ce matin. C'est certain, il est toujours très beau. Ça non plus, ça n'a pas changé.
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Et maintenant ?
RomanceIl tire quelques bouffées. J'ai l'impression que son esprit vagabonde, part loin d'ici. Et d'un coup, il rompt le silence : - Et moi ? - Quoi, toi ? - Tu m'aimes ? Je ne réponds pas. Je n'ai pas envie de répondre, et en même temps c'était précisémen...