Et maintenant ?

Chapitre 12 ☺

Mars 2020.

On a fait l'amour. On a loué une chambre dans le premier hôtel pas cher qu'on a trouvé, un vrai cliché. On aurait dit deux adolescents qui ne peuvent découvrir leur sexualité chez l'un ou chez l'autre car leurs parents ou leurs frères et sœurs seront là.

On avait fait l'amour la dernière fois aussi. Chez lui, sans même chercher à discuter ou dîner avant. On savait très bien pourquoi on était là, j'étais venue pour faire l'amour, il ne s'attendait à rien de plus. J'étais partie pas longtemps après. On avait pris une douche ensemble, mais c'était étrange.

On attend même pas d'être dans la chambre. On commence à s'embrasser, à se toucher dans l'ascenseur puis le couloir. On rigole, des ados. On arrive plus à se décrocher l'un de l'autre, si bien que Paul a dû s'y prendre à plusieurs reprises pour déverrouiller la porte avec la carte magnétique. J'ai déjà ouvert sa ceinture. Il a relevé ma robe. Le reste se passe comme dans un rêve. Non pas que c'est idyllique ! C'est bon, intense, mais pas parfait, ça non. Comme dans un rêve car j'ai l'impression que ça arrive à quelqu'un d'autre. Qu'une autre personne a pris le contrôle sur mon corps et que je ne suis que spectatrice de la scène.

Est-ce que ça dure des minutes ? Des heures ? Je perd complètement la notion du temps. Et puis en un instant, c'est fini.

Allongés côte à côte, on n'ose se regarder. Encore une fois, il y aurait tellement de chose à se dire et les mots non dits se font ressentir.

     - Et maintenant ?

     - Maintenant ? Rien.

Il se redresse et se tourne vers moi. Il est furieux. Je sais ce qui nous attend.

     - Rien ?! On rentre chez nous, comme si de rien n'était ?!

Spontanément, je me met à rire.

     - Pourquoi tu te marres ?!

Avec un accent anglais, je lui répond :

     - Déjà vu...

     - C'est quoi ton délire, là ?

     - Ça ! Toi, moi, cette situation. C'est tellement « déjà vu ». Tu ne le vois pas ? Paul, ça fait douze ans qu'on répète la même histoire en boucle. Ne me dis pas que tu ne l'as pas vu arriver ?

     - Arrête, tu...

     - Tu sais très bien que j'ai raison ! Tu es ici depuis à peine quelques heures et on s'est déjà embrouiller plusieurs fois ! C'est toujours pareil... Depuis le début.

     - Alors, ça servait à quoi que je vienne ?! Si tu savais déjà que ça allait finir comme ça, pourquoi avoir accepté ? On a pris des risques...

     - C'est comme ça qu'on fonctionne ! Toi et moi, on a besoin de ça. De se voir, de s'aimer, et de se détester à nouveau. On ne peux pas s'en empêcher.

    - Et on ne peux rien y faire ? Valentine, j'ai pas envie de t'oublier à nouveau.

     - Non, on n'y peux rien. On va reprendre nos vies, et dans quelques temps – des mois, des années sûrement – on va se souvenir. Tout les bons moments vont ressurgir quand on ne s'y attendra pas. On aura rallumé notre vieux lecteur CD et retrouvé nos chansons. Mais quoi qu'on fasse, on en reviendra toujours... à ça.

    - Et la fin cachée ?

    - Quoi ?

    - Quand on laisse défiler l'album, il y a parfois une fin cachée.

     - C'est vrai...

De la musique s'échappe de la fenêtre de l'appartement d'en face.

We've come a long long way together
Through the hard times and the good
I have to celebrate you baby
I have to praise you like I should (1)

**FIN**

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(1) FATBOY SLIM, « Praise you », You've come a long way, baby, 1998.

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A toi qui a lu jusqu'ici : merci !
J'espère que cette histoire t'aura plu. Personnellement je suis loin d'être satisfaite, il y a pas mal de choses que je corrigerai avec le temps. 

Si le cœur t'en dis, partage l'histoire de Paul et Valentine autour de toi.

A bientôt je l'espère !!