Mars 2020.
On reste ainsi pendant ce qui me semble être des heures. A se sourire, s'enlacer, s'embrasser. Plus rien n'a d'importance. Plus rien n'existe à mes yeux. Il n'y a que lui. Je prend alors conscience que c'est comme s'il avait laissé un vide dans ma vie depuis des années. Comme si depuis tout ce temps, je n'avait pas été moi-même. Pas vraiment. Je sais que c'est mal, que je devrait faire quelque chose. Je sais que je devrais arrêter cela et rentrer chez moi. Je n'en ai pas la force.
Plus il plonge ses yeux dans les miens, plus je me sens complète. Plus il m'embrasse et plus la raison me quitte.
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On décide enfin de marcher jusqu'à la station Jaurès pour prendre le métro jusqu'à Anvers et passer un peu de temps dans un de mes endroits préférés de Paris : le Sacré Cœur. C'est cliché, je sais, mais je trouve le lieu tellement beau. Et cette vue !
J'ai toujours trouvé cela beau, les villes vues d'en haut. Dès que je vais quelque part, je trouve toujours un endroit où je peux admirer le paysage urbain. Un toit, une colline, une église.
Il y a quelque chose de poétique dans tout cela, comme si on observait une fourmilière ou une ruche, avec toutes ses petites travailleuses plongées dans leurs corvées sans avoir aucune idée qu'on est entrain de les lorgner.
Évidemment,le métro est plein à craquer. Je ne comprend pas trop pourquoi d'ailleurs car ce n'est pas l'heure de pointe. De toutes façons, le métro est toujours un calvaire pour moi. La proximité des inconnus, leurs voix, leurs odeurs... Mais pas aujourd'hui, pas à cet instant. Je m'en moque, je ne pense qu'à Paul.
Bien sûr, la majeure partie des voyageurs descend au même arrêt que nous. Prévisible. On sort et j'examine la file devant le funiculaire. Même pas la peine... Je ne suis pas d'humeur à attendre, j'ai besoin d'être avec lui là-haut. On emprunte donc les escaliers. Paul se moque de moi car il me devance largement.
- Toujours aussi sportive à ce que je vois !
Il sourit et me tend la main comme si j'avais besoin d'être hissée jusqu'en haut. A l'arrivée, je suis rouge et haletante. Peu importe, ça en vaut la peine ! Le soleil a même décidé de nous gratifier d'une apparition sur les toits de la ville. Magnifique. Des toits, des cheminées, la Tour Montparnasse sur la droite. Magnifique. On se fraye un chemin entre les touristes et on se colle l'un a l'autre contre la barrière pour admirer. Paul sort son smartphone et je comprend qu'il veut faire un selfie. Ça me semble être une très mauvaise idée. Je l'en empêche. Déçu, il le range et appuie sa tête contre la mienne tout en glissant sa main dans la mienne. On reste là, comme deux manchots qui cherchent à se réchauffer, à regarder Paris. Le monde s'efface. Le bruit s'atténue. Le temps se fige.
Soudain, patatra ! Une averse sortie de nulle part rompt la magie du moment et nous ramène à la réalité. On se faufile dans la foule affolée en direction de la Place du Tertre. Les cafés se retrouvent envahis par les badauds mouillés en quelques minutes, alors on continu notre chemin. Maintenant qu'on est trempés, on se dit qu'on peut bien poursuivre notre ballade.
Un peu plus loin, devant le Mur des Je T'aime, Paul sort à nouveau son téléphone, mais cette fois ce n'est pas nous qu'il veux photographier. Il y a une notification de message nouveau reçu sur l'écran mais il la fait disparaître rapidement.
- En souvenir.
Nos pas nous mènent ensuite jusqu'à Pigalle. Ça m'amuse toujours autant de voir un magasin bio perdu au milieu des immenses sex shops! Avec son regard espiègle que je lui connaît bien, Paul m'attrape par la main et m'entraîne dans l'un d'eux. Ça me gêne un peu de me retrouver entourée de lingerie et de sex toys, avec lui. Il me montre des objets plutôt insolites et fait l'imbécile. Un vrai gamin. J'en rit.
Il me tire vers un coin de la boutique. Un peu dissimulés par les portant de vêtements, il me plaque contre lui et m'embrasse langoureusement. Je suis gênée, nous ne sommes pas seuls dans le magasin. Il a l'air de s'en moquer complètement. Il me sert plus fort. Un petit groupe de touristes asiatiques débarque dans le rayon et nous montrent du doigt en riant. La distraction me permet de me soutirer à l'étreinte de Paul qui pousse un grognement de frustration.
Je me presse jusqu'à la sortie, Paul sur mes talons. Je ne sais pas où aller, alors je prend un rue au hasard. Puis une autre. Et encore une. Il me suit sans poser de question. Les immeubles et les devantures de magasins se succèdent. Les passants, les voitures, les poubelles au milieu des trottoirs... tout cela m'apparaît comme un chemin déjà tracé que nous devons emprunter. Comme si nous étions dans un jeu vidéo et que l'objectif, le boss final, nous attendait au bout.
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Et maintenant ?
RomanceIl tire quelques bouffées. J'ai l'impression que son esprit vagabonde, part loin d'ici. Et d'un coup, il rompt le silence : - Et moi ? - Quoi, toi ? - Tu m'aimes ? Je ne réponds pas. Je n'ai pas envie de répondre, et en même temps c'était précisémen...