*chapitre 6*

57 12 0
                                    

L'alarme sonna neuf heures. Douta ouvrit lentement les yeux et tourna son regard vers la fenêtre. Le soleil montait au ciel. Il prit son téléphone et vit des appels en absence. C'était Ibrahima. Il lui envoya un message et ce dernier répondit instantanément.
- salut Douta. Si tu n'as rien à faire, tu peux venir chez moi pour travailler dans le chantier d'en haut de la maison. Tu peux être manœuvre pour une journée, le gars paye bien.
Douta accepta. Il n'avait rien à faire aujourd'hui et préférait gagner un peu d'argent que de parcourir la ville avec un CV. Il se leva pour se préparer. Il doit y être avant dix heures.

L'homme que présenta Ibrahima était grand et fort. Il avait de la barbe et avait la tête rasé. Il devait avoir la quarantaine. Il ressemblait vraiment à un lutteur. Il regardait Douta droit dans les yeux lors de la présentation. Il avait une carrure imposante.
- bon, dit-il à Douta, je m'appelle André. Aujourd'hui je manque d'hommes, donc tu vas m'aider à soulevez ces tas de briques pour les transporter en haut à l'aide de cet outil (il le lui montra). Tu sais comment faire ?
- oui, répondit Douta
- bon ne perdons pas de temps. Au travail !
Les premières fois lui parurent facile de faire ce travail, mais au fur à mesure qu'il attiré la corde, ça lui fut pénible. Il ressentait le mal dans les biceps et les triceps. Il était dehors et le soleil tapait sur sa tête.
- eh oh jeune homme, tu as ralenti la cadence, dit André du haut de la terrasse, dépêche toi, on à pas toute la journée !
Douta redoubla d'efforts mais un instant il se retourna pour observer la rue. Il vit Malick un ancien camarade du lycée qui avait abandonné ses études après son échec au bac. Il était bien habillé et était entouré de sa femme et de ses deux enfants. Douta était envahi par une honte terrible. Pour que son ancien camarade ne l'aperçoit pas, il entra précipitamment dans la maison et se cacha derrière la porte. Quand Malick passa, il s'assit sur le perron et mit sa tête entre se mains. Il se souvient de sa discussion après les résultats de l'examen.

Il était venu chez Malick pour le consoler. Il vit que son camarade ne montrait aucun signe de tristesse ni de colère. Au contraire il était tranquille.
- l'expression de ton visage m'intrigue, dit Douta
- c'est juste que je garde la positivité, répondit Malick.
Après une longue pause Douta décida de parler.
- je suis vraiment désolé pour ce qui t'es arrivé. Tu mérites vraiment plus, c'est tellement injuste...
- ne t'inquiète pas Douta, cette année à été riche d'enseignements. Je ne regrette rien. Peut-être que j'étais pas destiné à réussir à cette examen, Dieu l'a voulu autrement...
- oui, l'année prochaine tu vas redoubler d'efforts, ça va aller.
- j'ai décidé de mettre un terme à mes études pour me tourner vers d'autres objectifs.
- quoi ? Malick t'es sérieux ? Tu ne peux pas arrêter les études comme ça alors que tu n'as pas le bac.
- bien avant le brevet, je pensais déjà à arrêter mes études, mais c'est ma famille qui m'a poussé à continuer.
- justement, c'est pour que tu ne reste pas assis à ne rien faire du matin jusqu'au soir. Réfléchis, c'est juste une année, après c'est fini. Il ne te reste qu'une année pour finir tout. Tu es juste devant la porte Malick !
- Douta, tu n'arriveras jamais à me convaincre de retourner à l'école. Ma décision est prise. Sache que je suis pas le genre de mec qui reste assis sans rien faire. Je suis du genre à tout donné pour avoir quelque chose. Je veux être commerçant, et je pense qu'il n'y a pas meilleur travail que celui-ci. Les études en gros, c'est une perte de temps. Pendant que tu seras à l'Université, je gagnerais de l'argent et quand tu sortiras avec ton diplôme, je serais déjà millionnaire. C'est ma parole !
- Malick, je ne suis pas ton ennemi et je veux pas de concurrence entre nous. Je te montre les bienfaits des études. Tu veux être commerçant ? Pourquoi ne pas continuer les études et faire ta formation ?
- je ne veux plus gaspiller l'argent de mes parents, désormais je veux vivre par mes propres moyens.
- tu sais, tu entrain de jeter tout l'argent qu'ils ont mis en toi pour que tu ailles à l'école. Tu vas tout gâcher alors que tu à la porte pour avoir ce diplôme...
- si Dieu le veut, je ferai de mon mieux pour les satisfaire et les honorer. Je travaillerais dur pour que leurs efforts ne soient pas vain.
- rien ne pourra leur satisfaire s'ils n'ont pas ce qu'ils veulent. Eux, c'est ton diplôme qu'ils veulent.
- ils oublieront quand je vais leur montrer des liasses d'argent, dit Malick avec un clin d'œil
- si tu le dis... Murmura Douta en soupirant.
- l'école ne garantit pas la réussite, on étudie pour acquérir des connaissances. La réussite appartient à Dieu. Ne croyez pas à ce que les gens disent. Ils disent souvent que c'est grâce aux études que tu réussis mais beaucoup ont contredit ça en réussissant d'une autre manière... Finit Malick en baillant.

Le chemin de l'EldoradoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant