Pour la première fois depuis longtemps, Douta été invité personnellement a la réunion de famille qui se tenait aujourd'hui dans la maison de son oncle Thierno, le père de Omar. La famille de Douta a un groupe de communication sur les réseaux sociaux, mais afin d'éviter d'amener les "indésirables" (les chômeurs), l'aîné de la famille de sa mère préférait envoyer des messages privés au lieu de l'annoncer sur le groupe. De ce fait, ceux qui n'ont pas reçu le message auront compris qu'ils n'y sont pas invités, car ils ne serviront à rien. Douta vivait en effet cette situation avec certains de ses cousins. Ils ont fini par bouder les réunions de famille et ne voulaient plus rien entendre a propos de ceci. Il songeait toujours a remettre cet oncle sans scrupules à sa place, mais hésitait car il risque d'entrer en conflit avec sa sœur, sa mère. Presque tous les frères de sa mère ainsi que cette dernière se ressemblent, seul l'argent les intéresse. Ils se montrent chaleureux quand t'en as mais se montrent froids quand t'en a plus. Ce comportement exaspérait la nouvelle génération (Douta et ses cousins) dont certains mourraient d'envie de dire des vérités. Mais dans cette société, les aînés auront toujours raison, quoiqu'ils disent ou fassent, peu importe les fautes. Seul son oncle Thierno sortait du lot. Douta l'aimait beaucoup. Il était simple, modeste, humble et respectueux quelque soit ta situation. Il n'hésite jamais à aider les jeunes de sa famille qui souffrent un manque de l'emploi ou d'un besoin d'argent pour un projet. Il représente le modèle de cette famille et si ça ne tenait qu'à Douta, c'est lui qui devrait diriger et organiser la famille.
On avait installé beaucoup de chaises et de nattes dans la cour. Les oncles était arrivés en premier, suivi des jeunes. Les femmes arrivérent en dernier. Les salutations fusaient de partout. Les mains droites se joignent, les uns se prennent dans les bras, les autres se tapotent l'épaule. Chacun demande a l'autre si tout va bien dans vie. Ensuite certains blagues ou piques se lancent entre frères ou cousins. L'eau fut servi et le thé aussi.
Les oncles appelèrent Douta qui s'assis près d'eux.
- ah mon enfant, tu sens bon. Je reconnais ce parfum, il coûte cher, dit l'un des oncles.
- merci oncle Papi, tu es très bien habillé, comme d'habitude, répondit Douta
Son oncle papi hocha la tête avec fierté. L'aîné de la famille, Sidy, prit la parole.
- tu es a nouveau le patron, tu nous rends toujours fiers. Ta mère a dit que tu as trouvé un bon travail dans une grande entreprise. Que Dieu te bénisse ! C'est vraiment mérité, sache que quand Dieu décide de quelque chose, il en sera ainsi et rien ne pourra le modifier. Ta mère t'as éduqué comme il le faut.
Tous en même temps dire "bilahi", "walahi". Douta resta silencieux.
- j'espère que tu nous rendra visite bientôt, ça fait longtemps qu'on ne te voit plus.
A ce moment, Douta eu un tic dans ses yeux. Aller les voir, pourquoi faire ?
Il sait qu'ils ne veulent que son argent. Quand il viendra, ses oncles l'accueilleront chaleureusement, lui offriront un délicieux plat et de la boisson. Ensuite il devra leur donner quelque chose avant de partir. Pourtant, quand Douta venait chez eux et qu'il n'avait pas encore d'emploi, certains de ses oncles refusaient de le recevoir en lui transmettant des messages à travers leurs femmes lui disant qu'ils sont sortis. Certains prenaient du temps avant de se présenter et d'autres ne restaient avec lui que quelques minutes. Il ne lui offraient qu'un verre d'eau, le visage fermé ou plein de désintéressement. Douta comprenait tout ceci sans dire un mot. Il s'était promis qu'il ne reviendra plus dans leurs demeures à moins que ses oncles l'invitent.
Finalement Douta leurs dit qu'il viendra dans les prochaines semaines, ce qui les rendit davantage contents. Douta les observait un à un et ne vit que de visages hypocrites. Son oncle Thierno n'était pas encore venu. Mais tout à coup, il apparut. Il salua ses frères et quand il regarda le visage de Douta, il comprit ce qu'il se passait. Cet homme lisait en lui comme un livre ouvert.
- alors Douta, n'est-il pas temps de te marier ? Il ne faut pas faire l'erreur d'épouser une femme tardivement. Ma fille Oumou me parle souvent de toi, ta mère apprécie beaucoup sa nièce et n'y voit aucun inconvénient.
Douta allait répondre quand son oncle Thierno le devança.
- c'est maintenant que vous lui parlez de mariage, où dois-je dire, parler à nouveau. Quand il était en France, vous lui fatiguez chaque jour pour qu'ils choisissent l'une de vos filles. A son retour au Sénégal et avec sa situation vous avez préféré voir d'autres prétendants. Et maintenant qu'il a quelque chose, vous recommencez ? Sans vous manquer de respect, vous mes aînés, je demande à ce que vous mettiez cette discussion de côté.
Il y'avait de la tension en l'air. Mais pourtant, l'oncle Thierno était calme, Douta quant à lui était inquiet qu'une querelle éclate entre les frères. Sidy répondit a son petit frère.
- Thierno, ce que tu es entrain de faire est un manque de respect et je ne tolére point ce genre de comportement. En tant qu'aîné, tu me dois du respect. Tu dois avoir de la retenue quand tu nous parles. Tu es mon frère et je t'estime beaucoup mais fais attention à ne pas réveiller ma colère. Qui de nous va marier notre fille a un homme qui ne peut même pas s'occuper de lui même ? Qui va prendre sa fille et la jeter dans la souffrance et la misère ? Même toi tu n'accepterais pas ceci si c'était ta fille, même si t'en a pas. Et c'est peut-être par ce que t'en a pas que tu ne peux pas comprendre.
- Dans tous les cas, tout ne tourne pas autour de l'argent, répondit simplement oncle Thierno.
Papi et les autres calmérent la situation. Puis ils exigérent à l'oncle Thierno de demander pardon à eux tous. Douta savait que la vérité était du côté de son oncle Thierno, même si la majorité disait le contraire, c'est pas toujours celle-ci qui à la vérité. Mais oncle Thierno doit témoigner du respect envers eux et il était seul dans cette bataille. Il finit par demander pardon et expliqua qu'il n'avait pas l'intention de blesser qui que ce soit.
Douta en profita pour se lever aussitôt et partit discuter avec ses cousins. Il détestait assister à ce genre de scènes.
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Le chemin de l'Eldorado
Genel KurguDouta est un jeune sénégalais qui a été rapatrié de France. Son retour au pays à été mal pris par sa mère qui ne manque pas de lui montrer toute sa déception. Douta, qui vis très mal sa situation dans sa maison et ne trouvant pas un emploi convenabl...