Chapitre 8 : Un être humain

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Vêtue de mon plus gros pull et de mon plus petit short, j'écrivais le plus long des résumés de journée que je n'avais jamais rédigé. Ce cahier dans lequel je faisais couler toute mon encre sur les détails que j'avais remarqué en lien avec le Père, était des plus secrets. Si Fumijiro tombait dessus, nous craignions la chute de tous nos efforts. C'est pourquoi les fées ont mis en place un sortilège qui fait disparaître le carnet de la terre le temps que je rassemble d'autres informations pour le remplir. Écrire correctement sur un sujet qu'on ne connaît pas sans faire de fautes, sans s'emmêler et avoir besoin de recommencer pour centrer ses notes, c'est dur. J'ai eu beaucoup de mal à mettre toutes les idées que j'ai acquises dans la journée, savoir ce qui est pertinent ou non, et réussir à rendre ce carnet cohérent. Des schémas, des citations, tout ça devait être affiché sur ces pages. J'avais cet énorme stress qui planait au-dessus de ma tête à cause de ça. Je suis bien trop perfectionniste pour me permettre de laisser ne serait-ce qu'un détail sur le côté. Tout devait être assez complet pour qu'on soit prêts à n'importe quelle éventualité. Alors que j'étais concentrée sur mes écrits depuis plusieurs heures, Aki s'est posée sur mon épaule.

- Fume... Arrête toi, ça va faire plus de quatre longues heures que tu écris sur ce carnet. Tu vas finir malade. Laisse ça pour plus tard, tu en as assez fait.
- Encore quelques lignes...
- Et le déjeuner ? Tu as réussi à oublier de manger quand même. Ça ne te ressemble pas.
- Le... Oh mince mince mince, le déjeuner !

Je me suis précipitamment levée et me suis mise à courir vers la cuisine, cherchant désespérément une présence quelconque de fumée.

- Le four ! Le... Le four est éteint ?

Le plat que j'avais laissé dedans était sur la table et il était éteint. Je me suis tournée vers le canapé et ai posé mon regard sur les fées qui regardaient la télé.

- Et vous ne me dites rien vous ?
- Heureusement qu'on était là, dit froidement Yuki.
- Tes lasagnes auraient cramé, ajouta Natsu.
- Et tu n'aurais pas pu manger, termina tristement Amako.

Je lâchai un profond soupir avant de rire doucement.

- Merci les filles.

Grâce à elles, mes lasagnes étaient encore chaudes et ma pause déjeuner n'avait aucun retard important. Je m'assis doucement sur une chaise et pris une fourchette du tiroir. Je plantai doucement celle-ci dans mon plat et me mis à les manger en regardant par la fenêtre. Il était déjà une heure de l'après-midi et dans moins de vingt-quatre heures, nous allions prendre l'avion. Et plus le temps s'effaçait, plus je stressais. Il me fallait de l'activité. Je voulais faire des choses, bouger pour ne pas penser à tout ce que j'allais devoir gérer en étant avec Fumijiro, dans l'avion, dans l'aéroport, à la gare, dans le taxi, et tout ça sans l'intervention des fées. J'allais me sentir si seule et si mal à l'aise. Mais heureusement pour moi, Fumiji avait bonne mine aujourd'hui et ne semblait pas vouloir quitter son sourire.

- Coucou Fume, tu peux me passer un verre d'eau s'il te plait ?

En pensant au loup, il était entré, torse nu, transpirant après un footing de près d'une heure et demi. Attendez, torse nu ?! Mes joues se tintèrent de rouge au moment où mes yeux avaient perversement passé leur regard sur sa peau. Il avait un torse musclé qui ne pardonnait pas. Il ne l'était ni trop, ni pas assez. Mais il était bien loin de ceux que je voyais dans ces dramas asiatiques. Ou alors cette pensée servait juste à me rassurer sur le fait que je le trouve peut-être beau. Peut-être. Mes yeux quittèrent cette vue bien que plaisante avant de se prendre un verre et de le remplir doucement d'eau. Je lui tendis fébrilement sans le regarder.

- T-tiens.
- Merci !

Et comme dans un accord, mon regard est revenu sur lui. Le voir boire était certes banal mais il restait quand même beau. Je secouais la tête pour m'enlever cette idée de l'esprit. Je devais vraiment finir de manger avant de retourner à mes affaires. Il reposa le verre dans le lavabo et il tapota ma tête de sa large paume avant d'aller sous la douche. Je devais contrôler mes pensées et rester concentrée. J'avais l'impression que tout se passait bien trop bien pour que ça soit vrai. Fumijiro était aux anges, prêt à embarquer pour une nouvelle vie. Il n'avait pas l'air préoccupé. Malgré moi, mes pupilles étaient restées fixées à la porte de la douche pendant que je pensais à lui. Est-ce que ce n'était qu'une image ou est-ce qu'il était vraiment des plus détendus ? Instinctivement, après avoir fait ma vaisselle, je me suis levée et me suis dirigée vers la porte de la salle de bain. Au moment où je venais d'arriver face à celle-ci, Fumijiro en sortit, les cheveux mouillés et cachés d'une serviette qu'il utilisait pour les sécher. Mes joues rosirent à nouveau lorsqu'il retira la serviette, découvrant ses cheveux en bataille.

- Fume ? Un problème ?
- Le... L'eau chaude a... Peut-être du mal à... Est-ce que tout va bien Fumiji ?

Il rit doucement en souriant en coin et embrassa ma joue.

- Tu t'inquiètes ? Oui je vais bien ne t'en fais pas. A vrai dire, ta présence me rassure quant à ce voyage.

Et il partit boire à nouveau, l'air de rien, alors que moi je me tortillais sur place. Ma présence le rassure ? Il est donc heureux et souriant parce que je suis avec lui ? Toutes ces questions me remplissaient l'esprit de plus en plus vite mais une seule avait une réponse. Son humeur. Il était joyeux et serein avec moi. Grâce à ma simple présence, il souriait autant. Il avait réellement confiance en moi. Et soudain, une lumière éclaira mes pensées. Si cette confiance s'accroît, peut-être qu'un jour je pourrais lui dire ce qui lui arrive. Peut-être que je réussirai à lui dire calmement qu'il est habité par quelqu'un et que je veux le protéger. Je ne sais pas. Mais l'hypothèse reste. Peut-être que les fées ne seront pas toutes d'accord avec moi, mais peu importait. Le destin fera ce qu'il voudra de nous. Même si je souhaite le sauver, je ne cesse de leur répéter. Il est la seule personne que j'arrive à supporter en ce monde aussi longtemps mais surtout, le seul homme à qui je me sens de faire confiance.

Après m'être calmée, je suis retournée dans ma chambre en vitesse, le laissant se reposer un peu et déjeuner dehors. A l'instant où je suis entrée dans la pièce, le meuble en verre vide qui contenait mes appareils photo me donna une idée. Je sortis en courant pour rejoindre Fumijiro.

- Fumiji ! Est-ce que ça te dirait de sortir prendre l'air ? J'ai envie de rajouter quelques photos d'ici sur mon dossier et j'ai remarqué qu'il me manque plein d'ambiance à capturer. Et... Je n'ai jamais eu aucun modèle.
- C'est vrai que je n'ai vu que des paysages et des lieux. Je veux bien à condition que tu acceptes d'être en contrepartie mon modèle.
- T-ton modèle ?
- Ma muse pour mes écrits.
- Mais tu n'écris pas un roman ?
- Ce ne sont que mes premiers jets, des essais. Et si moi je t'inspire de belles photos alors je veux voir si j'arrive à m'inspirer de ton aura.

Il avait dit cette phrase en me souriant et en me regardant droit dans les yeux. Je lui rendis son sourire avant de passer ma main dans ses cheveux pour le décoiffer rapidement.

- Marché conclu !
- Eeeh !
- Aller, attends moi dehors je vais nous ramener nos sacs ! Et je vais nous prendre un goûter !

Je le laissai ainsi seul dans le salon en allant chercher nos sacs, choisir un appareil et lui prendre son carnet et son stylo. Après qu'il soit sorti, je pris des croissants, des tablettes de chocolat et des onigiris avec deux bouteilles de Ramune. Je mis le sac sur mon dos et sortis en souriant aux fées derrière moi qui me regardaient toutes l'air choquées.

- Et bien quoi ? Je passe du temps avec mon ami, rien de plus !

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 06, 2021 ⏰

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