Le camarade

Nemesis

Le dénommé Lewis était chevalier de la même académie, de la même promotion, de la même classe que Clark. Tout le monde se souvenait de lui, de son honneur si facilement offensé, de son ego démesuré et surtout, surtout, de son envie d'être le meilleur. Mais Alexander existait. Il lui montrait  qu'il ne sera jamais le meilleur ni physiquement ni intellectuellement. Sa droiture et sa discipline faisaient sa force. Aucune faille n'était détectable chez cet homme. Mais malgré ça, Joshua Lewis n'a jamais cessé de le provoquer, espérant toujours le surpasser sans jamais y parvenir. Aujourd'hui ne faisait pas exception.

- Encore un duel ?

Clark n'était ni amusé, ni même impliqué dans l'incessante demande de son ancien camarade. Il regarda le ciel avant de voir l'autre chevalier tirer son épée devant l'admiration de la foule et les cris des demoiselles. Joshua Lewis fit un tour devant les gens, collectant l'approbation des badauds au passage.

- Tu ne refuserais pas, si ? Tout le monde veut voir le combat où le Grand Alexander Clark sera vaincu par moi ! Pas vrai ?

Tous l'acclamèrent. Il se retourna confiant vers lui. La clameur montait encore et encore. Pourtant, sans un regard pour personne, le chevalier commença à mettre le convoi en marche. Raynold dirigea son cheval devant celui d'Alexander. Il fronça les sourcils en voyant Lewis se pavaner devant la foule.

- Vous n'allez tout de même pas refuser, Clark ?

Le négociant croisa furtivement son regard froid et déterminé. Pour lui son choix était déjà fait.

- Oh que oui. Je lui ai montré trop de fois qu'il m'est inférieur. S'il n'en pas eu assez c'est son problème. En route maintenant !

- Moi j'ai envie de voir ce fanfaron se faire humilier. Chez moi aucun chevalier qui se respecte ne refuserait un duel.

Clark se retourna un court moment pour maîtriser son envie d'arracher les yeux de l'égocentrique marchand.

- Vous n'êtes pas chez vous ! Et je ne veux pas combattre ! Il y a trop de monde sur cette place et je connais trop bien les ruses de Lewis. Je sais que ça va déraper.

- Je ne vous payerai pas tant que vous n'aurez pas écrasé ce moustique.

Sans plus de discussion Raynold fit tourner son pauvre cheval vers la foule et son meneur. Il lança alors à Lewis :

- Il accepte. Et j'espère que vous vivrez aujourd'hui votre plus belle humiliation !

Raynold se retourna vers Clark sous les cris de joie de la foule. Le chevalier passa à côté de son employeur et vers son adversaire. Il tira son épée et se mit en garde.