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Voilà une semaine que je suis sans nouvelles de Phoebe.

Et aucun jour ne passe sans que je me demande : Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ? Quand je lui ai parlé de mes intentions par rapport au poste de photographe, j'ai tenté d'être convaincante. Je n'étais pas sûre de retenir son intérêt, mais elle m'a promis d'y jeter un coup d'œil. Alors, je sais qu'un job ne se gagne pas en un jour, mais je n'arrive pas à m'empêcher de stresser. Et culpabiliser.

Après tout, je ne connais même pas vraiment Phoebe. On n'est pas censé être fan, ou au moins suivre ardemment le travail de quelqu'un avant de se proposer pour photographier sa marque ? Je ne sais même pas de quoi il s'agit. Oui, de maquillage, mais c'est tout.

Quand Dean est revenu de sa convention et que je lui ai expliqué ce que j'avais fait, il n'avait pas l'air de comprendre pourquoi je stressais à ce point. Au lieu de se moquer, il m'avait dit être fier de moi pour avoir saisi cette opportunité.

« Que tu sois prise ou pas, ce n'est pas ça qui compte. Au moins, tu as essayé » M'avait-il dit.

Et au fond, il avait raison. Mais j'avais toujours cette anxiété qui me faisait regretter tous mes choix à peu près courageux. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser : Elle doit sûrement recevoir des centaines de messages de fans lui demandant de participer dans la collection. Comment ai-je pu croire que moi, une fille banale, qui lui avait servi des cupcakes dans un café, allait être prise ?

Cette dernière semaine, à part pour faire des courses ou travailler au café, je suis restée enfermée à l'intérieur, l'esprit plongé dans ces maudites pensées. Je m'empiffrais de glaces, et d'à peu près tout ce que je pouvais trouver pour atténuer mon angoisse. Parfois, je regardais des séries avec Dean. Les rares fois où je jouais un peu avec, j'abandonnais vite. J'avais déjà assez de stress comme ça, pas besoin d'en ajouter une dose avec mon coloc qui me criait dessus dès que je me trompais.

Pas de ma faute si la manette déconne.

Heureusement, aujourd'hui est un beau jour. Eh oui, je revois enfin Miranda pour notre célèbre apéro ragot. J'en avais grandement besoin. Même si elle est à présent mariée, rien ne peut nous empêcher de continuer notre tradition. Elle était rentrée jeudi matin de son voyage de noces et s'était reposée assez pour être en forme ce soir. Elle souffrait encore du jet lag, mais c'était sûr qu'elle n'allait pas avoir de problème pour s'en dormir. On papotait parfois jusqu'aux petites heures du matin, avec nos cocktails et nos snacks préférés. Rien que d'y penser, un sourire vient se planter sur mes lèvres. Je n'avais pas réalisé à quel point elle m'avait manqué.

- Je crois que c'est la première fois que je te vois sourire de la semaine. J'avais oublié à quoi ça ressemblait, tu sais ?

Dean me sort de mes pensées positives si brutalement que je le fusille du regard. Je me sens mal pour lui, de devoir être là constamment pour moi ces temps-ci. Mais je n'ai pas besoin qu'il me culpabilise encore plus.

- Rolala, Gwenn, je rigole. Il s'approche de moi et m'ébouriffe les cheveux. Enfin, un peu.

- Reste loin de moi, espèce de sorcier ! Lui rétorqué-je d'un ton faussement menaçant.

- Sorcier ? Moi ? Dit-il surpris avant de changer d'expression, l'air dragueur. Tu dis ça parce que je t'ai jeté un sort ?

Je lève les yeux en l'air et lui sourit, ce qui le relance.

- J'ai vu juste, la preuve, tu as souris deux fois d'affilée. Un exploit !

Comme réponse, je lui donne un coup de coude. Il émet un gémissement de douleur. Tant mieux, il l'a bien mérité. À travers ses lunettes, ses yeux bleus me transpercent d'éclairs.

L'amour est une roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant