L'amour est une rose

3.

Une fois les festivités finies, la vie reprend son cours. Lundi, donc deux jours après leur mariage, Miranda et Matthew sont partis en voyage de noce au Mexique, pour un peu plus d'une semaine. Chaque fois que ma meilleure amie évoquait ce voyage, ses yeux pétillaient de joie. Bien qu'elle soit désormais habituée à la vie dans notre petite ville de Chester, le Mexique occupera toujours une place importante dans son cœur. Après tout, on n'oublie jamais son pays d'origine. Malheureusement pour elle, dû aux aléas de la vie, elle n'avait jamais eu l'occasion d'y retourner.

Elle me manque énormément, c'est sûr, mais au moins je suis heureuse pour elle. Dès que je reçois une photo de leurs aventures, l'excitation s'empare de moi. Cela me donne l'impression d'assister à tout cela à ses côtés. Du coup, je tiens le coup. Après, on ne va pas se mentir : le plus dur n'est pas uniquement d'être éloignée d'elle, mais de devoir se replonger dans la routine quotidienne.

Je déverrouille l'écran de mon smartphone afin de regarder l'heure. 9h30. Au fond, je n'ai qu'une envie, celle de me rendormir. La nuit dernière, j'ai mis du temps avant de me réfugier dans les bras de Morphée. Pourquoi ? Et bien une nouvelle fois, je n'ai pu me résoudre à quitter Netflix. J'étais trop plongée dans ma série du moment, Lucifer.

En même temps, comment réussir à détacher son regard de Tom Ellis ?

Quand je me suis enfin décidée à dormir, les cris de rage de mon cher colocataire qui jouait très probablement à League of Legends ont prolongés mon éveil. Rien que d'y penser, un soupir s'échappe de ma bouche. Je me retourne dans mon lit, hésitant entre profiter encore un peu du calme ou me lever.

Si j'avais le choix je resterais dans mon nid douillet. Mais malheureusement pour moi, une journée chargée m'attend. À dépit d'avoir mon propre studio, il m'arrive d'assister le photographe Oliver Merrill dans la préparation de ses shootings. Évidemment, c'est lui qui gagne toute la gloire, mais au moins ça m'aide à exercer ma passion d'une manière ou d'une autre. En tout cas, c'est ce que j'essaie de me dire.

Bon allez Gwenn, bouge-toi. Quand il faut, il faut.

Je pousse un dernier soupir et sors de mon lit en traînant les pieds. Je tire les rideaux pour faire en sorte que le soleil donne un peu d'âme à la pièce. Quand je m'attarde sur la disposition et la décoration de ma chambre, je me sens enfermée. Le fait d'ouvrir les fenêtres et de laisser l'air l'envahir m'aide à y donner une sensation de grandeur. Pourtant, à part quelques photos accrochées sur les murs, mon lit, un dressing et un miroir, il n'y a rien. Lorsque j'ai quitté la maison familiale il y a un an pour vivre avec Dean, j'étais remplie de fierté. À 23 ans, il était temps de prendre mon envol. Maintenant que je vois la réalité avec plus de recul, j'avoue avoir désenchanté. C'est un petit appartement miteux que malgré tout j'ai appris à apprécier.

Une fois sortie de mes pensées, je quitte la pièce et me dirige dans la cuisine pour me préparer mon petit déjeuner. Chaque matin, je mange un bol de céréales et bois un thé. On ne va pas se mentir, je n'ai jamais compris les personnes qui se préparaient des repas de folie le matin. Comment font-ils pour avoir toute cette énergie ?

Une fois le tout préparé, je le dépose sur la table et vais m'asseoir. Comme chaque matin, je regarde mon fil Instagram et vérifie si je n'ai pas de nouveaux messages. Bien que cela me coûte d'admettre que toute cette technologie me dépasse, je sais à quel point il est important de se former un réseau si on veut se faire remarquer dans le milieu de la photo. Alors, je m'efforce de faire quelque chose de présentable et d'y être assez active.

- Guten Morgen ! S'élance la voix de mon colocataire à mes côtés. Je lève les yeux et grommelle un son comme simple réponse. Pas beaucoup dormi de ce que je vois ? Surenchérit-il, voyant mon absence de réaction.