Je suis arrivée au studio avec un retard de quinze minutes. Au début, Oliver me râlait dessus et me faisait la morale. Ce n'était pas une grande surprise. Être photographe assistante signifie s'occuper de l'organisation du shooting et de sa préparation matérielle. Donc quand une assistante arrive en retard au shooting qu'elle a elle-même programmé, autant dire que ce n'est pas bien vu. Heureusement, la cliente avait elle aussi du retard. À ce moment-là, je me suis dit que ma journée avait peut-être simplement mal débuté. J'ai de nouveau commencé à croire en la chance. Or, je me suis royalement trompée.
Très vite, je me suis pris des remarques de la part d'Oliver. Il me disait que je ne faisais pas les choses correctement, il me demandait si j'avais écouté ses instructions. Évidemment que je les avais écoutées ! C'était lui qui voyait la petite bête dans tous mes faits et gestes. Ce n'était pas la première fois qu'il avait cette attitude passive-agressive avec moi. D'habitude, je laisse passer car j'ai du mal à dire non. Alors souvent j'encaisse, jusqu'à ce que je sois à ma limite et que je ne réussisse plus à contrôler mes mots.
C'est pourquoi actuellement j'essaie de faire de mon mieux. Je pourrais très bien lui dire qu'il dépasse les bornes et qu'il n'a pas à me parler sur ce ton, mais je préfère éviter le conflit. Je me fais la plus petite possible et j'acquiesce dès qu'il me demande quelque chose. Heureusement, lorsque la cliente est arrivée, il s'est tout de suite calmé. Non seulement je tiens à mon job, mais aussi je ne souhaite pas trop brusquer la cliente. En effet, elle est très timide et de ce que j'ai compris, celle-ci s'est décidée à sauter le pas et faire ce shooting dans un but professionnel. Alors autant ne pas lui rajouter une impression de malaise...
De par son motif, la séance n'a pas requis des moyens complexes. La maquilleuse avait opté pour un makeup léger, dans le but d'affiner ses traits et donner plus de luminosité à son visage. Le plus difficile avait été de lui apprendre à poser. Ne pas se tenir trop droite, ne pas avoir l'air trop stricte mais plus naturelle... Et oui, la photographie est un art. J'ai tenté de faire de mon mieux pour lui expliquer. Maintenant qu'elle maîtrise ces techniques, tout se passe de manière plus fluide.
Actuellement, mon rôle est de créer un jeu de lumières pour que le compte rendu final soit parfait. Dit ainsi, ça a l'air tout bête mais mine de rien ça demande une certaine maîtrise, laquelle vient avec l'expérience. Je me retiens de laisser un soupir s'échapper. J'aimerais tellement ne plus avoir à faire ça mais aller plus loin... Devenir une vraie pro ! Malheureusement, il faut se faire un nom si on veut avoir du succès. C'est comme ça que ça fonctionne de nos jours. Je suis tellement enfouie dans mes pensées que je n'entends pas Oliver m'appeler. Lorsqu'il hausse le ton, je sors enfin de mon monde.
- Qu'y a-t-il ? Demandé-je.
Je vois l'agacement dans ses yeux et je sais qu'il veut me réprimander, mais il ne fait rien. Au lieu de cela, il me dit simplement de rester concentrée. Il ne veut pas laisser la tension s'installer sur le plateau pour ne pas avoir de soucis avec le client. Je me sens mal à l'aise de le mettre dans cette position : je ne sais pas ce que j'ai aujourd'hui mais décidément, ce n'est pas ma journée. J'ai du mal à me concentrer et à m'y mettre sérieusement. Heureusement, demain est un nouveau jour et je sais que je ferai mieux la prochaine fois.
Les heures passent et le shooting touche à sa fin. Après ces quelques incidents matinaux, je tente de m'appliquer du mieux que je peux pour ne pas pousser mon patron à bout. Celui-ci reste assez silencieux envers moi, mais souriant envers la cliente. Nous lui expliquons qu'elle recevra un mail lorsque les photos seront prêtes et la saluons lorsqu'elle part. Je regarde l'heure : 17 heures. Je m'occupe de ranger les matériaux utilisés pour le shooting à leur place lorsque Oliver vient à mes côtés.
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L'amour est une rose
Romance[Update tous les mercredis] « L'amour est une rose, chaque pétale une illusion, chaque épine une réalité. » Charles Baudelaire. Gwenn est une jeune anglaise ayant du mal à s'y retrouver dans sa vie. En effet, à 24 ans, elle n'a jamais eu de relatio...