L'amour est une rose

9.

CHAPITRE 9

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été contrainte à travailler pour gagner ma vie. Adolescente, je n'aimais pas être un poids pour mes parents qui vivaient déjà de manière assez modeste. J'ai enchaîné les jobs avant d'en trouver un plus fixe, au café, et de me prendre un appartement avec Dean. Ainsi, on pourrait dire que je suis plutôt habituée aux périodes d'essai dans les nouveaux boulots. Pourtant, cette fois-ci, je me sens beaucoup plus anxieuse que d'habitude. J'essaie de me rassurer en me disant que c'est normal, qu'il s'agit de la plus grosse opportunité qui m'a été offerte jusqu'à présent. Au fond de moi, je sais que ce n'est pas à cause de « quelque chose », mais plutôt à cause de « quelqu'un ». Apprendre qu'Elliot allait devenir d'une certaine manière mon patron semblait si irréel... Il faudra mettre mes sentiments naissants de côté pour ne pas me laisser déconcentrer. Je ne peux pas me permettre d'échouer une seconde fois, encore moins après avoir été virée pour mon manque d'attention.

Aujourd'hui commence officiellement ma première journée. Je ne sais pas si je m'habituerai un jour à me lever aussi tôt pour prendre le train jusque Londres, mais je n'ai pas le choix. Au fond, même si le stress et la fatigue sont présents, l'excitation prend le dessus. Je suis heureuse de savoir que je vais enfin pouvoir vivre de ma passion et montrer ce que je vaux. J'entre dans le bâtiment en arborant un grand sourire. Je me dirige à l'accueil et retrouve la femme qui s'était occupée de moi la dernière fois.

- Bonjour ! Je suis Gwenn Riley, photographe attitrée de Phoebe.

- Bonjour, je préviens l'équipe que vous êtes là. Me répond-elle en faisant aller ses doigts sur son clavier.

En attendant, je me contemple dans les miroirs situés au-dessus du bureau. J'ai tenté d'effacer mon teint terne avec du maquillage. N'étant pas très douée dans le domaine, j'en ai mis juste assez pour redonner suffisamment d'éclat à ma peau. J'ai également bouclé mes cheveux afin de leur donner un air à la fois élégant et maîtrisé. Pour une fois, je me trouve plutôt jolie. Les jours qui ont suivi mon entretien, j'ai cherché sur Internet comment assurer à son nouveau travail. J'ai lu comme conseil que se sentir belle peut aider à renforcer sa confiance en soi, ce dont j'ai gravement besoin. Est-ce que ça aide vraiment ? Je ne sais pas, mais autant essayer.

- Excusez-moi ?

La femme devant moi me sort de ma contemplation. Je rougis légèrement, gênée d'avoir été prise sur le fait. J'espère qu'elle ne pense pas que je suis narcissique.

- Oui ?

- Vous pouvez monter, on vous attend au studio. Viola m'a dit que vous devriez savoir où c'est.

Les souvenirs du studio me reviennent dans la tête. Au lieu de penser à la grandeur de mon nouveau lieu de travail, je repense au regard d'Elliot dans cette pièce, et cela suffit pour que mon rougissement se diffuse. Je tente de reprendre mes esprits en me dirigeant vers l'ascenseur. Je tire mon sac rempli de matériels que j'ai considéré utiles pour le shooting et m'engouffre dans la cage d'ascenseur. Si je me souviens bien, c'est au 2ème étage. J'appuie sur le bouton et attends quelques secondes avant d'en sortir. Dès que les portes s'ouvrent, j'avance vers le studio et remarque la présence de plusieurs personnes dans la pièce.

Fais une bonne impression et surtout, ne parle pas trop.

Je reconnais tout de suite Elliot en train de parler à Viola. Je remarque aussi Phoebe, assise sur une chaise, entourée par deux femmes que je ne connais pas. Je reste à l'entrée, ne sachant comment m'imposer et montrer que je suis arrivée. Heureusement pour moi, à peine quelques secondes après mon arrivée, le contact visuel se fait avec Phoebe. Celle-ci s'avance aussitôt vers moi, à moitié maquillée, un sourire aux lèvres.