J'avais vu juste. Le lendemain de cette sortie improvisée, je me suis tapée une gueule de bois intense. Je n'avais pourtant pas bu énormément d'alcool, seulement quelques cocktails, mais c'est à croire que mon corps me voulait du mal. J'ai souffert d'une forte migraine et ai mangé le strict minimum pour ne pas tout recracher dans les toilettes, ce qui a fonctionné. Malgré cela, prendre un peu de temps pour moi m'a fait du bien. J'ai passé la journée à regarder Lucifer sous la couette, avalant du Neurofen pour faire partir la douleur. Par chance, je n'ai pas dû travailler ce jour-là comparé au pauvre Dean qui se consacrait corps et âme aux dernières commissions vu qu'il partait le soir pour Leicester. En effet, lui et quelques amis participaient à une convention appelée Alcon, un mix d'anime et de comics qui s'y déroulait chaque année. Il devait partir la veille au soir car celui-ci y exposait le samedi en tant qu'artiste. Il n'arrêtait pas d'en parler, à la fois heureux et anxieux face à l'opportunité que cela représentait. Je faisais de mon mieux pour le rassurer même si au fond je savais que tout allait bien se passer.
En me réveillant ce matin, je pense à Dean qui doit être dans tous ses états étant donné que c'est pour lui le jour-J. Je ne lui envoie pas de message pour ne pas le déranger et surtout car j'ai la tête dans le sac. L'illusion de repos est finie, me voilà de retour à la vie active pour une longue journée qui s'annonce éprouvante au Cupcakes in Wonderland. D'habitude, le samedi je travaille avec Dean, ce qui rend le tout un peu plus supportable mais aujourd'hui est une exception vu la convention. Pour couronner le tout, je me souviens que je vais devoir préparer la salle car le café organise un meetup. Je ne connais pas plus de détails ou du moins je ne me souviens pas de tout mais une chose est sûre, je n'ai pas hâte.
Je me rends au boulot d'abord en traînant les pieds, la fatigue pesant plus qu'autre chose sur le moral. En même temps, paradoxalement, je me sens portée par une étrange motivation. Maintenant que j'ai tout fait foiré à mon job avec Oliver, je dois absolument remonter le niveau et ne plus me laisser aller. J'essaie de me répéter cette phrase en boucle, songeant qu'à force de me le dire, je vais agir en conséquence. J'arrive donc à mon lieu de travail avec un grand sourire -un peu forcé pour le coup- et dit bonjour à tout le monde. Mon patron se retourne et me considère de manière étrange, presque hilare.
- Gwenn ? Est-ce bien toi ? Tu sembles bien matinale.
Mentalement, je me donne trois claques. Génial ! Voici l'impression que tu donnes à tes patrons. Après tu t'étonnes qu'Oliver t'ait virée ? Je foudroie cette voix pesante dans ma tête et redouble mon sourire en répliquant aussitôt.
- Et oui, car le changement c'est maintenant !
- Cette mentalité me plaît ! Surtout vu la journée qui vous attend.
Je rejoins les autres serveurs qui ont déjà enfilé leur tablier. Nous sommes trois, ce qui est amplement assez pour gérer la situation derrière cet étroit comptoir. Julia est la plus âgée parmi nous. C'est une jeune mère qui travaille pour subvenir aux besoins de son bébé. Elle est très patiente et a de l'expérience dans le domaine ce qui est rassurant au cas où la pression se ferait trop forte. Je considère avoir moi-même une certaine expérience en tant que serveuse mais je n'irai pas jusqu'à me comparer à elle. Pour finir, il y a John qui nous a rejoint il y a quelques semaines. Il est un peu timide sur les bords mais il fait bien son boulot et c'est ce qui nous importe le plus. Notre patron, Thomas Gower, est présent aujourd'hui non seulement pour nous donner toutes les indications, mais surtout pour nous représenter au cas où il y a un quelconque soucis. C'est un homme strict quand il le faut, mais tout à fait correct.
Je me plains souvent de ce job même si au fond tout se passe bien. Je suis entourée d'une bonne équipe, parfois même je travaille avec mon propre coloc, et en plus de cela j'ai un patron qui ne dénigre pas ses employés. Je n'ai donc pas une véritable bonne raison pour me lamenter hormis le fait que j'aimerais exercer le métier de mes rêves et non plus devoir dépendre de ce boulot-ci, mais bon.
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L'amour est une rose
Romantizm[Update tous les mercredis] « L'amour est une rose, chaque pétale une illusion, chaque épine une réalité. » Charles Baudelaire. Gwenn est une jeune anglaise ayant du mal à s'y retrouver dans sa vie. En effet, à 24 ans, elle n'a jamais eu de relatio...