Chapitre IV: Don't Cry (Partie II)

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La circulation étant fluide, j'arrive à l'hôtel en moins de dix minutes. Sans surprise, plusieurs voitures de police stationnent déjà devant quand je me gare un peu plus loin. J'ouvre ma portière pour sortir. Le calme de la rue me saisit alors quand je traverse pour rejoindre le trottoir d'en face. L'ambiance me parait presque surnaturelle, irréelle. Je frisonne avant de me secouer mentalement. Sérieusement, j'ai quel âge pour avoir peur d'une ruelle car elle est sombre et silencieuse ? N'importe quoi... 

Je m'approche de la façade. Plutôt sobre, blanche, détonante dans l'obscurité de la nuit, avec seulement le nom de l'hôtel d'allumé. Je parcours le mur du regard. Les fenêtres du premier étage sont trop hautes pour être atteinte facilement. Il faudrait tout un matériel, autrement dit le truc méga-discret dans une avenue fréquentée. La seule fenêtre vient du troisième, certainement la chambre de notre victime car les autres clients ont dû être réorientés. 

Bien que pressée de rentrer, je prends le temps de longer le mur d'entré sans le toucher pour ne pas retirer d'éventuelles empreintes. Rien. Aucune émotion. Enfin aucune ne se démarquant des sentiments banals qu'une personne lambda ressent. Encore moins susceptible de caractériser un meurtrier.  Ca peut vouloir dire plusieurs choses, certaines me dérangeant plus que d'autres. 

1) Le tueur n'est pas entré par ici (et donc la question suivante serait naturellement par où est-il passé ? Certainement pas par le toit à moins qu'il n'y soit allé en volant ou en hélico -méga discret encore une fois...) 

2) Il s'agit bien d'un suicide et donc il n'y a aucun meurtrier en jeu ( mais je n'y crois toujours pas) 

3) L'assassin n'a rien ressenti en passant ici 

Je balaie la rue du regard mais encore une fois, rien ne me saute aux yeux. Quelque peu déçue bien que peu surprise, je pénètre à l'intérieur. Aucun changement notable, le hall d'entrée et de réception est toujours aussi banal. Pas forcément luxueux mais pas miteux pour autant, l'agencement est organisé et aéré. Les quelques plantes donnent une bouffée de lumière très agréable. Je me dirige vers les escaliers au moment où, du coin de l'œil, je vois le lieutenant Ahora sortir du -si je me rappelle bien- bureau du directeur, un ordi à la main. 

Je redescends et le rejoins en quelques pas. 

- Salut, du nouveau ou comme les autres fois ? demandé-je. 

L'homme tourne la tête vers moi et je sais à cet instant que j'aurais mieux fait de monter directement. Il y a deux catégories d'officiers de police dans l'équipe de mon père. Ceux qui tolère ma présence et ceux qui montre ouvertement leur désapprobation. Selon eux, une jeune fille de 19 ans ne devrait pas passer ces week-end et soirées sur des scènes de crime et dans des salles d'interrogatoire. Ils refusent de voir que personne ne m'y oblige. Que je suis là où je veux être. Et apparemment Ahora fait parti de cette dernière catégorie vu la réprobation qui l'entoure. 

- Bonjour Elana, que fais-tu ici ? 

Je viens danser la salsa pardi... 

- Oh moi ? Je me baladais dans le coin pour ma promenade digestive quand j'ai reconnu la voiture de mon père. Je suis donc venu voir de quoi il en retourne, répliqué-je en souriant. 

Le policier ne rétorque rien mais je vois dans ses yeux qu'il désapprouve mon comportement. 

- Rien de grave, ne t'inquiètes pas. Tu peux rentrer chez toi ou aller t'amuser. Le Batteur n'est pas loin, non ? Ma fille y est ce soir avec ses amis, tu devrais aller les retrouver.

Je soupire et hoche la tête. 

- Vous avez raison, la fête n'attend pas. 

Je le plante alors pour faire demi-tour et me diriger vers les escaliers. Je sens son désappointement sans même avoir besoin de voir son visage. J'esquisse un sourire et balance par dessus mon épaule à son attention sans me retourner. 

Heart's PrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant