Pour quelques instants entre ses bras

-11-N-

Après les examens, tout se passa  plus vite. 

Mei Li commence à préparer ses affaires. 

Elle allait quitter ses parents et ne reviendra que de temps en temps. 

Trop rarement. 

Ses affaires s'entassent dans ses sacs. 

Un samedi, elle partit visiter l'appartement que ses parents lui ont trouvé. 

Elle le meubla avec des meubles achetés d'occasion. 

Pas grand-chose, un lit, une table, 

De quoi faire un peu à manger. 

Et puis voilà. 

Le strict nécessaire. 

Elle est revenue le lendemain. 

A montré quelques clichés à Justine 

Et puis elles sont allées se promener dans la forêt, comme à leur habitude. 

Elles ont trainé autour du lac de l'autre côté du bois. 

Elles se sont assises sur quelques braches basses, parlant des grands génies. 

"Tu peux pas me dire que le carnet d'Or est moins bon que la guerre des chocolats! C'est une insulte à la mémoire de Doris Lessing!

-J'ai pas dit ça Juju, mais moi j'ai préféré la Guerre des Chocolats! 

-Pff c'est ton aspect gourmand ça.... 

-Mais qu'est-ce que t'es bête! " 

Ce genre d'échange était généralement achevé sur un baiser ou des rires. 

"Regarde Mei Li! " 

Parfois, Justine trouvait une lumière, un angle, des éléments que Mei Li photographiait, d'un angle un tout petit peu plus pointu, d'un décalage, d'un élément qui améliorait la photo, qui la rendait tellement belle qu'elle aurait pu être exposée dans une galerie d'artistes professionnel'le's . 

Mei Li montre à Justine les moments qu'elle adore dans l'histoire qu'elle a écrite. 

Justine les note, promet de ne pas les enlever. 

Elles refont le monde, parlent de politique, de poésie, de littérature. 

Et évidemment de photo

Justine emmène Mei Li 

Dans des petits paradis 

On entend le bruit, le "clic" de son appareil dans tous les recoins de la forêt. 

Un soir, elles font le mur

Elles sortent de leurs chambres, ouvrent discrètement les portes vitrées et les referment. 

Montent sur leurs bicyclettes, 

Et les voilà qui se retrouvent, dans un square, sous la lune. 

A s'embrasser comme si le temps n'existait plus. 

Dans le noir. 

Et puis elles remontent sur leurs montures, filent dans la campagne rasante. 

Entre les herbes folles, elles s'arrêtent

S'allongent sous le ciel bleu marine. 

Entre les lucioles et les papillons de nuit. 

Elles respirent l'air chaud, doux de ce début d'été. 

Il fait encore chaud. 

C'est un temps magnifique, même pour une nuit. 

Ses cheveux luisants d'éclats de lune, Mei Li se penche sur Justine. 

"Tu sais que t'es mon humaine préférée au monde? 

-Ah oui? Et tu sais que t'es aussi mon humaine préférée au monde?" 

Mei Li a un rire clair, et l'embrasse. 

Elles roulent dans les herbes folles. 

Elles sont bien, là. 

Alors elle font l'amour sous les étoiles. 

C'est magique. 

Comme un soleil qui se lève, une joie intense. 

Deux corps en mouvement. 

Deux corps qui ne font plus qu'un. 

Mei Li et Justine vivent chacune leur première expérience de l'Amour. 

Elles sont leurs premières fois. 

En quelques minutes, elles oublient tout. 

Les résultats des examens qui tomberont bientôt. 

Les coups qu'on a portés à Mei Li 

Leur séparation proche. 

Tout. 

Tout 

Tout. 

Elles restent dans l'herbe longtemps après. 

Le souffle court. 

Leurs yeux reflétant les magnifiques étoiles du ciel. 

Et puis elles voient les étoiles décliner.

La lune tourner. 

Elles remontent à bicyclette 

Elles se séparent au square. 

"Dis Mei Li, ta mère serait pas voleuse? 

-Non, pourquoi? 

-Parce qu'elle a pris toutes les étoiles du ciel et elle les a mises dans tes yeux 

-Nan tu te trompe de personne, c'est ta mère à toi qui a fait ça. 

-Pff... l'art de réduire mes disquettes au néant" fait semblant de s'exaspérer Justine. "Mais je t'aime quand même petite luciole" dit-elle en lui faisant un bisou.

Mei Li lui sourit, et puis elles se séparent.  

Elles rejoignent leurs maisons sous le clair de lune. 

Elles rangent le plus silencieusement leurs bicyclettes 

Elles se glissent dans leurs draps. 

Toutes habillées

Trop heureuses pour penser à autre chose que les interdits qu'elles viennent de franchir. 

Elles ne dorment pas. 

Elles rêvent