Chapitre 7 - Mis en cage

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Je suis complètement crevé. En train de marcher dans le couloir, je suis en avance de vingt minutes pour le cours de Sortilèges. Je veux être le premier en classe, afin de m'asseoir au fond et d'éviter le regard de Potter pendant l'heure qui suivra !

Alors je suis aussi surpris que furieux lorsque je l'aperçois de l'autre côté du couloir. Il devient aussi pâle qu'un fantôme. Je dois faire appel à toute ma volonté pour ne pas m'enfuir et pour rester calme.

-Que fais-tu ici ? je grommèle.

-Eh bien, je suis venu tôt pour m'asseoir au fond de la classe et pour ne pas avoir à te faire face... murmure-t-il. Exactement comme toi.

Sa réaction me perturbe. Il fixe le sol, ses yeux sont rouges et gonflés. Son expression est pleine de remords.

Se sent-il coupable ?

Je ne cille pas. Je croise lentement les bras pour ne pas lui montrer que mes mains tremblent. Je peux le faire. Je peux lui cacher le fait que ses réactions m'effraient, que sa simple existence dévaste la mienne toute entière.

-Que s'est-il passé la nuit dernière exactement ? je demande froidement.

Il continue à éviter mon regard. Il se gratte la tête.

-Apparemment... les Suppresseurs d'Odorat ne durent pas plus de douze heures. Je ne m'en suis pas rendu compte avant hier soir, mais l'effet du médicament s'estompe. Je me suis réveillé parce qu'ils ont cessé de fonctionner pendant mon sommeil... et mon premier instinct a été de te retrouver.

Il semble désemparé, tourmenté. Je serre les dents. Ne le laisse pas t'attendrir.

-Ne refais jamais ça, compris ? je siffle méchamment. Ou je t'éviscère.

Il déglutit et hoche piteusement la tête. J'essaie de garder un ton ferme.

-T'as intérêt à prendre tes foutus Suppresseurs d'Odorat deux fois par jour à partir de maintenant. Tu crois en être capable ? je ricane.

-Je le ferai.

Pas de moquerie, pas de dédain... Il me répond docilement, l'air coupable.

Il a toujours la tête baissée. Il se passe la main sur le visage, me dissimulant ses yeux. Il reste là, immobile... comme s'il était blessé. Comme si c'était lui la victime...

-Je suis désolé, Malefoy. Je suis... vraiment désolé...

Je m'avance, levant ma main dans sa direction, hésitant.

-Potter ? je dis d'une voix incertaine.

J'effleure son bras, il sursaute violemment et recule d'un bond. Je le dévisage avec surprise, il semble avoir... peur ?

-Je... je devrais y aller, il bégaie. Je... Hermione et Ron.. Je... ils...

Il a peur de ses propres réactions à mon égard.

Il s'enfuit.

Ce matin-là, il sèche le premier cours. Et celui d'après. En réalité il sera absent toute la journée...

~~~ ~~~ ~~~

Je me lève de la table des Serpentards et jette un coup d'œil à la table Gryffondor. Potter n'est pas là. Après notre conversation d'hier, il n'est pas réapparu. Aujourd'hui, il n'était pas en classe non plus, mais personne n'en a parlé en cours.

-Je dois aller chercher un livre à la bibliothèque. À plus tard.

Goyle et Pansy me saluent, je quitte la Grande Salle. En vérifiant que personne ne me suit, je me dirige vers l'infirmerie.

Potter se cache-t-il dans son dortoir, faisant semblant d'être malade ? A-t-il si peur que ça de perdre le contrôle ? Je me demande comment la situation va évoluer. Il ne peut pas sécher les cours le reste de l'année et m'éviter tout le temps. Il faut que ça change.

J'entre dans l'Infirmerie. Mme Pomfresh est penchée sur le lit d'un patient. Lorsqu'elle me remarque, elle me fait signe de la suivre dans son bureau.

Elle referme soigneusement la porte derrière nous.

-Je suis là pour les Inhibiteurs de Chaleurs, je lui dis. Elles vont commencer d'ici un jour ou deux, je pense.

-Bien sûr. Je les ai préparés. (Elle ouvre un tiroir et me donne une pochette.) Sept flacons. Prenez le première le jour où vous savez que vos chaleurs vont commencer. Faites attention aux effets secondaires : nausées, vertiges, maux de tête...

Je hoche la tête.

-Oui, je ne les connais que trop bien, je murmure.

Je prends la pochette et me mets à jouer avec, faisant tinter les flacons. L'infirmière me dévisage.

-Avez-vous besoin d'autre chose, M. Malefoy ?

Son ton n'est pas inquiet et son visage reste impassible, mais je sens de la sympathie dans sa voix. J'hésite, puis la regarde droit dans les yeux.

-Ça fait deux jours... Potter n'est pas venu en classe depuis deux jours. Je veux dire, je sais qu'il va bien mais... (Je déglutis.) Est-ce qu'il reste dans son dortoir afin de m'éviter ?

Elle continue à me fixer, son visage est sérieux. Elle semble peser le pour et le contre. Apparemment, elle considère que je mérite qu'on me fasse confiance, car elle me répond :

-M. Potter est venu me voir hier matin afin de demander à être placé en isolement. (J'écarquille les yeux. Quoi ?) Il était inflexible. Nous en avons discuté longuement avec la directrice. Il a été décidé qu'il serait enfermé dans le donjon.

-Excusez-moi : vous avez fait quoi ?!

-Lui, la directrice et moi avons décidé de l'enfermer dans le donjon, répète-t-elle. Nous ne pouvions pas le laisser dans son dortoir ou dans l'infirmerie, les autres étudiants auraient remarqué que quelque chose de bizarre se tramait. Ils auraient commencé à se poser des questions.

Je détourne le regard et me passe la main dans les cheveux. C'est de ma faute. C'est à cause de ce qui s'est passé l'autre nuit.

-Il... Il ne peut pas être enfermé pour toujours ! je m'écrie. Ce n'est pas un animal !

Ce n'est qu'une bête, il n'a aucun self-control !

Potter, tu es un animal. Un alpha, une bête enragée qui ne sait pas se contrôler.

Je me mords la langue.

-C'est juste pour une semaine, dit-elle.

-Mais même si c'est juste pour une semaine, il fait ça à cause de moi ! Il... (Je me fige, réalisant.) Mes chaleurs. Il fait ça parce que je vais avoir mes chaleurs, c'est ça ?

Elle me regarde gravement et acquiesce. Je me pince les lèvres.

-Que pouvez-vous faire pour lui ? je lui demande après une minute de silence.

-Je cherche encore des réponses. Mais il n'y a... aucun cas antérieur à sa situation et qui puisse nous renseigner.

Je suis trop troublé pour rester là, face à elle, je dois sortir. Je dois me débarrasser de la culpabilité que je commence à ressentir. Je fais volte-face et, alors que je suis sur le point de m'en aller, elle ajoute :

-M. Malefoy... Prenez bien soin de vous. Je suis là si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Je sors.

Drarry - OmégaverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant