Victory (En Cours)

18

-Adéyèmi ! Adéyèmi ! Où es-tu ? Viens par ici petite sotte m'entendis-je appelée par Madame.

C'était tout le temps pareil. Pour m'appeler elle usait toujours de qualificatifs plus dégradants les uns que les autres mais je n'y pouvais rien.

Elle débarqua dans la chambre où je tenais encore l'enveloppe en main sans frapper. Elle fonça sur moi et me gifla de toutes ses forces. J'en eus le tournis.

-Depuis que je t'appelle, tu ne réponds pas. Suis-je ton égale?
Madame a décroché le bac et se croit supérieure à moi.
Au lieu de faire tes tâches, tu restes dans la chambre à attendre qu'elles se fassent toutes seules.  Tu n'es rien , continua-t-elle d'un air dédaigneux. Tu m'entends ? Avec ou sans bac, tu n'es qu'une Souillon qui finira sur les trottoirs. Vociféra-t-elle.

-Pardon Madame. È man binou! je ne recommencerai pas dis-je en m'agenouillant et en joignant les mains en signe de prière.

Elle remarqua l'enveloppe que je tenais toujours et me l'arracha des mains.

-Qu'est-ce que c'est? De qui vient cette enveloppe ? Tu fais des cachotteries dans ma maison dit-elle en levant la main pour me baffer à nouveau.

-Non, non . Ce n'est pas ça, m'écriai-je  en levant les mains au ciel pour montrer mon innocence .C'est Kola qui me l'a apporté tout à l'heure disant que le directeur lui a demandé de me la remettre. Je ne sais même pas de quoi il s'agit.

Elle ouvrit l'enveloppe avec brusquerie et parcourut des yeux la feuille qu'elle contenait.
Elle écarquilla les yeux de surprise et  me jeta un regard assassin avant de sortir de la chambre en furie.

Je me relevai tant bien que mal, la joue encore endolorie par la gifle reçue et je m'empressai de faire mes travaux avant que ne se déchaîne une nouvelle fois sur moi le courroux de Madame.

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Le soir même passant devant le bureau de mon oncle, je surpris une conversation entre lui et sa femme. Ce n'est pas bien d'écouter aux portes je le sais mais je n'avais pas pu m'empêcher de tendre l'oreille d'autant plus qu'il était question de moi.

- Puisque je te dis que cette fille est une sorcière Akanni disait Madame. Comment peut-elle non seulement réussir au baccalauréat sans étudier mais réussir avec la mention bien?
En plus, elle a reçu une bourse d'étude pour l'Université Ahmadu Bello, la deuxième plus grande université africaine. C'est tout bonnement invraisemblable !
Regarde par toi même ajouta-t-elle en lui tendant l'enveloppe.
Après un temps de silence, il demanda:

- Elle sait pour la bourse?

-Non non. J'ai intercepté la lettre avant qu'elle ne puisse la lire.
Mais imagine un peu la honte dont elle va nous recouvrir si elle intégrait cette université pendant que Neyra a une mention passable et est loin d'intégrer une telle université.
J'entends déjà les gens jaser sur notre dos. Je ne veux pas être la risée du quartier.

- De toutes façons, on en a déjà beaucoup fait pour Adéyèmi dit mon oncle. On lui a permis d'aller à l'école jusqu'à avoir le baccalauréat. C'est déjà beaucoup. Elle n'a pas besoin d'études universitaires.

- Je suis d'accord avec toi pour une fois dit sa femme visiblement satisfaite. Elle s'occupera des travaux domestiques à plein temps jusqu'au moment où on lui trouvera un mari.

- Bien, ne parle pas de cette bourse à personne, surtout pas aux commères qui te servent d'amies.
Ne me regarde pas comme, nous savons tous les deux que tu as des difficultés à tenir ta langue.
Maintenant, j'ai à faire dit-il signifiant ainsi la fin de la discussion.

Je n'en croyais pas mes oreilles. Mon avenir avait été scellé en moins de cinq minutes. Je m'étais adossée au mur tellement j'étais sonnée par ce que je venais d'entendre. Je me ressaisis néanmoins et m'éloignai aussi vite que me permettaient mes jambes à l'entente des pas se rapprochant.

Je me réfugiai  dans un coin de la maison où personne ne me verrait et je me laissai tomber au sol tellement j'étais dépassée par ce que j'avais entendu. J'avais les oreilles qui bourdonnaient et le sang pulsait douloureusement à mes tempes m'empêchant de réfléchir. J'étais comme plongée dans un état second tellement le choc avait été rude.
Je ne sais combien de temps durant cette léthargie mais quand je retrouvai mes esprits on était à une heure avancée de la nuit.

Je me dépêchai de regagner ma chambre et après m'être débarbouillée je m'assis sur le lit pour réfléchir.
Je fis le point de la situation mentalement. J'avais reçu une bourse d'étude pour une grande université nigériane mais mon oncle et ma tante voulaient m'empêcher de continuer mes études en me séquestrant à temps plein dans la maison, ma maison dit une petite voix dans ma tête. Une rage monstre prit possession de moi. Comment pouvaient-ils décider à ma place ? Comment pouvaient-ils hypothéquer mon avenir pour des questions de convenance, pour du qu'en dira-t-on ? Après tout ce qu'ils m'avaient pris, ils allaient encore me voler mes chances de réussir et sacrifier des années de dur labeur pour finalement me marier de force à un vieux bedonnant certainement. Rien qu'à cette idée j'étais parcourue de frissons.
J'eus envie pour la première fois depuis le début de cette histoire de me rebeller contre cette situation, de dire ce que je pensais quoi que cela allait me coûter. Je me levai prise d'un accès de fièvre et voulus aller en découdre sur le champ avec mes tortionnaires mais je me ravisai aussitôt. Aller dire ce que je pense n'allait rien changer, cela allait plutôt empirer la situation.

Je me rassis pour réfléchir calmement et je souvins de la promesse faite à ma mère sur son lit de mort.

"Même lorsque je ne serai plus là je veux que tu reste forte et à la moindre occasion que tu trouveras enfuis toi loin de ce pays. Promets moi que tu t'enfuiras  au Bénin et que tu iras à cette adresse : Boulevard **** n°**** "avait-elle dit.

Il fallait que je tienne ma promesse vaille que vaille.
Il était temps de réfléchir à un plan d'action...
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Hello guys! Alors ça boume.
Nouveau chapitre en ligne.
Notre Yèmi se réveille enfin, elle était trop douce je trouve.
Maintenant place à l'action !
Ça va swinguer !!!
A très bientôt pour un nouveau chapitre et surtout commenter, voter et partager.
Stay safe!