Récit de Noël

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Leslumières de la ville scintillent du haut de cet immeuble de 5étages. En cette douce nuit d'hiver, les légers flocons de neigeflottent dans l'air et recouvrent le sol d'une fine couche blanche.L'atmosphère ambiante est apaisante malgré la basse température.De légères musiques de Noël raisonnent en fond sonore accompagnéesde bruits de voiture. En cette veille de Noël, le trafic ne désemplipas. On aperçoit même au loin les dernières personnes seprécipiter dans les magasins pour les derniers achats de Noël.

Etlà, appuyé à la rambarde, sur le toit de cet immeuble, une jeunefemme brune ce tiens là pour observer cette ville en pleineeffervescence.
Ces cheveux, sertis de deux tresses et noué pardes nœuds verts, sont parfaitement assortis à ses yeux couleursémeraude.
Elle a l'ai d'apprécier ce spectacle et semble plongeren pleine réflexion. C'est à peine si elle remarque quequelqu'un s'approche.

- La vue est toujours aussiépoustouflante, fit remarquer le nouvel arrivant.

La jeunefemme eu un léger sursaut, la sortant des méandres de sespensées.

- On ne s'en lasse pas, répondit-ellesimplement.

- Toutes les couleurs des illuminations de Noëlme rappellent les décorations de mon père. Il adorait décorer lejardin, quand j'étais gamin je passais des heures assis au milieu dujardin à ne rien faire. J'aimais tous simplement la présenceréconfortante de ces illuminations, continua le jeune homme ensoupirant.

- J'imagine pas la facture d'électricité, ria lajeune femme.

- Et le nombre de coup de froid que j'ai chopé àforce de rester dehors aussi, ajouta-t-il.

Les deux jeunesadultes riaient de bons cœur face à ces souvenirs nostalgique.

-Et toi ? Comment se passaient tes Noëls ? demanda le garçon.

-C'était les meilleurs moments. Étrangement au mois de décembre monpère arrêtait de boire. Alors je préférai Noël et tous ce moisplus que n'importes quels autres jours de l'année. N'importe queljour de ce mois devenu sacré pour moi était plus important que monpropre anniversaire, conclua la jeune fille.

- Il n'arrêtaitmême pas pour ton propre anniversaire ? s'offusqua le garçon.

Lajeune femme hocha négativement la tête, avant de continuer sonrécit :

- C'était presque pire aux anniversaires. Je ne saispas ce que ce mois avait en particulier. Je pense que c'est ses seulsbons souvenirs d'enfance à lui aussi. Tu sais, mon père a vécu enfoyer. Décembre et les fêtes c'était son occasion de revoir samère.

- Mais c'était pas trop dur à la fin du mois ? Desavoir que ça allait se terminer.

- Si. J'espérais toujoursque ce n'était pas qu'une phase et que le mois d'après et encore lesuivant il resterait aussi merveilleux qu'en décembre. Ce ne futjamais le cas. Alors je profitais au maximum d'avoir un père pendantcette période là. Je pouvais enfin présenter mon père à mesamis, jouer avec lui, plaisanter. En fait, c'est comme de la drogue,sur le moment tu es sur ton nuage, mais la chute est de plus en plusdur.

- Je parais ridicule à côté avec mon histoired'illumination.

- Oh ne t'excuse pas, je ne suis pas àplaindre. J'avais un père au moins un mois dans l'année, tous lemonde n'a pas cette chance. Et contrairement à beaucoup d'autresalcooliques, mon père a très rarement été violent. Je sais qu'aufinal j'ai eu beaucoup de chance. Et j'ai appris à m'en sortirseule.

- Mona, je sais que tu essaies d'être optimiste maisne dis pas que c'est de la chance.

-Avec le temps, la douleur s'atténue, commença la certaine Monaavant de fixer son regard dans les yeux du jeune homme. C'est lamanière que j'ai choisi de voir les choses. J'aurais pu sombrer dansle désespoir d'avoir un père comme lui, mais j'ai choisi de voirtout ce qu'il m'avait apporter. J'ai choisi de croire en la magie deNoël.

Le garçon ne dit pas un mot. Il ne fût qu'émerveillépar les yeux pétillants de cette jeune fille. Lui qui n'avait jamaisvécu d'événement malheureux il n'arrivait pas à comprendre.Comment une jeune femme qui avait vécu une enfance si douloureusepouvait se tenir devant lui avec un sourire aussi rayonnant ?

Mona,elle, le savait. Ce n'était pas un sourire factice ni des mensonges.Elle avait su choisir de voir le verre à moitié plein. Elle avaitpassé sa vie à faire ça. Passer 11 mois de l'année à attendre ce12eme mois. Aujourd'hui c'était son enfance ces 11 mois. Maisdésormais, elle restera à jamais dans ce mois de décembre éternel,à s'émerveiller devant le plus petit spectacle.

Et cette vueépoustouflante en était la preuve.

Recueil de motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant