Douce nuit de juin

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La lumière automatique de la terrasse s'éteint au bout de quelques secondes, et le noir complet vient accompagner ce nouveau silence. Enfin, complet, pas tout à fait. Des dizaines d'étoiles brillent dans ce ciel et accompagnent le souffle du vent entre nos discussions.

Les conversations reprennent doucement, mais je ne parviens même plus à me concentrer dessus. L'ambiance de début d'été, mêlé à un mélange d'odeur de tabac et de gazon mouillé me plongent dans un profond sentiment de satisfaction. Blottie dans mon pull, les conversations naissantes et la musique en fond sonore, je me revoie 9 mois plus tôt.

C'est comme retrouver un objet qu'on pensait perdue en sachant pertinemment qu'on allait bientôt devoir le jeter. Cet été qui débute a cet arrière gout amer, des retrouvailles pour mettre un point final à une spirale qui s'achève.

Il faut être réaliste, à combien d'entre eux je continuerai de parler dans quelques mois ?

Surement bien peu.

Et cet atmosphère de "one life" qui règne sur cet été de fin de lycée ne m'inspire rien de plus qu'un profond sentiment de crainte.

Comment espérer pouvoir se sentir dans un espace sain si toutes les personnes présentes ne pensent plus jamais te revoir ?

De toute façon c'est clair et net : j'ai plus muri en 6 mois qu'en bien longtemps. Ma perception de moi-même, de mon être, de mes envies, de mon corps, de mon âme, de mes projets s'affine de jour en jour.

Malgré le froid de ce début juin, je suis bien et apaisé. N'est présent ici que de bonnes personnes, qui préféreront toujours discuter, s'expliquer et poser des questions pour comprendre plutôt que d'écouter les vieux ragots et les suppositions infondés. 

Là est mon problème, je ne supporte plus cette accumulation de non-dits, de critique et de parole envoyés en l'air. 

Personne n'est parfait, loin de là, moi la première. Certaines paroles et certains de mes actes ont été mal interprété et j'en suis désolé, profondément. Ca a brisé des relations auxquelles je tenais, créer des conflits inutiles, et m'a fait ouvrir les yeux sur certaines personnes dont au fond j'aurais préféré continuer de percevoir cette belle illusion.

Mais je pense savoir me remettre en question quand il le faut, parfois même trop, et je rêverai que tout le monde sache en faire autant. 

- Je te sers un verre ?

- Oui je veux bien !

- T'étais partie loin là !

- Un petit peu ouais.

Mais il est temps de s'expliquer avec ceux qui ne sont plus honnête, et il est encore plus temps d'accepter que certaines relations ne méritent plus d'être entretenue. Plus à ce prix là.

Recueil de motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant