Chapitre 2 : RZ-400

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- Bonjour, ravi de faire votre connaissance, je suis l'androïde RZ-400. Je suis à votre service. Voulez-vous me donner un prénom ?

Debout au milieu de son salon, Asha venait d'allumer l'androïde et commençait déjà à le regretter.

- Un prénom ? Se questionna la jeune femme. On donne des prénoms aux êtres-vivants ! Aux animaux, aux humains, pourquoi en donnerais-je un à un tas de ferraille ?

- Hé bien, vous vous trompez sur ce point, à vrai dire, les humains nomment aussi des choses sans vie, comme les peluches par exemple.  Ajouta la machine.

- Je vois... Et l'option "grande gueule", c'est pour tous les androïdes ou c'est juste toi ?

-  Je suis un androïde dit "sociable". Je suis doté de nombreuses qualités sociables comme l'ironie, l'humour et...

L'androïde ne put finir sa phrase qu'Asha le coupa.

- Je ne veux pas savoir, merci !

-Très bien. Si vous ne voulez pas me donner de nom, vous pouvez tout simplement m'appeler par mon numéro de série, RZ-400.

- Voilà qui est simple et efficace ! Bon, sur ce, j'ai besoin que tu me laisses tranquille, il faut que je continue l'écriture de mon prochain roman.

- C'est compris. Alors que la jeune femme s'attendait à ce que l'androïde devienne enfin silencieux, il continua. Puis-je savoir sur quoi porte votre roman ?

- Non. Répondit sèchement la jeune femme.

Elle se retourna, attrapa son ordinateur et s'assit au fond du canapé tout en échappant un gros soupir.

- Que devrais-je faire en attendant ? Demanda la machine.

- Rien, reste silencieux, j'ai besoin de me concentrer !

RZ-400 acquiesça de la tête et resta immobile. Tellement immobile qu'on aurait pu croire qu'il ne respirait pas. À vrai dire, il ne respirait pas à proprement parler, car c'était une machine, et non un être humain. Mais pourtant, son torse se levait et s'abaissait mécaniquement comme pour simuler la respiration d'un être vivant. Il n'y avait pas que la reproduction de la respiration humaine qui était troublante chez lui. Même sa peau était parsemée de parfaits défauts, comme pour la rendre réelle. En plus de ses cheveux et sourcils qui paraissaient plus que réel, l'androïde possédait des grains de beauté, une peau parfaitement irrégulière et de légère cernes qui suffisaient à lui donner une apparence très humaine. Les seules choses, dans son apparence, qui pouvait le tromper, était bien évidement sa veste que seule les androïdes portaient, mais aussi, ses yeux. Asha ne savait pas comment l'expliquer... Mais elle voyait bien que ses yeux n'étaient pas vivants, qu'il ne pouvait pas exprimer la joie, l'amour, la tristesse... Elle voyait bien, avec ses yeux, qu'il n'était qu'une machine, incapable de ressentir de l'empathie.

       Après quelques minutes sans avoir écrit aucunes lignes, la jeune femme se releva soudainement vers l'androïde.

- Tu me stresses à rester debout sans rien faire ! Tu n'as donc aucune autonomie !? Trouve donc quelque chose à faire ou bien,  je vais te revendre plus tôt que prévu !

- Très bien. Répondu la machine en commençant à se déplacer dans le salon.

Les quelques pas de la machine durent satisfaire Asha, car elle se retourna et se rassit dans le canapé, cette fois-ci, sans laisser échapper de soupirs.

RZ-400 visita la maison d'un pas lent, il enregistra le placement des pièces et des objets. De temps à autre, il s'arrêta devant une fenêtre, et avec son regard vide, observa les oiseaux voler puis se pauser sur les arbres.       

Avant de retourner dans le salon, l'androïde passa une nouvelle fois devant la chambre d'Asha. Il se permit d'entrer, car, après tout, Asha ne lui avait pas interdit. Il s'approcha de la table de nuit et prit délicatement la photo qui y était déposée. Sur la photo, on pouvait y voir deux jeunes femmes, en train de s'embrasser, bagues aux doigts et sourires aux lèvres. L'androïde reconnu la femme à gauche, c'était Asha. Avec ses longs cheveux noirs épais, sa peau brune et ses sourcils bien fournit, il ne pouvait pas se tromper. La jeune femme à droite, quant à elle, il ne pouvait pas mettre de nom dessus et il n'y avait aucun signe d'elle dans la maison. Après un court moment de réflexions, la machine jugea qu'il était imprudent de poser la question à Asha, de peur de la froisser. Ce n'était pas par sympathie, car après tout, il n'en était pas doté, mais tout simplement, par respect... Enfin, si l'on peut dire qu'il en ressentait... Non ?

L'androïde Qui Avait Embrassé Une Morte.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant