Hasta siempre

Chapitre / 16 Saddie

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ALMA

Je m'ennuie dans ma chambre. Saddie vient juste de me quitter et je tourne déjà en rond. J'ai pourtant de quoi m'occuper ici, télévision, livres et tout le tralala. Mais, j'en ai assez de piétiner dans cette pièce, alors je décide de sortir, un peu d'air frais ne me fera pas de mal. Après trois jours d'enfermement, j'ai besoin de respirer et de marcher, je ne tiens plus, je n'aime pas rester là, à ne rien faire.

La nuit est claire, pas un nuage ne couvre les étoiles. C'est calme dans l'immense jardin de la résidence, mis à part les bruits de fond de la musique et les éclats de voix qui proviennent du QG. C'est la normalité, quasiment tous les soirs, il y a de l'ambiance de l'autre côté.

Je me souviens avec Saddie, souvent nous ouvrions la fenêtre et nous nous imaginions sur la piste de danse en train de nous déhancher comme le font les filles qu'ils invitent. Oui, c'est un peu la honte, je le conçois, mais on fait avec les moyens du bord. J'ai hâte de gagner mon indépendance, Sad et moi allons bientôt fêter nos 18 ans plus rien ne nous retiendra ! Ce sera les soirées non-stop !

La tête ailleurs, je me balade depuis maintenant quelques minutes, quand des gémissements atteignent mes oreilles. Je roule des yeux et souffle un grand coup en pensant intérieurement que c'est surement un gars de Juan, qui se tape une nana dehors. Je rumine avec peut-être une pointe de jalousie en me disant qu'ils pourraient aller faire leur affaire autre part que dans ce jardin !

C'est plus fort que moi, je sens l'irrésistible envie de m'approcher. Je n'ai jamais encore rien vécu avec un homme donc, je prétexte à ma conscience que d'aller zieuter deux minutes ne peut être que bon pour mon apprentissage. Ouais, d'accord ! Je suis curieuse, voilà ! Je souffle de ma bêtise. Je devrais m'en aller, faire demi-tour et rentrer dans ma chambre. Quand j'en arrive à ce stade, je suis déjà à me glisser derrière le dernier arbre qui me voile la scène, et en mode furtif, je jette un œil. Pourquoi tout d'un coup, j'ai mon ventre qui se tord ? Pourquoi, j'ai la nausée qui monte en flèche ? Pourquoi, j'agrippe tellement fort l'arbre que je peux y sentir la sève se coller sur mes doigts ? Parce que devant moi, ce n'est pas ce que je m'attendais de voir. Ça me déchire les entrailles, mes joues me brûlent et mes yeux me piquent. Dario, Cisco et une connasse, tous les trois en train de s'amuser ! Et je ne parle pas d'une partie de Monopoly...

J'ai mal et pourtant je n'arrive plus à décrocher mon regard de la scène. Cisco... Il est tellement beau... Si virile... Putain, j'ai envie de le claquer... En le voyant prendre cette blonde, je me surprends à vouloir être à sa place. À présent, mon cœur bat trop vite et la jalousie me bouffe tout entière. C'est une torture et moi, je suis là, plantée. Ils échangent leur rôle. Le spectacle m'attire et me dégoute en même temps. Je ne sais même plus comment réagir !

Les minutes s'écoulent et comme une masochiste, je reste appuyée contre le tronc et je mate. Ce n'est pas ce qu'ils font en soit qui me dérange, je dois l'avouer que c'est peut-être une expérience qui pourrait me tenter et vu les gémissements de la femme, ça donne plutôt envie. Non ! C'est les deux hommes que j'ai en face de moi qui me foutent la haine. Dario a quand même embrassé Saddie, merde ! Oui, je sais nous ne sommes pas dans un putain de conte de fées, mais ma Sad en pince beaucoup pour lui ! Et je devine dans quel état ça va la mettre. J'ai moi même les jambes coupé le bide retourné et une furieuse envie de hurler. Alors qu'entre moi et Cisco, il ne s'est jamais rien passé !

J'ai dû prendre trop mes aises quand les yeux de Dario se fixent aux miens. Je suis lâche et j'ai honte, alors que je n'ai rien fait, c'est le comble de l'histoire. Je ne dit rien et je m'enfuis au plus vite. J'entends la voix de Dario qui m'appelle, mais je ne me retourne pas, je continue ma route.