Chapitre 9 / Dario

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Je quitte le salon énervé, mais je crois que le mot n'est pas encore assez puissant pour décrire mon humeur. En prime, je me trimballe sous le bras un putain de colis avec des restes humains. On ne peut pas dire que la journée commence bien ! J'ai dû laisser Saddie seule avec ses interrogations et ça me rend dingue que son père n'ait pas encore pris le temps de discuter avec elle.

Mon cerveau est en ébullition, je n'ose même pas imaginer la réaction de Juan quand il va apprendre pour le colis. Toucher à ses hommes c'est une chose, mais toucher à sa fille en est une autre.

Je ne devrais sûrement pas, mais cette histoire me touche de près depuis que j'ai posé mes lèvres sur elle. Je me surprends à avoir la furieuse envie de torturer jusqu'à la mort le type qui a eu la merveilleuse idée de lui envoyer cette merde.

À partir d'aujourd'hui, je vais essayer de ne pas me tenir trop éloigner d'elle, ça va être difficile avec le boulot. Je ne peux pas m'opposer aux ordres du patron et je ne peux pas non plus lui avouer que j'ai embrassé sa fille hier soir dans la cuisine. À coup sûr, j'y laisserai ma vie. Une chose est sûre, personne ne touchera à un cheveu de Saddie.

Je me sens aussi coupable, j'ai manqué de vigilance, ce paquet n'aurait jamais dû tomber entre ses mains. Comment a-t-il pu atterrir sur la table du salon ? Je connais une partie de la réponse, mais inconsciemment, je la repousse depuis tout à l'heure, il va pourtant bien falloir l'accepter, car Juan lui, va directement mettre le doigt dessus.

À la réunion de samedi dernier, nous avons appris du nouveau sur les deux hommes retrouvés pendus en dessous du pont, ils venaient bien tous les deux de notre famille et agissaient en son nom. Comme des agents envoyés en infiltration, leur job consistait à prévenir Juan des événements importants pouvant nous mettre en danger. Quelques heures après la découverte des corps, le patron a reçu sur son portable, la photo, de nos deux frères. Mais plus exactement du symbole des De Los Rios gravé au couteau sur leur torse. Chez nous, quand on reçoit des photos de nos disparus, c'est considéré, comme une menace de mort.

Juan ne cherche pourtant pas à s'agrandir et en aucun cas à déclencher une guerre. Il voulait simplement surveiller ses arrières. Tant que personne vient l'emmerder, le boss reste tranquille. Jamais, il nous mettrait en danger pour des excuses minables. C'est bien pour ces raisons-là que je suis fier d'appartenir à ce clan. Il nous traite comme des êtres humains. Plus fort encore comme sa propre famille, pas comme du bétail, qu'on envoi à la mort et qu'on remplace le lendemain.

Je traverse le jardin au pas de course pour me rendre au QG avec Johan. Le crissement des cailloux sous nos semelles résonne sur notre passage. Quand Johan exaspéré s'arrête net derrière moi et m'interpelle.

— Oh Dario ! Ralentis le pas ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Me demande-t-il irrité.

Je me fige tout en soufflant, le regard perdu vers l'horizon. Agacé, je passe ma main sur mon crâne, je fais l'effort de me retourner. J'approche de son oreille, balaie des yeux les environs pour être certain de n'être entendu par personne.

— Devine ! Les mises à mort, le colis, je ne connais que trop bien ces actes de barbarie. Je n'ai vraiment pas envie de revivre toute cette merde ! Je ne sais pas ! Je ne sais plus ! Il y a toi aussi, Johan ! Ca fait des jours que tu fais la gueule. Je ne sais plus sur quel pied danser avec toi. Un coup ça va, un coup ça ne va pas. Je ne te reconnais plus en ce moment. Tu es distant avec moi, qu'est-ce qu'il se passe ? J'ai fait un truc que tu n'as pas aimé ? Ou bien, c'est l'approche de la date de la mort de tes parents ? Tu sais, tu peux tout me dire Johan.

Hasta siempreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant