Chapitre 8 / Saddie

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— Libérée ! Délivrée ! Chante Alma en sortant de la salle du cours de Maths.

— Arrête ! On va se faire remarquer avec toi, tu chantes comme une casserole, promets moi de ne jamais t'inscrire à The Voice, par pitié, dis-je en m'esclaffant.

Nous sommes vendredi fin d'après-midi, les cours viennent de se terminer. Bras dessus bras dessous, Alma et moi rentrons à la résidence, comme à notre habitude, nous passons le week-end ensemble. Faute de ne pouvoir sortir, j'ai la permission d'inviter quelques potes de mon lycée ce soir, pour regarder un film et manger des pizzas.

Après le lycée, un chauffeur nous escorte et nous conduit jusqu'à chez moi.

En ouvrant la porte d'entrée, je tends l'oreille pour détecter le moindre son. Que dalle, mon père est encore absent, comme il l'a été chaque jour de la semaine. Je me fais du souci pour lui, habituellement, il m'accompagne le matin ou vient même simplement prendre son petit-déjeuner avec moi. Je vais presque finir par regretter son défilé de bimbos. Rita m'a laissé un message, elle a fait les courses pour ce soir, nous avons donc rien à faire d'autre que nous préparer et traîner sur nos portables.

Allongées toutes les deux sur mon lit les yeux fixés au plafond, j'angoisse pour tout à l'heure. Mon père a bien voulu que j'organise ma soirée ici, mais en contrepartie, j'ai dû accepter la présence de deux gardes pour nous surveiller. Est-ce que j'ai envie de revoir Dario ? Je ne sais pas. Je ne vais pas me mentir. Cette semaine, j'ai beaucoup pensé à lui. Et c'est mal, très mal, une torture même. Chaque fois, que mes pensées divaguent vers lui, je stresse et j'ai mal au ventre. Il faut que je me l'enlève à tout prix de la tête. Oui, qu'est-ce qu'il ferait d'une fille comme moi ? Je ne suis pas dupe, la maison des gars à côté est toujours remplie de femmes, de vraies femmes. Il doit certainement bien s'amuser, alors pourquoi se compliquerait-il la vie avec moi ? Bla ... Bla ... Bla ... Arrête de trop penser Saddie !

J'avais oublié ! Mes invités vont devoir aussi se soumettre au détecteur de métaux. Je vais être obligée encore une fois de me creuser la cervelle pour dégoter une excuse bidon, merci papa !

Alma, silencieuse, elle est occupée sur son portable. Je décide de faire de même et en ouvrant Facebook, je reçois un message d'Aurélien. Je me précipite pour le lire. Un large sourire éclot et illumine mon visage et mes joues se réchauffent au moment d'en prendre connaissance. Il m'écrit simplement pour me dire qu'il arrive dans une demi-heure, avec ses potes. Oui Aurélien, l'Aurélien sur lequel je fantasme depuis bientôt deux ans. Capitaine de football du lycée et un corps à tomber.

Je me redresse sur le lit, avec le besoin de me confier à ma meilleure amie.

— Il faut que je couche avec un mec ! Déclaré-je à Alma sans réfléchir et sans lui laisser le temps de répliquer, je poursuis. Merde ! Je vais avoir 18 ans dans quelques mois Al, mon père est l'homme le plus craint de Madrid et va savoir de l'Espagne peut-être, j'en sais rien ! Et moi, je suis vierge ! Vierge ! Je vais bientôt me transformer en Jeanne d'Arc, je comprends mieux pourquoi la pauvre elle entendait des voix...

— Jeanne d'Arc... Hum ... Des voix ... Me répond Alma le nez dans son téléphone.

— Zut Alma ! Qu'est-ce que tu fabriques ? Tu m'écoutes au moins ?! Crié-je en lui retirant des mains son portable.

— Noooon ! J'étais en train de battre mon record ! Crie Alma quand je lui arrache son IPhone.

— Fruit Ninja, Alma ! Tu joues à Fruit Ninja ! Pendant que moi, je te parle de ma vie ! Râlé-je

Hasta siempreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant