Chapitre / 17 Juan

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Je ne peux pas dire que la solitude me pèse, quoique, soyons honnête, un peu quand même. À trente-sept ans, je ne me sens pas vieux, mais je sais que je ne rajeunis pas pour autant. Depuis qu'elle est morte, j'ai laissé partir un bout de moi avec elle. Andréa était la femme de ma vie on s'est rencontrés très jeune et jusqu'à ce que le cancer me la vole on ne s'était jamais quittés.

Elle était ma moitié, mon tout, avec elle j'en ai fait des conneries. Rien que d'y repenser ça me donne le sourire. Elle n'avait peur de rien pire qu'un mec ! Pourtant à première vue, elle ne paraissait pas aussi forte. Mais c'était un leurre, d'ailleurs certains on dû retenir la leçon.

Maintenant ça va faire bientôt trois ans que je suis l'ombre de moi-même...j'ai mis du temps à m'en rendre compte, mais quand je l'ai compris, j'ai pris une claque en pleine gueule. Heureusement que ma fille est là, même si c'est douloureux de la regarder. Elle ressemble physiquement tellement à sa mère et fait resurgir tout un tas de souvenirs.

C'est dur de se l'avouer, mais souvent je l'évite... ça va changer, je me le répète depuis déjà quelque temps en me levant le matin.

Durant une longue période, j'en ai voulu à la vie et ça, je me suis bien gardé de la dire, je noyais ma déprime dans la poudre. Plutôt comique comme situation quand à côté j'interdis à mes gars de toucher à cette merde. Je rejoignais des amis et je passais mes soirées à me défoncer...

Je ne sais pas comment j'ai réussi à m'en sortir, peut-être que c'est la baffe que j'ai reçue de ma conscience qui m'a fait ouvrir les yeux ou le boulot qui m'a fait tenir. À la fin, je me souviens que je n'arrivais plus à supporter mon reflet dans le miroir. C'est encore fragile, mais je suis persuadé au fond de moi-même que jamais plus je ne me droguerais.

J'avais la haine, des années à flirter avec la mort, la vente de cocaïne, les règlements de compte et je n'ai jamais compris et aujourd'hui encore, pourquoi c'était elle qui était partie en première. Elle méritait bien plus que moi de vivre et de voir sa fille grandir... Le simple fait d'y penser me donne mal au bide.

Je sais que je ne suis pas un très bon père pour Saddie, mais j'essaye de faire de mon mieux. Je jongle entre ma vie de malfrat et celle de papa sans Andréa à mes côtés, j'ai beaucoup de difficulté à assumer.

Je n'arrive pas à lui dire que, je suis fière d'elle, il faut que je me rende à l'évidence elle devient une adulte. Je ne suis pas dupe je vois bien déjà le regard de mes gars quand il se pose sur elle. Avant ils étaient innocents pour certains même remplis de tendresse. À l'heure d'aujourd'hui c'est tout autre.

Une fois par semaine, je me prépare pour aller passer un moment de détente, une habitude que j'ai prise depuis quelque temps.

J'ai un club de strip-tease dans Madrid qui tourne bien et j'aime m'y retrouver quelques heures. Là-bas les filles me connaissent, savent qui je suis. Je m'y sens bien, je dépose les armes, je discute avec des clients qui viennent en toute discrétion ou bien avec les employées.

Je ne les considère pas comme de vulgaires bouts de viande. Non, pour la plupart je les ai sortis de la rue, elles vivent toutes dans des appartements salubres et je ne les empêche pas de faire leur vie la journée. Elles se sentent bien chez moi et me le rendent bien.

Si une désire partir, car elle a dégoté un travail plus respectable, je suis content et lui souhaite bonne chance. Voilà comment je régis ce business hors de question pour moi de me faire passer pour un mac. Ici, chacun y trouve son compte. Ce club est de mes nombreux moyens de blanchir mon fric.

Hasta siempreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant