Chapitre 5 / Dario

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— Bordel, pour qui se prennent-elles ? grommelle-t-il.

— C'est deux gamines, Johan, à qui papa et maman ne doivent jamais rien leur refuser.

— Je t'assure, si je trouve une trace sur le capot de la bagnole, je vais lui faire manger sa perruque, à la Cléopâtre ! lâche mon pote.

— Arrête, je t'ai bien vu la mater, elle ne t'a pas laissé indifférent, l'Égyptienne.

J'éclate de rire quand il décide de m'envoyer son poing dans l'épaule.

— Elle faisait moins la maline quand je l'ai menacée, tu as vu sa tête ? J'aurais dû prendre une photo !

— J'avoue, ça aurait pu être très drôle.

— Et puis, la blonde, avec son remake de film, « vous ne savez pas à qui vous parlez ? » bla-bla-bla, dit-il d'une voix perçante.

On continue de se moquer des deux folles, dans la voiture. Musique à fond dans les oreilles, joint au coin de la bouche, une bière posée à côté. Sans oublier les blagues à deux balles de mon frère, voilà un cocktail qui me rend heureux.

Intégrés depuis peu chez les ELE, nous n'avons pas arrêté. Emmagasiner autant d'informations n'a pas été chose facile, au départ. En plus des missions classiques, les gars du clan, nous ont donné des tâches pénibles et gonflantes à exécuter. Une sorte de bizutage pour marquer notre arrivée. Être appelé en pleine nuit et aller acheter une boite de préservatifs, pour le boss, ça fait un peu chier quand même.

La voiture parquée, Johan prend son temps pour descendre, je ris en l'observant jeter un énième coup d'œil à sa coiffure. J'en profite pour enfiler mon cuir. Mon portable émet un bip. Pas question pour moi de remettre à plus tard la lecture du message. Je grogne en déverrouillant mon clavier, j'espère tout bas que ce ne soit pas du boulot, qui nous tombe dessus.

Juan :

Tout de suite dans mon bureau.

Moi :

On est là dans 5 minutes.

— Qu'est-ce que nous veut, le boss ? Tu as une idée ? me demande Johan.

— Je n'en sais rien, mon frère, mais ça sent la fin des festivités, j'en ai bien peur.

Je réajuste l'arme, dans mon dos. Oui, même en tenue de soirée, elle ne me quitte jamais.

Devant l'entrée du bureau, un garde du corps y bloque le passage. Planté sur ses jambes, bras croisés et oreillette, il nous scrute. Imperturbable, il ouvre la porte sans dire un mot.

Je rentre en premier suivi de Johan, c'est la première fois que nous venons ici.

Je ne peux pas empêcher mes yeux de balayer la pièce. L'endroit est luxueux à l'image de la villa, mais sans pour autant faire tape-à-l'œil. Un énorme bureau en bois massif trône au milieu de la salle, un des pans du mur est habillé d'une cheminée. Deux fauteuils et un canapé en cuir noir sont placés devant le bureau. De grandes baies vitrées donnent l'accès sur un balcon immense offrant une vue imprenable, sur le parc. Dans un des coins de la terrasse, il y a un jacuzzi. Une femme s'y prélasse, tranquillement, une coupe de champagne à la main. Apparemment, le patron va prendre du bon temps après.

— Salut ! Les gars, dit Juan en nous serrant la main.

— Installez-vous, je vous prie, rajoute-t-il en nous désignant les 2 fauteuils face à lui.

Hasta siempreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant