You're a good child, you're father will be so proud of you...

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4 Juillet 1917.

Malgré la guerre qui faisait rage en Europe, et les hommes qui étaient envoyés en masse sur le front, la jeune Sarah Rogers, femme de Joseph Rogers qui était parti à la guerre deux mois auparavant, venait de mettre au monde un homme. Un petit garçon qui allait perpétuer la lignée des Rogers et dont la mère était déjà très fière.
A peine né, le petit garçon se battait déjà pour vivre. Son petit corps fragile n'avait pas été épargné par la grosse épidémie qui s'était abattue sur l'hôpital ou Sarah travaillait, et bien que vaccinée, la jeune femme avait donné le virus à son enfant à naître. On diagnostiqua à Steven de l'ashme, de l'arthrose, des problèmes respiratoires mais aussi de très nombreux problèmes physiques à venir qui allaient altérer son développement physique. Sarah savait que tous les virus qu'elle avait cotoyé pendant son travail et sa grossesse étaient à l'origine de ces défaillances. Elle se sentait bien évidemment coupable de tout ce que son fils chéri et unique allait subir, mais elle ne voulait pas se laisser abattre. Elle prit donc son enfant en charge, sans père. Dans le quartier ou elle vivait, c'était le cas de nombreuses jeunes femmes, et Sarah décida de ne jamais laisser tomber ses voisines.
Steve fut l'enfant qui grandit le plus lentement. Très souvent malade et difficilement gérable seule, elle avait beaucoup de mal à payer le médecin qui venait presque toutes les semaines. Elle était infirmière mais elle n'était pas capable de tout faire et quand l'état de son fils s'agravait et qu'elle savait qu'il fallait qu'il ai des médicaments, elle apellait le médecin sans prendre le temps de réfléchir aux prix des consultations. Heureusement que ses amies la dépannaient quand elle s'occupait de leurs enfants, sinon Steve aurait eu beaucoup de mal à vivre.

Il mit plusieurs années à réussir à courir, et malgré son intelligence, il avait du mal à se mêler aux autres enfants de l'école ou il allait : il ne pouvait pas jouer au foot longtemps sans faire une crise d'ashme, ou encore se fatiguer à une vitesse bien plus que rapide que tous ses camarades. Ca lui valut bien vite le rejet de tous, sauf ceux qui le connaissaient depuis longtemps. Et encore, puisque bientôt plus personne ne lui parlait du tout... Voir même il se faisait maltraîter à l'école. Bien vite, un garçon de son âge se mit à prendre sa défense et Steve apprit à le connaître.

Leur amitié naquit en quelques semaines et Sarah adopta presque le jeune garçon, dont elle avait connu la mère avant qu'elle ne décède brutalement à la suite d'une maladie. Le jeune Bucky Barnes était presque devenu le frère de Steve, et les deux garçons adoraient ça, tout simplement. A l'école comme en dehors, ils étaient devenus des inséparables, et sans que personne, ni même eux, ne comprennent, leur amitié était devenue indestructible.

Malgré leurs différences, James avait prit Steve sous son aile, et Sarah Rogers n'avait de cesse de les avoir chez elle pour la nuit, pour n'importe quelle raison. C'était devenu un rituel; chaque soir ils mangeaient ensemble pour passer par la suite la soirée à écouter le poste de radio dans la chambre de Steve, écouter les matchs de baseball. Ils étaient heureux. Et ils savaient que c'était tout ce qui comptait ...

15 Octobre 1936 - 17:41 - Hôpital de Brooklyn

Le bruit de l'hôpital, les bips incessants et les pleurs des enfants. Des blessés. Steve était habitué, l'hôpital était sa seconde maison à cause de ses soucis de santé. Sauf qu'aujourd'hui, il n'était pas là pour lui. Il avait passé sa nuit à veiller auprès d'un être cher. Un être qui allait mourir bientôt, il le sentait. Ca faisait plusieurs jours que l'état de Sarah Rogers déclinait dans ce lit d'hôpital. Elle avait attrapé un mauvais virus en soignant les malades et ce virus était en train d'éteindre la flamme vive et joyeuse qui illuminait la vie du jeune Rogers. A peine âgé de dix huit ans, il allait perdre sa mère. Il allait devoir abandonner ses études, alors que la femme qui était en train de mourir s'était toujours saigné aux quatre veines pour pouvoir l'envoyer dans les écoles où il avait voulu aller. Abandonner la George Washington High School alors qu'il était très bon en cours allait lui coûter. Mais il savait qu'il ne survivrait pas longtemps s'il ne travaillait pas. Sa mère lui avait fait part de ses souffrances quelques jours auparavant et il avait immédiatement cherché un travail, tout en cherchant une autre école pour pouvoir continuer à étudier. Il adorait étudier, alors il n'allait pas faire une croix sur ses rêves et ses rêves de devenir réellement cultivé.

Il était assis dans le couloir alors qu'il pensait à tout ça, bercé par les bruits d'hôpital et de courses pour sauver des vies. Les coudes posés sur ses genoux, il avait sa tête dans ses mains. Il pensait à ses souvenirs d'enfant, et de tout ce que sa mère avait fait pour lui. Toutes ces nuits à être à son chevet, à le réconforter quand il allait mal... C'était son tour, mais il n'avait pas la carrure à assumer la mort de sa mère. Sa solitude... Il fallait qu'il voit son meilleur ami. James... Il était la seule personne à le comprendre ... Sauf qu'à cette heure ci, il devait être à son travail, dans l'épicerie du quartier. Alors qu'il était en train de réfléchir et essayer de se souvenir du numéro de téléphone de l'épicerie pour essayer d'appeler son meilleur ami, mais il fut interrompu.


« - Mr Rogers ? »

Un médecin venait de faire son apparition devant le jeune gringalet. Il leva les yeux vers la personne qui essayait de sauver la vie de sa maman, et attendit. Son cœur battait comme un fou et il commençait à manquer d'air. Il avait peur et la crise d'asthme ne faisait que menacer de venir l'étouffer. Il attendit de longues secondes avant que le médecin finisse par prononcer les mots fatidiques. Les oreilles de Steve se mirent à siffler et son pouls s'accéléra encore avant qu'il ne sente la rage faire trembler ses mains et son souffle devenir court. Non ... Non ! Son corps se mit en marche malgré lui et il sortit par le long couloir en courant. Il avait dit au médecin qu'il reviendrait plus tard d'une voix tremblante. Ses jambes tremblaient comme des feuilles peu vaillantes dans le vent de l'hiver, les larmes lui serraient la gorge et sa crise d'asthme était imminente. Il continuait à courir malgré lui, comme pour oublier la souffrance intérieure qui le brisait en mille morceaux. Sa mère s'était éteinte et cette fois il était orphelin... Il continuait de courir dans la rue, perdant la notion du temps, du souffle, de la souffrance, perdant aussi le contact avec la réalité. Ses larmes se mêlaient au sang qui coulait des écorchures qui avaient marqué sa peau à cause de ses chutes, et lorsqu'il s'écroula devant le hall d'entrée de l'épicerie ou travaillait son meilleur ami, il pleurait comme un enfant perdu. Les derniers mots que sa mère lui avait dit résonnaient dans sa tête comme un écho, un écho lointain, mais pourtant bien présent. Un écho qui allait résonner dans son esprit à tout jamais. Ecroulé sur le tapis, les mots tournaient en boucle dans son esprit qui semblait embrouillé, et son corps ne lui répondait plus. Il était détruit.

« Tu es un bon fils, et ton père aurait été si fier de toi ... »

The Little Guy from BrooklynOù les histoires vivent. Découvrez maintenant