la vie à reculons

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Chouette idée, de mettre la rentrée un mardi ! Ça permet aux élèves de réhabituer progressivement au rhume scolaire. Le mercredi qui suit  est comme un sans de sous-marin : entre la fantastique liberté des grands et les contraintes de l'intérieur ,les plongeurs ont besoin d'une zone intermédiaire pour enlever leur équipement et reprendre haleine.

Onze heure. Mélanie ,réveillée depuis peu, petit-déjeune au ralenti. C'est l'occasion pour elle de pratiquer toutes sortes d'expériences passionnantes , favorisées par l'indolence du demi-sommeil . La tartine qui s'enfonce dans le bol de café au lait, par exemple fascine: le beurre, en fondant, forme des ronds dorés qui flottent à la surface comme des nénuphars précieux. Le soleil , entrant à flots par la fenêtre de la cuisine, y miroite tant qu'il peut . Encore un petit effort et il s'y décomposera en un prisme de toutes les couleurs. Un café arc-en-ciel ,voilà qui serait agréable, pour débuter la matinée !
La sonnerie du téléphone fait éclater sa bulle de rêverie .

<<Allô ?

_Bonjour, c'est Elsa .j'ai un bouquin à prendre à la bibliothèque ,tu viens avec moi?

_ je ne suis pas encore habillée !

_ S'il te plaît... J'ai pas envie d'y aller seule

_ Ah , merci ! Grouille -toi, je passe te prendre dans cinq minutes!>>

Quelques instants plus tard, les nénuphars dorés calés dans l'estomac, Mélanie saute dans ses habits de veille , brosse en vitesse sa crinière acajou,enfile ses tenus . Solidarité oblige !

Pour se rendre à la bibliothèque ,il faut traverser le square Jules-Valles .Or ,c'est le territoire des << Zoulous>>.Ceci explique les réticences d'Elsa et son besoin de renfort: mieux vaut être à plusieurs pour se risquer dans ces lieux malsains où sévit la <<pègre>>!

Leur chef ,Franckie << Cas social>>,à déjà eu maintes fois maintes fois maille à partir avec les flics, pour vandalisme, vol à l'étalage ,et même coups et blessures. Il est très fier de sa réputation se casseur et fait Ce qu'il peut pour l'entretenir. Admiré par les uns, des testé ou craint par les autres, il règne en dictateur sur les pires cancres du lycée technique en particulier Mourad, son bras droit, Jojo l'Édenté.

Ce dernier doit son surnom à ses incisives brisées au cours d'une bagarre. Sa mère, femme de charge à la maternelle,ne les lui a pas fait  remplacer, faute  de moyens. Résultat : quand il parle , il zozote, et même postilonne. Cette disgrâce l'a complexé et rendu d'une susceptibilité extrême . Pas question de s'y frotter quand il pique sa crise : il est taillé en athlète et capable d'assommer un boeuf bœuf d'un coup de poing .Cas social l'utilise dans les opérations  Kamikaze contre les bandes adverses , car l'Édenté lui est dévoué corps et âme et obéit aux ordres sans se pose de questions.

Le quartier général de ceux-là ,c'est le banc .D'un joli vert bouteille à l'origine, et  pourvu , selon la mode rétro , de pattes de chien en fer forgés ,Ce meuble urbain est aujourd'hui couvert de tags et incisé à l'Opinel .Il ressemble aux maigres d'un cahier de texte mal tenu . Au milieu des signatures à répétition, tous les ragots du quartier s'y trouvent inscrits en arc : cœurs comportant deux initiales    enlacées puis barrées avec rage quand la romance s'achève, insulte, proposition salaces,bonshommes aux entrejambe hypertrophiés ,portant les noms des profs et des riverains..

C'est ici que les zoulous se retrouvent les jours de congé , et quand ils sèchent les cours. Cigarettes au bec, une provision d Coca à portée de la main , ils commentent les allées et venues , en particulier celle des filles .Dans le meilleur des cas , la présence de ces dernières est saluée par un concert de sifflements et de grasses plaisanteries ,dans le pire on leur barre la route en réclamant des <<smacks >> comme droit de passage

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