"Tiens ?" l'attention du majordome fut détournée par le portrait.
Nao en profita pour penser à toute vitesse. Cet homme se présentait comme son nouveau professeur de bonne conduite. Il avait beau être assez fort pour casser la porte, s'il était de la même trempe que ses prédécesseurs il suffisait à la peintre de trouver une insulte assez forte pour qu'il se sente blessé dans son ego et fiche le camp.
"Non mais ça va pas, espèce de taré en smoking !" lança-t-elle.
Il resta inexpressif. Elle avait commencé trop doucement.
"Dégage d'ici, vieux sac à merde !" lui cria-elle en le repoussant en arrière.
Il n'eut toujours aucune réaction. Elle devait y aller au maximum. Elle prit une grande inspiration.
"MAIS TU VA ME FOUTRE LA PAIX ESPECE DE ****** DE TES MORTS LES SALES **** DE **** QUI ***** AVEC DES ******* DANS LE ****** !!!"
Elle peina à reprendre son souffle. Le majordome n'avait pas bougé d'un pouce et la fixait toujours de son regard de glace. Il était bel et bien plus coriace que les autres.
Elle tenta une autre approche.
Elle fit un pas vers lui, posa un doigt sur son torse et prit son air le plus intimidant possible. "Ecoute mon grand, tous tes collègues ont déjà jeté l'éponge, tu penses vraiment que tu seras meilleur qu'eux ? Je viens des bas-quartiers, j'ai grandi à la dure. En quoi un petit aristocrate comme toi qui a toujours vécu dans le confort pourrait me forcer à faire quoi que ce soit ?"
Le majordome attrapa sa main et se pencha vers Nao. "L'idée que vous vous faites de moi semble erronée. Je ne suis pas de l'aristocratie, vous n'arriverez pas à me vexer ou me décourager." Il se redressa et lâcha sa main. "Je suis ici pour vous faire respecter l'étiquette. Je vois que vous possédez un langage des plus fleuris, c'est une qualité que vous devrez taire en société."
Il l'avait surpris, mais elle ne le laisserait pas reproduire cela. "Je parle comme je veux, ne compte pas sur moi pour obéir aux leçons de morales d'un mec qui débarque dans mon espace de travail en explosant la porte." dit-elle en lui tournant le dos.
"Votre posture est à revoir également..." Il s'avança d'un pas, posa ses mains sur ses épaules, et enfonça ses coudes vers ses omoplates.
Dans un cri de douleur Nao se redressa. Elle tenta de se dégager mais il la tenait fermement. "Lâche-moi espèce de ***** de tes ***** !!!"
Il la relâcha. "Vous pouvez m'appeler comme bon vous semble, je ne vous en tiendrai pas rigueur. En revanche je vous demanderai de vous adresser aux autres par les titres honorifiques qu'il convient. Je vous ferai un cours à ce propos, si besoin."
Nao se retourna vers lui, massant l'une de ses épaules. "Mais tu es complètement timbré... Tu viens de me faire super mal ! Dès que la reine l'apprendra elle va t'expulser comme un moins que rien."
"La reine m'a laissé carte blanche pour m'occuper de vous, à la seule condition que j'obtienne des résultats. Vous êtes désormais droite, vos épaules sont en arrière et votre menton est fier. C'est un résultat dont elle sera, je le pense, satisfaite."
Nao regarda son reflet dans la vitre de l'atelier. Elle était effectivement plus droite qu'auparavant. Ses méthodes étaient brutales, mais cet homme avait réussi à la forcer à mieux se tenir, littéralement.
Il n'était définitivement pas comme les autres.
Le majordome l'accompagna tout le reste de la journée, et Nao découvrit que depuis qu'elle était au Palais elle avait un emploi du temps défini chaque jour, mais que personne n'avait réussi à lui faire respecter. Enfin, sauf le nouveau majordome -Amalio, mais elle n'avait pas encore décidé si elle allait l'appeler par son prénom ou lui donner un surnom ridicule- qui l'avait trainé à chacun de ses rendez-vous.
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Parallèles
General FictionLe monde a toujours fonctionné par castes: en fonction de l'endroit où quelqu'un est né, il y restera toute sa vie. Chacun connait sa place dans l'échelle sociale, et ainsi l'équilibre est préservé. Pourtant, dans le royaume artistique d'Astolium se...