Chapitre 11- La vie d'une œuvre

19 3 2
                                    

Quand Nao et Amalio entrèrent dans l'atelier de dessin pour le cours de Sigis, iels eurent la surprise de découvrir que le professeur les attendaient en compagnie de 2 personnes.

Non seulement il était venu, mais il était en avance: le prince Ionas griffonnait machinalement sur l'un des pupitres en cercles.

Au milieu de ces pupitres la sculpture de l'arbre avait été remplacée par la silhouette de la gracieuse ex-aristocrate Inaya McKallan, assise sur le présentoir dans toute la classe d'une reine sur son trône.

"Ah, vous voilà !" Sigis sorti de derrière une étagère. "J'ai croisé Inaya dans l'ascenseur, et elle a accepté de passer la journée avec moi !"

Le jeune fille ne lança pas un regard en direction de la princesse.

Sigis souriait à Nao en lui apportant son matériel. "Je pense avoir enfin trouvé comment je peux vous aider à vous améliorer, princesse !"

La bonne humeur de cet homme était contagieuse. Nao sourit à son tour. "Vraiment ? Et comment ?"

"Le sujet de votre cours du jour sera Inaya. Je veux que vous fassiez un portrait d'elle. Je vous expliquerai la suite une fois cette étape terminée."

Dès qu'elle avait vu le premier portrait de la jeune fille dans sa chambre, Nao avait été subjuguée par sa beauté. Quand celle-ci était apparu dans le jardin, elle n'en avait pas cru ses yeux. Lui demander de la dessiner avait été son premier réflexe, mais Amalio l'avait rappelé à l'ordre fermement. Il avait eu une nouvelle expression à cet instant, qu'elle n'avait pas réussi à déchiffrer. Était-ce de la colère ? Avait-elle fini par l'exaspérer assez pour qu'il s'énerve, ou était-ce parce qu'il s'agissait d'Inaya ?

Nao avait voulu dessiner cette dernière, mais maintenant qu'elle l'avait sous les yeux, elle ne pouvait s'empêcher de penser à ses paroles. Inaya avait été déclassée, et avait probablement perdu beaucoup, mais Nao avait réussi à vivre avec quasiment rien dans les bas-quartiers. La seule chose qui les rapprochait était qu'elles avaient toutes les deux l'air piégées dans leur situation.

Se concentrer avec de telles pensées était difficile pour la peintre, alors elle fit de son mieux pour mettre de côté ses émotions et passa en "mode machine". Elle ne réfléchissait plus et laissait son don s'activer. Il lui suffisait de recopier ce qu'elle voyait.

Après une heure de dessin, Sigis demanda à ses 2 élèves de poser leurs crayons. Il prit ensuite les portraits et les amena à Inaya qui discutait avec Amalio.

"Hey, qu'est-ce que vous faites ?" protesta Ionas.

Sigis l'ignora. "Mademoiselle McKallan, laquelle de ces deux œuvres est votre préférée ?"

Le prince se leva et tenta de récupérer son dessin. Il était rouge jusqu'aux oreilles. "Sigis, rendez-moi ma feuille immédiatement ou je vous fais renvoyer !"

Le professeur l'empêchait d'approcher d'Inaya, qui débattait des 2 portraits avec Amalio.  "Désolé mon prince, mais le jugement n'a pas encore été rendu ! De plus, je suis le Premier artiste royal, ce titre me confère une immunité dont je compte bien profiter !"

Ionas désigna Nao du doigt. "Vous faites ça pour m'humilier ! C'est évident que je vais perdre, elle sait déjà dessiner parfaitement !"

Nao baissa les yeux. Elle savait reproduire ce qu'elle voyait à la perfection, mais n'en tirait aucun mérite. Bien qu'il ne l'appréciait pas, elle se sentait désolée pour le prince.

"Je préfère celui-ci." Inaya semblait convaincue par le dessin qu'elle avait choisit.

C'était son portrait de 3/4, mais les yeux et la bouche étaient un peu trop grands, les oreilles trop petites et le nez n'était pas droit. Les éléments du visage apparaissaient un peu décalés, un œil était plus haut que l'autre, et le sourire de la jeune fille semblait un peu de travers.

ParallèlesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant