18 juin 2011

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Bonne lecture !

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Killian aimait quand Blaize le regardait comme ça.

Ce n'était pas devenu une habitude, de boire jusqu'à sentir des picotement au bout des doigts, mais ça leur arrivait encore parfois. De temps en temps, c'était avec Octavius (et William, bien sûr, puisqu'à présent c'était très rarement l'un sans l'autre) et Mika. Et de temps en temps c'était tous les deux, rien que tous les deux, toujours tous les deux.

Blaize se retourna vers lui. Son t-shirt blanc était si fin qu'il en devenait presque transparent.

— Je me souviens plus du chemin.

Dans ses mains, le vieux ballon de basket caché dans l'armoire de Killian semblait les narguer. C'était Blaize qui l'avait vu le premier : un ballon sous un tas de sac en plastique, et son esprit un peu embrumé par les quatre verres d'alcool qu'il s'était enfilé avait décidé que c'était le moment ou jamais d'aller marcher un peu.

Marcher, l'esprit léger, parfois main dans la main, jusqu'à perdre leur chemin. Mais sans pour autant oublier le principal, étant donné qu'il avait décidé de ne pas partir sans ce ballon.

En voyant son expression, ses joues rouges, et son sourire goguenard, Killian pouffa. Lui aussi avait l'impression d'y voir plus net que jamais (ou de ne plus y voir du tout, étant donné que ses yeux semblaient vouloir se rejoindre pour troubler sa vision). Il ne l'avait pas arrêté, et n'avait même pas pensé à lui dire « non, Blaize, il est genre trois heures du matin alors pourquoi on irait se promener à la recherche d'un terrain de basket ». Il n'avait pas dit ça, non.

Il avait dit « oui carrément allons-y ».

— Moi je m'en souviens, répondit-il. On devrait aller au parc, y'a les lampadaires allumés toute la nuit.

Ces derniers temps, il n'avait pas vraiment eu le temps de sortir prendre l'air. Des pages et des pages de recherche, des bouquins à n'en plus finir, et le document word de son ordinateur qui mettait à présent presque une minute de chargement à chaque sauvegarde : les mémoires de fin d'étude, c'était définitivement la merde.

Ravi de sa réponse, Blaize hocha vivement la tête. Il marcha vers lui, revenant légèrement sur ses pas, et colla leurs épaules afin que leurs pas soient coordonnés. Avancer au milieu de la route, dans l'obscurité chaude d'une nuit d'été, c'était quelque chose qu'ils n'avaient pas fait depuis longtemps.

— Je vais te botter le cul, dit Blaize.

— C'est ça, oui.

En se tournant vers lui, son esprit embrumé remarqua à nouveau que Blaize n'était pas aussi grand que lui : quelques centimètres à peine, mais c'était bon pour son ego et sa volonté de le regarder de haut. L'autre dut voir ça dans son regard, car il lui donna un coup d'épaule.

— C'est là, non ?

Il pointa maladroitement du doigt un escalier en béton qui descendait le long d'une rivière, et Killian hocha la tête. Il avait oublié les branches trop longues qui tombaient toujours sur le passage après une pluie trop dense (comme celle de la nuit passée), ainsi un nouvel éclat de rire se forma dans sa poitrine en voyant Blaize marmonner puis râler pour ses cheveux déjà décoiffés de toute façon.

— Tu vas devoir me payer le coiffeur.

— Si tu gagnes j'y penserais peut-être.

Blaize aussi avait eu besoin de se changer les idées. Outre l'envie de venir le voir à son appartement, de pouvoir sentir la chaleur de Killian de près, de regarder un film et de lui servir des doses astronomiques de vodka, il avait surtout eu besoin de faire une pause dans ses révisions : ses examens, les derniers avant d'être enfin diplômé de son école de commerce ultra cher, arrivaient la semaine prochaine.

Une dernière sortie en tant qu'étudiant, avant d'intégrer l'entreprise de son père.

Quand ils arrivèrent enfin devant le terrain vide et bien heureusement éclairé, le ballon rebondit deux fois sur le sol. Le parc était vide, la ville pour une fois silencieuse, et Blaize laissa traîner un rictus sur ses lèvres.

— Prépare toi, Martin. Même bourré je peux te renvoyer pleurer chez ta mère.

— Je tremble de peur, De Luca. Bouge ton petit cul d'aristo' par ici qu'on puisse jouer.

La nuit, finalement, les avala tout entiers.

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Un jour à la foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant