18 juin 2023

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Bonne lecture !

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Killian passa à côté d'un couple qui s'éloignait de la plage et retournait vers le regroupement d'habitations en bois, et hocha poliment la tête en voyant la femme lui faire un sourire.

La nuit était tombée trente minutes plus tôt, et Mika avait enfin libéré Killian après six danses d'affilés. Iris et elle s'étaient dit oui en début d'après-midi, et depuis une trentaine de personnes faisaient la fête à l'extérieur, profitant de la chaleur de l'été et de l'alcool qui coulait à flot.

Killian, en s'asseyant sur l'une des chaises en bois, avait regardé autour de lui, puis s'était immédiatement levé en affirmant qu'il voulait prendre l'air. Mika n'avait rien dit, comprenant bien qui son ami s'apprêtait à rejoindre, et Iris l'avait entraîné avec elle pour une valse un peu bancale, pleine de rire et de sueur.

De belles robes blanches d'été, et des couronnes de fleurs dans ses cheveux emmêlés.

Tout en écartant une branche de son chemin, Killian enleva les chaussures qui allaient parfaitement avec le costume qu'il avait choisi et les tint à la main. Le sable passait entre ses orteils, et il suivit les quelques lanternes avant de finalement déboucher sur la plage, grande et silencieuse.

Au milieu, de dos, Blaize trempait ses orteils dans l'eau claire. Il sembla si loin et si petit au milieu de la mer.

Killian se rapprocha sans un bruit, déposa ses chaussures par terre, puis le fit sursauter en enroulant ses bras autour de son cou.

— Je peux savoir ce que la personne qui était censé m'accompagner fait ici ? Tu ne m'accompagnes pas du tout, là.

— J'avais besoin de marcher un peu.

— C'est ça. Trouve une autre excuse, tu m'as abandonné dans les bras de Mika pendant beaucoup trop longtemps. J'ai mal aux pieds, et t'as manqué Octavius qui est monté sur une table pour faire son discours de témoin. Je crois qu'il a un coup dans le nez.

Il entendit Blaize ricaner et souffler « il a toujours un coup dans le nez », alors Kuroo le lâcha enfin. À la place, il longea son bras avec ses doigts, et enroula ses doigts dans les siens.

Inspirer son odeur, expirer sa chaleur.

— Mika a bien choisi, je trouve. C'est super sympa, ici.

— C'est moi qui lui ait conseillé.

— Ouais, je m'en doutais. Ça te ressemble plus. Ça a l'air... coûteux.

— C'est le moins que je pouvais faire.

Tirant doucement sur son bras, Killian l'entraîna le long de la plage, les vagues trempant son pantalon. L'air chaud le rendait moite.

— T'as l'air bizarre, ce soir, fit-il remarquer en lança un petit coup d'œil à Blaize qui n'avait presque pas ouvert la bouche.

Ce dernier soupira, puis s'arrêta.

— J'ai beaucoup réfléchi, ces derniers temps.

— À quoi ?

— À pas mal de choses.

Une pierre tomba dans l'estomac de Killian, et son visage se figea. L'air sérieux de Blaize, ce devait être ce qu'il détestait le plus. C'était rarement annonciateur d'une bonne nouvelle, et soudain il eut peur. Peur que ce à quoi il avait pensé pendant tant de temps devienne réalité.

À quoi avait-il pensé ? À lui ? À eux ?

Killian le lâcha, et se retourna face à lui. Ses yeux brillaient. Sa bouche était tordue.

— Je pense..., commença Blaize avant de regarder vers le large. Je pense que je vais vendre l'entreprise de mon père.

Sur le coup, Killian ne sut que répondre. Ses sourcils se haussèrent. Il pensa : « ah, il ne veut pas rompre, alors ».

— Tu... quoi ?

— Je vais la vendre. Je la déteste. Je déteste ce boulot. J'ai déjà plus d'argent qu'il ne m'en faut, au fond. En la vendant, je serais vraiment riche comme Crésus. Je veux juste... profiter un peu plus de la vie. Et ne plus avoir d'ulcères, c'est la merde ces trucs-là.

Il releva les yeux, et croisa le regard inquiet de Killian.

— Profiter de toi, aussi. Pourquoi tu fais cette tête ?

— Non, rien. Je croyais...

— Tu croyais ?

Une vague lui trempa le mollet, et Killian déglutit.

— J'ai toujours l'impression que tu vas rompre. J'aime pas quand t'as cette expression.

Blaize se mordit la lèvre, et lui attrapa brusquement la nuque. Les pieds dans le sable, il s'éleva un peu pour poser brièvement ses lèvres sur les siennes.

— On va repartir. À l'étranger, ou où tu voudras. D'accord ?

Killian hocha la tête.

— Je t'achèterais même une glace, si tu veux.

Il sourit.

— Trop d'honneur.

— Ou une bague. Comme tu préfères.

Killian rit.

— Alors quoi ? C'est une demande ?

— Prends la comme tu veux.

— Ça me dérangerait pas tant que ça, que tu me casses les pieds encore un peu.

— Tant mieux. J'ai pas l'intention de partir.

Cette fois, ce fut Blaize qui lui attrapa la main, et qui l'entraîna à sa suite. Killian se contenta de regarder son dos, cette chemise verte qui lui allait si bien, ses cheveux fraîchement coupé, la forme de sa nuque et la couleur de sa peau.

Il se laissa faire.

À présent, ils étaient assez vieux pour se laisser aller.

Pour vivre.

Un jour à la fois.

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Un jour à la foisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant