Métamorphose

Chapitre 4.4 : petite curiosité.

-Kateryna Riwald... murmura Dorian.

Il ne s'était pas attendu à ce que le rapport de Sam Crowley le captive autant. Il avait passé une journée éreintante, la fatigue menaçait de le submerger depuis deux heures, mais en ayant sous les yeux le rapport écrit de Sam, toute trace de sommeil avait quitté son corps. Il était littéralement absorbé par le léger dossier qu'on lui avait apporté. Ses yeux verts s'attardèrent encore une fois sur les traits de la jeune femme.

-Kateryna...

Il murmurait le prénom pour en saisir la teneur. Elle avait vingt-deux ans, habitait à Wallstreet, elle était employée dans une moyenne entreprise qui avait pour but d'aider les proies à s'intégrer à la vie humaine en leur épargnant toute la paperasse administrative. Dorian passa ses doigts sur la photo d'identité que Sam lui avait fournit avec le dossier.

Ce n'était pas tant la fiche d'identité de la jeune femme qui le fascinait mais l'intérêt que lui portait le clan ennemi. Sam Crowley avait noté dans son rapport que Zaëlan Haltz lui avait rendu visite après moins d'un mois de surveillance. Ces hypothèses avaient été confirmées par un autre rapport de Mori Sleve, indiquant qu'un métamorphe d'un clan ennemi suivait depuis plusieurs jours « Princesse ». Au départ, Dorian n'avait pas donné beaucoup de crédit à cette information, roulant les yeux devant l'intérêt obsessionnel qu'avait le jeune homme sur cette humaine sans grande particularité. Mais maintenant qu'il regardait d'un peu plus près la jeune femme, il devait bien admettre qu'elle avait attisé sa curiosité.

Dorian eut d'un coup la folle envie de voir de ses propres yeux cette femelle qui attirait les métamorphes. Il voulait en savoir plus. Quelque chose dans ce dossier le dérangeait : pourquoi Zaëlan surveillait une jeune femme catégorisée comme humaine ? Elle était peut-être une espionne à son crédit, ce qui expliquerait pourquoi elle n'avait pas alerté la milice lorsqu'elle avait découvert Sam. Ou alors, elle servait à autre chose pour l'un de ses plans destinés à destituer le gouvernement humain, et elle n'aurait pas dû se faire voir par son tireur d'élite.

Il marcha rapidement dans les couloirs, la tête fourmillant d'hypothèses toutes plus improbables les unes que les autres. Il aurait dû aller dormir, mais quand Dorian avait une idée en tête, impossible de l'arrêter. Ses cheveux noirs étaient désordonnés, ses yeux verts cernés brillaient, il arpentait les couloirs d'un pas trop vite pour être honnête. Lorsque Uriel Satss vit passer son maître dans la salle principal alors qu'il était deux heures du matin, et qu'il se levait à six, il eut un frisson de surprise.

-Maître ?

Dorian ne lui répondit pas. Il continua sa route vers la sortie, s'engouffra à l'extérieur sans prendre la moindre escorte ou arme. Uriel sentit un frisson de peur lui remonter dans l'échine. Son maître, seul, dehors, sans personne pour le protéger ! Son sens de la loyauté l'obligea à le suivre, malgré le fait qu'il revienne d'une patrouille de surveillance de quatre heures.

-Maître !

Dorian ne lui accordait strictement aucune attention. Il déambulait dans les rues pavées noires, trop vite pour qu'on puisse le mettre en joue, mais on n'était jamais trop prudent. Uriel tira une arme à feu d'un de ses holsters et fit signe aux gardiens de l'immeuble de rester à leur poste. Il était rare de voir Nowan sortir de nuit, sans personne, alors qu'aucune mission n'était prévue.

Au bout d'une vingtaine de minutes de marche, à force de regarder dans chaque coins de rue qu'aucun métamorphe n'essayait d'assassiner son maître, Uriel réussit à le rattraper et posa une main sur son épaule.

-Dorian !

Dorian fit volte face, les yeux verts brillants, et montra les crocs. Uriel recula immédiatement, courbant l'échine, baissant les yeux et serrant les dents pour se retenir de ployer sous la puissance de l'animal. Il risqua un coup d'œil face à Dorian. Il était furieux.