Métamorphose

Chapitre 5.4 : combat triangulaire.

Il lui avait fallut quatre heures pour réussir à approcher le quartier rempli d'humains sans se faire repérer. Les rues grouillaient de cadavres en décomposition, et ce n'était pas les métamorphes cannibales qui manquaient. Les premières semaines de neige étaient toujours les plus propice à croiser ces prédateurs toujours transformés et assoiffés de sang, pour qui manger de la chaire humaine ne posait aucun problème d'éthique, puisqu'ils n'en avaient pas. Edwige jeta un regard d'un côté et de l'autre des deux immeubles qui s'offraient à elle puis sauta agilement sur un toit un peu plus bas. Elle marcha lentement, à demie-accroupie, ignorant le froid qui commençait à engourdir ses muscles. Ils avaient chauffés suite à la course effrénée sur les toits qui l'avait conduite jusqu'au quartier le plus proche de la ville saine. Mais, maintenant qu'elle était là, son instinct lui demandait de redoubler de prudence.

Du haut de ses vingt-trois ans, Edwige avait la malchance d'être une femme ayant un animal peu puissant. Mais elle avait la chance d'avoir un instinct plus aiguisé que le reste de ses comparses et, double chance, son charisme charmait la plupart des métamorphes qu'elle croisait. Dorian lui-même n'y avait pas été insensible lors de leur rencontre.

Alertée par ses sens, Edwige avança lentement jusqu'au toit qui laissait voir la rue de Wallstreet. Des picotements désagréables commençaient à parcourir sa tête. Elle promena son regard bleu sur les maisons alentours et se recula légèrement. Sa peau chocolat lui permettait de se fondre plus facilement dans le décor, habituellement, mais la neige étant tombée drue ces derniers jours, elle devait rester prudente. Elle ouvrit la bouche pour humer l'air. Par-dessus les senteurs hivernales, la brise glaciale et le picotement caractéristique de l'électricité des lampadaires, elle identifia l'odeur des humains. Fade, sans intérêt, elle ne reconnu pas leur senteur car elle était trop peu habitué à les flairer.

En grimaçant de dégoût, elle prit le risque de descendre du toit pour atterrir derrière les poubelles laissées dans la rue. Elle promena une nouvelle fois son regard entre les maisons, essayant de deviner dans les ombres noires provoquées par la nuit une présence, métamorphique ou humaine.

Son regard se posa sur le troisième étage de l'immeuble qu'habitait l'humaine. Edwige étendit ses sens jusqu'à toucher de l'ouïe les bruits perceptibles dans les appartements. Un homme buvait de l'alcool et écoutait la radio en commentant quelques passages. Un couple se disputait au deuxième étage. Quelqu'un se cogna dans la cage d'escalier et grogna de douleur. En se concentrant plus encore, elle entendit le grouillement de l'eau dans les tuyaux tout autour d'elle, le son des lampadaires qui crissaient contre ses tympans, l'écoulement fade de la neige qui glissait lentement sur les pavés.

L'instinct d'Edwige la prévint à temps et elle sauta sur la droite. Un coup de feu retentit sèchement dans l'air et la balle s'enfonça dans le verglas, provoquant un petit impact dans le sol. Un grondement monta dans la gorge de la jeune femme qui releva automatiquement la tête vers le toit de l'immeuble qu'elle venait de quitter.

Personne. Mais Edwige n'était pas idiote. À découvert et vulnérable car non dans les hauteurs, elle se faufila dans une petite rue étroite et se glissa sous un escalier. Ici, la neige avait épargnée le sol, mais l'humidité était si forte qu'elle fronça le nez. Des détritus humain étaient éparpillés tout autour d'elle. Elle maudit intérieurement les responsables de ces poubelles.

Maintenant à couvert, elle pouvait scruter les toits. Elle vit une forme passer rapidement d'un toit à un autre, une seconde la suivre. Edwige pinça ses lèvres : elle était en infériorité numérique. Lentement, elle dégaina un de ses couteaux et fixa attentivement un point vers le toit. Avec un peu de chance, l'un des deux idiots, dont le tireur, croyait qu'elle ne les avait pas vu. Habillement, elle lança l'arme un peu au-dessus du toit.