Gardiens des Illusions

Chapitre 3

Elle grimpa sa rue, Garçon Chelou derrière elle. Elle arriva devant son barreau et l'ouvrit, dit bonjour à Beethoven et laissa entrer le garçon derrière elle. Puis elle lâcha :

" Heu... Je vais chercher Emma.

- D'accord. Je t'attend."

Elle monta à l'étage, et jura lorsqu'elle remarqua qu'elle avait laissé son téléphone dans son sac, en bas. À côté de Garçon Chelou. Elle décida de jouer la carte de la jumelle agaçante. Elle se changea, choisissant un profond décolleté et un mini-short afin de pouvoir jouer la carte de la séduction en plan C. Elle descendit, de la façon la plus sexy possible, tâche rendue difficile par Beethoven qui lui faisait la fête dans les jambes. La jeune fille se tordit la cheville, chuta et atterrit dans les bras de Garçon Chelou. Sans lui, sa face écrabouillée serait à terre, à présent, avec un ou deux membres cassés. Rien que pour ça, elle décida de laisser tomber la jumelle énervante. Par contre, hors de question de jouer le plan C. Elle décida que le plan B bis serait la jumelle naturelle.

" Heu... Merci !

- De rien. Emma, c'est ça ?

- Oui. Et toi...

- Shay. Appelle-moi Shay.

- OK, Shay... Donc... Qu'est-ce que tu me veux ?

- Déjà, que tu te relèves. "

Elle rougit et s'écarta en s'époussetant.

" Ensuite ?

- Que tu dises à... Brigitte, que tu t'en vas.

- Minute, petite flûte. On va où ?

- ... Quelque part.

- Je veux... Non, mieux : j'exige de savoir où on va.

- Pas loin d'ici.

- Pas loin comment ?

- À l'usine abandonnée.

- C'est... étrange, comme idée. Mais bon... soit. Sache seulement qu'au premier danger, je fuis.

- Tu ne pourras jamais me semer, répliqua-t-il avec un sourire.

- N'importe quoi. Tu ne m'as jamais vue en EPS.

- Détrompe toi...

- QUOI ?! Pervers !

- Mais non... Allez, viens. Mais préviens Brigitte.

- Heu... OK. Heu... Brigitte, je m'en vais !

Elle fit mine d'y aller. Mais Shay la retint par le bras.

- Elle ne s'inquiète pas ?

- Heu... Elle... est... heu... mince ! Je veux dire... Enfin... Non ! Elle s'en fiche. Totalement. Ce n'est pas son problème.

Shay sembla douter, mais ne dit rien. Il passa la porte, Emma sur les talons.

Ils marchèrent durant à peu près 15 minutes avant d'arriver à l'usine de briques rouges. Les cheminées noires, perchées sur le toit, devaient autrefois cracher de la fumée noire toute la journée, mais étaient aujourd'hui éteintes, et envahies de toiles d'araignées. Emma regarda les murs en ruines, l'intérieur envahi de poussières et d'araignées. Elle soupira et espéra qu'elle ne devrait pas entrer. Étant arachnophobe, même les toiles la faisait paniquer. Elle regarda Shay et attendit qu'il s'explique.

- Bon... Autant aborder le sujet direct. Il ne s'est jamais rien passé d'étrange, durant ta vie ?

- Si... Quelquefois, mon jeu de mimes disparaissait en même temps que ma sœur. Pas si étrange que ça, finalement...

- Non, mais vraiment étrange !

- Ah... Je ne sais pas... Si...

- Quoi ?, la pressa-t-il.

- Non, rien, c'est idiot.

- Je t'écoute. Sérieusement.

- Ben... Parfois, quand j'arrive, l'eau semble bouger, frémir... Un peu... Mais c'est crétin, on est bien d'accord.

- Non ! Ce que je veux dire, c'est que c'est normal... Quand on est elfe.

- Je ne suis pas une elfe !

- Si, Emma.

- Non. Non, non, non.

- Si, et tu n'y peut rien. Tu es elfe depuis toujours ! Depuis ta naissance !

- Mais mes... pouvoirs, sont arrivés après ! Bien après ma naissance !

- Normal, ils se déclenchent après. Tu imagines un bébé capable de déclencher un tsunami ? Ou de mettre sous cloche ses parents ? Ou de les électrocuter ?

- Qui peut faire ça ?

- La cloche, et l'électrocution, les psionipathes et les chargeurs. Le tsunami... Toi, avec un peu d'entraînement.

- MOI ?! Non, non, tu te trompes, je ne sais même pas faire cuire du riz sans en mettre partout ! Alors un tsunami...

- Je te promets.

- Je ne te crois pas.

- Bon... Je ne voulais pas en arriver là, mais puisque tu me forces... Je dois sortir le grand jeu.

Un instant, elle cru qu'il allait sortir le même "grand jeu" que Flinn Rider dans Raiponce. Heureusement, il n'en fit rien. Il se contenta de sortir une chaîne de son haut, au bout de laquelle pendait un cristal, étrangement taillé. Il lâcha :

" Je vais te le prouver."