Chapitre 1

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Emma monta le son de sa voix. Elle parlait avec sa meilleure (et sa seule) amie, Cléo Woodman. Elles étaient toutes les 2 en Terminale B. Aujourd'hui en train de faire une énième journée de cours interminables. Précisément un cours de biologie, avec cet horrible professeur, Mr Klebbs. Oui, il y avait beaucoup à rire de son nom, mais ce n'était pas de ça dont parlait Emma et Cléo. Elles parlaient des horribles verrues de leur professeur d'anglais, Mme Veimann. C'était une vraie sorcière, et Emma na la portait pas vraiment dans son cœur. Elle donnait des heures de retenue à la flopée, et ne supportait pas qu'un élève lui adresse la parole pour poser une question. C'était toujours :

« Heu, monsieur Leitery, il me semble que j'ai suffisamment bien expliqué, non ? Donc taisez vous, vous suivrez mieux. »

Sauf que monsieur Leitery n'était pas vraiment du genre à parler, à vrai dire il ne prononçait jamais un seul mot. Enfin bref, si Emma montait le son de sa voix, c'était à cause du brouhaha que générait sa classe. Et par dessus tout ce bruit, Mr Klebbs annonça :

« Vu que mon cours n'intéresse pas vraiment Mlle Woodman et Mlle Foster, je ferais mieux de les laissez le faire à ma place, non ? Allez, venez, mesdemoiselles. »

Le truc dérangeant, c'est que contrairement à Cléo, Emma avait une horrible mémoire. Une fois au tableau, donc, elle fut extrêmement soulagée lorsque Mr Klebbs décida que Cléo commencerait la récitation de la leçon. Ainsi, elle lui rafraîchirais la mémoire. Cléo commença son interminable récitation sur les micro-organismes, et Emma enchaîna sur leur séance de dissection d'une grenouille mardi dernier. Quand la cloche sonna enfin, Emma se rua dehors, couru vers le portail et sorti en vitesse. Elle avait prévu de passer faire un tour à la bibliothèque municipale pour son exposé en français. C'était sa matière préférée, car là au moins, sa professeure ne la prenait pas pour une gamine de 2 ans. Tout ça simplement parce qu'elle avait sauté 4 classes ! En effet, Emma devrait être en 5ème à l'heure qu'il est. Pourtant, elle avait toujours eu des capacités mentales impressionnantes, et c'est pour cela que tous les élèves la détestaient. Tous, sauf Cléo. Cléo avait toujours eu un comportement affectif envers elle, alors que pour cela elle était obligée de subir nombre de moqueries. Emma lui en serait d'ailleurs éternellement reconnaissante.

La jeune fille couru pour rattraper son bus, qui heureusement n'était pas encore parti. Elle réussi à monter juste avant la fermeture des portes. Elle présenta sa carte et s'assit, toujours à la même place, pas trop au fond, où tout le monde s'amassait, et pas trop devant, où elle ne voyait que trop bien le dos en sueur du conducteur. Elle le sentait aussi, plutôt bien. Son MP3 branché sur ses écouteurs, elle écouta sa musique pendant les 20 minutes qui la séparait de la rue juste avant la sienne. La jeune fille devait passer chez elle récupérer ses affaires avant d'aller à la bibliothèque. Elle habitait tellement loin dans sa rue que même arrivée avec le bus, il lui restait 15 bonnes minutes de marche. Elle arriva chez elle, lança un bonjour à la cantonade malheureusement absente, et récupéra son sac. Elle vérifia son contenu : ses clefs ; son porte-monnaie ; l'argent dans le porte-monnaie, 20 $ ; une bouteille d'eau ; et des lunettes de soleil pour cacher ses yeux violets dont tout le monde se moquait. Elle ferma la maison, caressa la tête de Beethoven, son saint-bernard noir et blanc. Quand ils l'avaient recueilli, Emma et sa famille ne lui avaient pas trouvé de nom. Ils avaient donc décider d'en changer chaque semaine. Et cette semaine, c'était Beethoven. Elle couru dans sa rue et attrapa son bus juste avant qu'il ne parte. Elle grimpa et attendit qu'il s'arrête devant la bibliothèque municipale. Là, elle prit le livre que sa prof de français lui avait demander de lire et s'assit dans un fauteuil. Elle caressa la couverture rouge en velours sur laquelle était marqué, en lettres élégantes du XVIIIème siècle, Madame Bovary. Elle savoura ce contact jusqu'à ce qu'une dame lui adresse la parole d'une voix douce.

Gardiens des IllusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant