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Chapitre 17

La semaine est passée à une allure ahurissante. J'ai tenté de rendre visite à Philippe, afin de pouvoir discuter, mais il était en déplacement et n'a pas eu une seconde à m'accorder. Tout comme mes amis d'ailleurs. Il est vrai qu'il n'est pas simple de nous voir, car nous travaillons encore tous, mais à ce niveau-là, c'est une nouveauté. Ils sont tous surbookés, tant et si bien que même leur présence à l'asso a été nulle. En revanche, Carole et Isabelle ont trouvé le temps d'aller chez un antiquaire pour compléter le cadeau de Philippe. Je n'ai aucune idée de ce qu'elles ont dégoté, mais j'espère que ce n'est pas le cadre moche que nous avions vu il y quelques semaines.

Bref, ces derniers jours ont été longs. Moi qui pensais retrouver Philippe et avoir une conversation importante avec lui, je me suis mis le doigt dans l'œil. J'ai l'impression que maintenant qu'il me sait de nouveau célibataire, il n'a plus besoin de faire d'effort. Me serais-je trompé à ce point-là ?

Je secoue la tête et tente tant bien que mal de me sortir ces questions de mon esprit, mais c'est très difficile. Je dors mal et peu, j'ai sans cesse peur que Phil trouve quelqu'un d'autre. J'ai le sentiment d'être coincé, incompris, d'avoir tout fait de travers. La seule chose dont je suis sûr, c'est d'avoir fait le bon choix quant à ma relation avec Stéphane. C'est inexplicable, mais je suis certain que mon bonheur n'était pas avec lui. Depuis que cette révélation m'est apparue, elle ne m'a plus lâché. Au moins, là-dessus, je suis constant.

— Thierry, souffle Séverine près de moi. On ouvre.

Je sursaute en entendant mon prénom et les mots qui suivent. Bon sang, il va falloir que je me ressaisisse pour accueillir nos lecteurs comme il se doit. Séverine déverrouille la porte et me rejoint à la banque de prêt. Elle saisit sa tasse de café et la porte à sa bouche.

— Tout va bien ? s'inquiète-t-elle. Tu es carrément ailleurs aujourd'hui.

— Je suis fatigué, je ne dors pas beaucoup.

Un sourire taquin s'invite sur ses lèvres.

— Non, Sève, pas à cause de ça.

Elle hausse les épaules, jette un œil à l'entrée et se penche vers moi.

— Quoi de neuf avec Monsieur X ?

Je la fixe, blasé.

— Rien. Rien de rien et plus que rien encore. Je ne l'ai pas vu depuis l'autre soir à l'asso. Il est surbooké, tout le monde l'est d'ailleurs et moi je ronge mon frein.

— Demain est un nouveau jour, répond Séverine en reposant son mug. C'est aussi l'anniversaire de Monsieur X. Tu vas pouvoir le retrouver, lui parler et... tu veux toujours que je t'accompagne ?

Oh bordel ! Je n'ai pas prévenu Philippe que je venais avec quelqu'un. Enfin, plutôt que la personne en question avait changé.

— Euh... moi oui, mais j'ai un petit peu oublié de le dire à Phil. Je reviens.

Je ne lui accorde pas le temps de rétorquer quoi que ce soit et file dans le bureau. Je ferme la porte derrière moi et saisis mon téléphone pour appeler Phil. Par la vitre, j'aperçois Séverine secouer la tête de dépit. Je m'apprête à laisser un message quand au bout de quelques sonneries, la voix de Phil raisonne.

— Oui, allô ? Thierry ?

Je reste muet. Je ne m'attendais pas à ce qu'il réponde.

— Titi, tu es là ?

— Euh oui.

— Tu vas bien ?

— Oui, oui, ça va. Je pensais tomber sur ton répondeur.