Chapitre 13

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Assis à la table de cuisine de Luc je détaille les vinyles qu'il a achetés pour Philippe avec attention tout en écoutant d'une oreille distraite les bavardages de mes amis. Je dois avouer que les choix de Luc sont parfaits, Bowie, The Velvet Underground et un coffret de Van Halen que Philippe aime plus que tout. Je sens que la soirée sera placée sous le signe des riffs de guitare du légendaire Eddie.

J'espère que Stéphane, dont les goûts semblent plus classiques, appréciera. Encore faut-il qu'il accepte de venir. Pour cela, il faudrait que je me décide à lui demander, car en y réfléchissant, je ne suis pas certain que ce soit l'idée du siècle. Malgré ce que m'a dit Philippe, j'ai un peu peur de ce que leur rencontre peut donner.

— Tu en penses quoi, Thierry ?

— Pardon ?

La voix d'Isabelle me tire de mes tergiversations. Tous les yeux sont braqués sur moi et je n'ai aucune idée de ce dont on me parle.

— La bague, répond Isabelle.

Je fronce les sourcils.

— Quelle bague ?

Mon amie lève les yeux au ciel et me désigne la main que Carole tend vers moi. Je me ressaisis et pose mes prunelles sur les nombreux bijoux qui ornent ses phalanges. Je soupire.

— Désolé, Carole, mais tu en as tellement que je ne perçois pas la nouveauté.

Carole glousse tandis qu'Isabelle souffle.

— Celle-ci, s'agace cette dernière, en posant le doigt sur un gros anneau en or blanc surmonté d'une énorme pierre noire.

— Ah oui, en effet, rétorqué-je. Difficile de ne pas la remarquer.

— Tu n'aimes pas ? s'inquiète Carole.

— Si, elle est magnifique. Elle te correspond.

— Exactement, renchérit Isabelle. Quand je l'ai vue dans la boutique, je n'ai pas pu résister.

Elle se penche vers sa femme et l'embrasse avec tendresse. Elles sont adorables toutes les deux. Elles forment le couple idéal à mes yeux. Elles se connaissent sur le bout des doigts, devinent les moindres pensées de l'autre et ne manquent pas une occasion de se gâter et se faire plaisir. J'envie leur complicité.

— Les disques te plaisent ? me demande alors Luc en triturant sa tasse de café.

— Ils sont fantastiques, tu as très bien choisi.

— J'ai tout de même peur que ça ne suffise pas, intervient Carole. Ce sont de beaux cadeaux, mais j'imaginais quelque chose de différent.

— On pourra refaire un tour chez un brocanteur, ajoute Isabelle. Phil aime les vieilleries.

— Pas en matière d'homme, glousse Carole.

Isabelle lui fait les gros yeux et un silence de plomb tombe sur la tablée.

— C'est bon, râlé-je en levant les yeux au ciel. Pas la peine de faire cette tête. En plus, il a rompu avec Olivier.

Les yeux s'écarquillent et les bouches s'ouvrent de surprise.

— Olivier est hors-jeu ? s'étonne Luc.

— Depuis quand ? m'interroge Isa.

— Bah merde alors ! souffle Carole.

— Moi je trouve ça bien, ajoute Isa. Il n'était pas heureux avec lui.

— Je crois qu'il n'est heureux avec personne, continue Luc.

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