Chapitre 8

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En comparaison de tout ce que Harry avait connu jusqu'à présent, sa nouvelle chambre lui parut somptueuse. Un vaste lit à baldaquins, un bureau de ministre, une armoire imposante, une cheminée dans laquelle brûlait un bon feu... Impressionné, il resta un instant figé sur le seuil sans même oser y pénétrer. Et dire que Severus Rogue avait osé insinuer qu'il serait traité comme un domestique !

La chambre était située au premier étage, en face de celle du maître des lieux, comme le lui fit remarquer le valet qui l'accompagnait, un petit homme maigre et dégingandé, aux grands yeux globuleux, répondant au nom bizarre de "Dobby".

La malle et le sac de voyage avaient été montés dans la chambre. Harry déposa son violon sur le bureau, songeant qu'il devait absolument se changer avant de descendre dîner. D'ailleurs, le contact de ses vêtements humides et salis par le voyage lui était devenu insupportable. Dès que Dobby l'eut laissé seul, il s'empressa de sortir de sa malle une chemise au col montant, un pantalon et un gilet sans manche. Il ne disposait que d'un petit choix de tenues correctes, et aucune d'entre elles n'était très élégante, même celle qui lui servait habituellement pour les concerts. Bah...il faudrait que le Lord s'en contente. De toutes façons, l'homme savait bien que Harry ne roulait pas sur l'or.

Quand il fut changé, il entrouvrit sa porte. Dobby se tenait là, debout dans le couloir, attendant qu'il fût prêt pour le conduire auprès du maître. Ils redescendirent le grand escalier, et longèrent un large couloir orné de portraits de personnages aux visages sévères, avant d'arriver devant une porte à double battant. Elle était ouverte, et Dobby fit signe au garçon d'avancer, lui adressant au passage un petit mouvement de tête encourageant.

Harry découvrit une pièce de dimension moyenne, d'un goût sobre et raffiné. Aussitôt entré, il nota la présence sur le côté d'un clavecin de belle facture. Le mobilier était constitué de plusieurs fauteuils et canapés, de guéridons, ainsi que de trois petites tables de jeu. L'une d'elles était dressée pour un unique couvert. Quatre hommes étaient assis dans les fauteuils, fumant, buvant et discutant. Lord Voldemort se trouvait parmi eux.

En voyant approcher Harry, le maître se leva et vint à sa rencontre. Son regard parcourut rapidement le jeune musicien des pieds à la tête, et ce dernier ne put s'empêcher de rougir. Sans doute l'homme trouvait-il sa mise assez médiocre... Mais s'il le pensa, le Lord n'en laissa rien paraître, au contraire, il prit un air satisfait et lui saisit familièrement le bras.

-Etes-vous bien installé, Harry? Lui dit-il d'un ton affable tandis qu'il l'entraînait en direction des hommes assis dans les fauteuils.

-Oh, oui! La chambre est très belle, je vous remercie, répondit vivement le garçon.

-Je suis ravi que cela vous convienne. Barty m'a appris que vous aviez eu quelque difficulté à vous séparer de votre famille, ce que je comprends volontiers. Je m'en voudrais que vous ne receviez pas sous mon toit un accueil suffisamment chaleureux pour vous faire oublier votre peine...Venez là, que je vous présente celui avec qui vous allez certainement passer des heures à travailler. Voici Peter Pettigrew, notre maître de musique !

Un homme rabougri d'une quarantaine d'années, au cheveu rare et aux traits pointus, se leva précipitamment et serra la main de Harry en laissant échapper un petit rire gêné. Ses dents de devant, longues et proéminentes, le faisaient ressembler à un rongeur.

-Enchanté de faire votre connaissance, Mr Potter, balbutia-t-il avant de retomber dans son fauteuil, non sans avoir jeté un regard apeuré en direction de Lord Voldemort, qui ne semblait déjà plus lui prêter attention.

-Voici ensuite Jack Mulciber, un ami de longue date, peintre de son état. Comme vous pouvez le constater, j'aime à m'entourer d'artistes...

L'artiste en question ne se leva pas, il tendit une main molle à Harry en lui jetant par en dessous un regard acéré, ses lèvres étirées en un sourire narquois. C'était un homme entre deux âges, brun, mal rasé, à l'allure négligée. Le garçon lui trouva l'air froid et méprisant.

Passion coupable (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant