1941, Londres
Aziraphale serrait avec force la sacoche en cuir contre sa poitrine, assis à la place passager de la Bentley de Rampa. Il l'étreignait avec force, s'assurant que rien n'arriverait aux précieux livres qu'il avait mis des années à trouver et qu'il avait faillit perdre dans l'église. Petit à petit, il se remettait de ses émotions alors qu'ils roulaient à travers les rues, pour la plupart détruites, de Londres. Il avait cru qu'il allait être désincorporé par les nazis, n'ayant plus jamais l'occasion de voir Rampa,-si tant soit peu que le démon veuille à nouveau le voir après leur dispute. Et pourtant, il était venu ! Son cher serpent avait débarqué dans l'église malgré le sol consacré et l'avait sortit d'affaires. Comme si ça ne suffisait pas, il avait sauvé ses livres.
L'ange se tourna vers Rampa en sentant son cœur se serrer en revoyant son air désinvolte lui tendre la sacoche, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Alors même qu'ils s'étaient quittés après une dispute, lors de leur dernière rencontre. Que l'ange lui avait dit qu'il n'avait pas besoin de lui. Le démon les avait sauvés, lui et ses livres, parce qu'il tenait à lui.
« Ça va ? demanda Rampa en se sentant observé, lui jetant un regard à travers ses lunettes teintées.
-O-oui, répondit Aziraphale, penaud de s'être fait remarquer. Tout va très bien. Et toi ?
-Mmh, » se contenta de dire Rampa en retournant son attention sur la route. L'ange fronça les sourcils, prêtant attention à la mâchoire serrée de son ami, ses doigts crispés et sa posture raide. Il hésita puis demanda doucement :
« Ceux sont tes pieds qui te font mal ?
-Hein ? Oh, oui, oui, c'est ça. Mes pieds. » Aziraphale sentit sa gorge se serrer devant l'air préoccupé du démon, son absence d'éloquence et sa mine inquiète. Il reporta ses yeux sur sa sacoche en émettant un soupir silencieux. Est-ce que le démon regrettait d'être venu le sauver ? Est-ce qu'il lui en voulait encore pour les mots qu'ils avaient échangés, la dernière fois ? Ou voulait-il encore lui demander de l'eau bénite ? Pour tenter de détendre son ami, il reprit avec reconnaissance :
« Merci de m'avoir sauvé.
-Ce n'était rien, mon ange, assura aussitôt Rampa en lui souriant, se détendant soudainement comme s'il l'avait sorti d'un mauvais songe.
-Ce n'était pas rien. Et... merci, pour les livres. C'était ge...
-Je t'ai déjà dit de la fermer. » Aziraphale sourit, les yeux pétillants, retrouvant son démon à la langue bien pendue. Il supposa que l'inquiétude de son ami était dû aux bombes larguées dans toute la ville et poursuivit donc :
« Où habites-tu, en ce moment ?
-Un petit appartement, pas très loin de ta librairie. J'ai remarqué que c'était la seule zone épargnée de Londres, alors je m'y suis établi. Tu as négocié quelque chose avec le paradis ?
-Ils voulaient se servir de ma librairie comme base, au début du siècle dernier, tu te souviens ? Quand Gabriel est venu, pour me ramener au paradis. Ça n'a donc pas été compliqué de leur faire entendre que ce serait compliqué de déménager et qu'en tant qu'ange, j'avais d'autres choses à faire que déménager. Tu ne risques rien, dans le quartier.
-Je ne savais pas que tu t'en préoccupais. » Aziraphale ouvrit la bouche pour s'indigner mais se retint. Après tout, c'est comme cela qu'il avait traité Rampa au siècle dernier, comme s'il ne lui importait pas. Pourquoi réclamerait-il le droit que le démon lui fasse confiance, maintenant ?
La Bentley s'arrêta finalement devant la librairie d'Aziraphale. L'ange hésita, tenant toujours la sacoche, et proposa doucement :
« Tu veux venir boire un coup ? Ça fait longtemps...
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Good Omens
FanfictionFanfiction concernant Good Omens. Les chapitres sont indépendants les uns des autres, sauf indication.