La fin de Sodome

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Aziraphale finit d'enrouler les parchemins qu'il emportait avec lui et les rangea dans son sac de cuir. Il soupira en levant les yeux pour observer autour de lui. Il avait mis des années à s'installer confortablement dans sa maison. Il regarda avec regret la bibliothèque qu'il avait faite construire pour y ranger ses papyrus et ses parchemins, son fauteuil installé près de l'âtre servant de cheminée, le petit coin qu'il avait aménagé pour faire la cuisine.

Il soupira. Gabriel était venu ce matin pour le prévenir. Les anges étaient furieux et ils comptaient incendier Sodome. Aziraphale avait protesté, mais l'archange lui avait rétorqué que ce n'était pas à lui de décider. Il lui laissait la journée pour partir avant qu'ils n'incendient Sodome et Gomorrhe. Et comme toujours, Aziraphale avait cédé et était prêt à partir.

Le soleil commençait à descendre doucement. Aziraphale prit ses affaires et sortit. Il s'arrêta pour observer les gens autour de lui. Une mère traversait la rue avec ses deux enfants, qui piaillaient joyeusement derrière elle. Un homme en toge descendait de son cheval, des parchemins sous la bras. Deux autres se tenaient à l'ombre d'une maison, discutant à voix basses, leurs visages proches.

Aziraphale les observa un moment, les paroles de Gabriel résonnant dans sa tête. Mais il n'avait pas le temps. Il fallait qu'il prévienne quelqu'un.

Il se faufila dans les rues jusqu'à une petite maison où les fenêtres étaient pleines à craquer de plantes. Il inspira profondément avant de lever la main et frapper. Il attendit un instant avant que Rampa ne vienne lui ouvrir la porte, un pot de terre dans les mains. Il sourit en le découvrant, ses longs cheveux roux dansant dans son dos.

« Mon ange, salua-t-il. Tu veux qu'on aille dîner ensemble ?

-Non. Il faut que nous partions.

-Qu'on parte ? Pourquoi ? Non, je m'en fiche, je ne veux pas partir, siffla le serpent d'un ton capricieux. Tu as l'impression que je peux prendre toutes ses plantes avec moi ?

-Rampa, mon camp va anéantir Sodome et Gomorrhe.

-Q-quoi ? s'étrangla le démon avec horreur. Pourquoi ? » Aziraphale baissa honteusement la tête en se tournant pour observer les rues. Rampa suivit ses yeux pour observer deux femmes se tenant la main et se dévorant du regard. Le démon émit un bruit étranglé en reprenant, un léger air coupable sur le visage que l'ange ne sut interpréter : « Pour ça ? Parce qu'ils s'aiment entre hommes et entre femmes ? Qu'est-ce que ton camp a contre ça ?

-Gabriel a dit que Dieu avait créé Adam et Eve, pas Eve et Eve. J'ai essayé de l'en dissuader, mais il n'a pas écouté. Rampa, il faut que nous partions, ils vont tout détruire.

-Mais nous devons les aider ! On ne peut pas les laisser mourir, on doit les prévenir ! » Il posa son pot à ses pieds, écarta l'ange et se précipita dans les rues. Aziraphale remarqua les gros nuages noirs s'amoncelant dans le ciel. La peur enserra sa gorge.

« Rampa ! Arrête, on doit partir ! » Le démon s'arrêta devant les deux femmes en s'exclamant :

« Il faut que vous partiez ! La ville est en danger, elle va être détruite.>> Les deux femmes échangèrent un regard gêné, sourire avec condescendance au démon et s'éloignèrent. Aziraphale s'apprêtait à lui attraper le bras quand le rouquin s'avança pour les suivre en insistant : « C'est vrai ! Vous devez partir !

-Rampa ! » Aziraphale l'empoigna et le couple de femmes s'empressa de partir. Le démon lâcha un gémissement en se tournant vers lui, ses yeux dorés grands ouverts. Il fronça les sourcils avec colère.

« Pourquoi ton camp fait ça ? Tu n'arrêtes pas de te targuer que ton camp est le camp des gentils. Les miens n'ont jamais détruits de villes entières ! Encore moins juste parce que les gens s'aiment.

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