Je ne parlais à aucune de mes sœurs. Raconter ma rencontre avec Basile Dash devait rester secrète. Elles me poseraient un milliard de questions et je n'avais pas le courage de leur répondre. J'entrai dans la maison et passai rapidement dans le hall. Je montai les marches deux par deux pour ne pas qu'une bonne ou ma mère elle-même tombent sur mes vêtements souillés. Cette dernière pourrait en faire une attaque, pensant que j'ai été kidnappé ou tout simplement tombée dans la boue.
Je m'enfermai dans ma chambre et me changeai. Une nouvelle robe pour ce soir, sans boue ni herbes collées aux jupons. Je refis un peu mes cheveux. Ils étaient en piteux état. Mes joues étaient rouges et brûlantes.
Pourquoi n'avais-pas crié sur cet homme ? Il avait osé...m'embrasser. C'était inconcevable. Personne ne devait le savoir, même s'il y avait des témoins. Ma réputation pourrait être ruinée à cause d'un malheureux bouche à bouche. Mais en même temps, il m'avait sauvé. Je n'arrivais plus à respirer. Sans lui, je serais peut-être morte à l'heure qu'il est. L'ai-je remercié pour cela ? Je ne me souvenais plus.
J'allais le revoir vendredi. Qu'allait-il penser de moi sachant qui je suis ? Je n'étais pas n'importe qui. C'était la vérité. Ma famille était connue et riche. On nous enviait. On faisait de grands bals dans notre autre demeure à quelques kilomètres d'où nous habitions. Nous étions réputées. Serait-il abasourdi ?
Je descendis pour le diner. Mes sœurs étaient déjà installées. Papa nous rejoindrait un peu plus tard. Maman, elle, lisait le journal. Madeleine récitait tous les poèmes qu'elle connaissait. Je l'écoutai avec plaisir. Sa voix était toujours enchanteresse.
- Tu es revenue bien tard Gabi, dit Sissi qui se servait dans le plat de pomme de terre.
Elle me le donna et j'eus droit à un clin d'œil. J'essayai de ne pas rougir. Ce n'était pas le moment. Je me servis à mon tour, mais peu.
- J'ai profité du soleil avant qu'il ne décline. Qu'avez-vous fait, vous ?
- J'ai cousu un chapeau pour maman. Madeleine a chanté. Les autres se sont enfermées dans leurs chambres.
Je haussai un sourcil. Je me demandais bien à quoi pouvait ressembler le prétendu chapeau. Sissi n'était pas très douée pour ce genre de chose. Mais quand elle s'appliquait dans un domaine, elle pouvait faire de belles créations.
- Mange un peu Gabrielle, fit la voix impatiente de mère.
Elle trouvait toujours que je ne mangeais pas assez. Elle s'assit enfin à table, reposant son journal sur la nappe au blanc immaculé. Je mis une fourchette d'haricot en bouche pour lui faire plaisir. Victoire, encore surexcitée, ne cessait de parler à tout va à une domestique qui remplit son verre d'eau.
- J'ai demandé vos robes. L'essayage est pour demain matin, mes filles. Miss Lonon espère que tu pourras chanter au bal de monsieur Dash, Mady. Et que Gabi pourra t'accompagner au piano. Cela vous permettra de vous distinguer des autres et de montrer vos talents, mes chères filles. Je pense que ce monsieur nous y autorisera.
Je m'en doutais. Elle allait montrer nos atouts. Elle était prête à tout pour que l'une de nous épouse cet homme. Cet homme que j'avais déjà rencontré.
- D'accord mère.
Mady n'oserait pas refuser cela à notre maman.
~
Le bal de vendredi arriva bien plus vite que prévu. On m'avait vêtu de ma plus belle toilette. Une magnifique robe verte qui faisait ressortir mes iris clairs. Mes cheveux étaient lâchés jusque dans le milieu de mon dos. Chose rare.Lorsque je me regardai dans le miroir, je me reconnus. C'était le principal. Je voulais rester moi-même et puis de toute manière, je ne cherchais pas d'époux. J'y allais parce que j'étais obligée. Quand enfin, les femmes ne seraient plus obligées de faire quoi que ce soit dans ce monde ?
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Les sœurs Wood : bal
Tiểu thuyết Lịch sửToute la ville de Charleston est en émoi. Le beau comte Basile Dash revient de son voyage en Afrique après dix ans. Toutes les mères espèrent marier leurs filles à ce bel homme. Mais qui choisira-t-il pour combler sa vie ? Gabrielle n'est pas du gen...