- Maman, répéta l'enfant qui ne me quittait pas des yeux.
Je ne la connaissais pas et ne l'avais jamais vu. Pourquoi m'appelait-t-elle maman ? Je me redressai et l'homme m'aida en posant une main dans mon dos. Je sentis sa chaleur à travers le tissu de ma robe. Je le détaillai discrètement, reprenant mes esprits en même temps. Il était beau, même très beau. Il avait du charme. Des cheveux noirs profonds, des iris orageuses, une mâchoire carrée et marquée. Au vu de ses vêtements, ce n'était pas un paysan. Il devait être fortuné. Très fortuné. Et il était massif, c'était impressionnant. Faisait-il beaucoup de sport ?
- Vous allez bien mademoiselle ?
En plus de tout cela, il avait une voix charmante. Je le regardai, à moitié sonnée.
- Bien-sur, pourquoi ?
Il émit un rire qui me hérissa. Se moquait-il de moi ? La petite fille d'environ 8 ans me fixait toujours, un air inquiet sur le visage.
- Papa, maman va bien ?
Je fronçai des sourcils. Parlait-elle de moi ?
- Je vais parfaitement bien, merci, répondis-je.
Il enleva enfin ses mains pour emprisonner les miennes et me relever. Je fus sur mes pieds en un temps record. Ma tête me tourna un peu avant que tout se stabilise. Je me retins aux épaules de l'inconnu qui me sourit.
- Mademoiselle va mieux Lénor, ne t'inquiètes pas. Que s'est-il passé ?
Il nous regarda tour à tour, sa fille et moi. La petite prit les devants.
- Lancelot a pris peur et elle m'a sauvée. Il est parti par là.
Je regardai autour de moi. Dans la clairière, il y avait énormément de cavaliers à cheval. Tous nous regardaient mais restaient à bonne distance. J'imaginai qu'ils accompagnaient l'homme. Je n'osais imaginer ce qu'ils pensaient de moi mais ils écoutaient attentivement la conversation.
- Comment vous appelez-vous mademoiselle ? me demanda le bel homme.
Il se pencha pour ramasser mon panier et ma bouteille en verre qu'il porta, mais ne me les donna pas. J'hésitai à divulguer mon identité. Me retrouver seule avec lui pourrait me nuire. Je n'avais pas de chaperon et c'était un homme. Si quelqu'un me voyait...De plus, mes cheveux étaient à découvert. Je n'étais vraiment pas habillée ni coiffée pour les circonstances. Je ne croisais jamais personne ici d'ordinaire.
- Cela n'a pas d'importance pour l'instant.
Je m'inclinai par politesse. Ses yeux brillèrent en détaillant mon visage.
- Je suis le comte Basile Dash et voici ma fille, Lénor. Merci de vous être occupée d'elle. Je ne saurai comment vous remercier. J'ai essayé de venir le plus vite possible. Lénor, tu sais bien que tu ne peux pas monter sur Lancelot. Je te l'ai interdit. C'est un cheval sauvage. Il est imprévisible.
J'eus un sursaut. Basile Dash ? Je reculai de quelques pas pour mettre plus de distance entre nous. Je frottai ma robe. J'avais quelques brins d'herbes accrochés. Elle qui était si blanche, était devenue de la même couleur que la prairie, avec de la terre collée.
- Inutile de me remercier.
- Comptez-vous rentrer à pied ? ajouta-t-il.
Je hochai la tête. Je n'étais pas si loin de chez moi. Et je ne voulais pas qu'il découvre qui j'étais. Ma vie était en jeu. Si quelqu'un nous voyait, je ne m'en sortirais pas. Tout le monde se dirait que je suis fille de joie, ou que savais-je. C'était arrivé à bon nombres de femmes et toutes avaient du épouser l'homme avec qui elles avaient été vues en mauvaise posture. La réputation de ma famille était en jeu.
- Oui, merci pour...tout ça. Je vais m'en sortir. Je vais devoir vous laisser.
J'allai me retourner pour partir mais le lord me retint en attrapant mon bras.
- Voulez-vous qu'on vous raccompagne ? Il se fait tard et vous avez sauvé ma fille. C'est la moindre des choses de vous raccompagner.
Je secouai la tête en souriant aimablement.
- Je vais devoir refuser, mais je vous remercie. A bientôt Lénor.
Je tendis la main à la petite fille qui au lieu de la serrer, se jeta contre mes hanches pour s'accrocher à moi. J'émis un petit rire et caressai délicatement son dos. Je m'abaissai à sa hauteur et remis une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. Etrangement, elle et moi nous nous ressemblions. Nous avions toutes deux les iris vertes. Je sentis comme un lien entre nous. C'était étrange à décrire.
Mais cet enfant me ressemblait. Surtout lorsque j'avais son âge. J'étais une vraie imprudente, toujours à faire des bêtises.
Son père me regardait avec une dôle de lueur dans les yeux.
- On se reverra probablement. Plus d'imprudence, jeune fille. Je ne serai pas toujours là pour te sauver, on est d'accord ?
Elle éclata de rire et je me relevai, attrapant mes jupons pour les remettre en forme. Ils étaient plein de terre et d'herbe. Je ne devais plus ressembler à quelque chose. Le lord me rendit mon panier et il ramassa mon chapeau que j'avais oublié. Je rougis en me rendant compte que j'enfreignais toutes les règles de la bonne société. Cette fois-ci, je m'en allai vraiment.
- Comment vous appelez-vous miss ? s'écria l'homme avec une lueur de curiosité dans la voix.
Je m'arrêtai mais ne me retournai pas. D'une voix pleine de malice, je lançai :
- Quelle importance ?
Je continue mon chemin, traversai la clairière, passant devant les cavaliers qui me suivirent du regard jusqu'à ce que je disparaisse.
VOUS LISEZ
Les sœurs Wood : bal
Fiksi SejarahToute la ville de Charleston est en émoi. Le beau comte Basile Dash revient de son voyage en Afrique après dix ans. Toutes les mères espèrent marier leurs filles à ce bel homme. Mais qui choisira-t-il pour combler sa vie ? Gabrielle n'est pas du gen...