Anciennes connaissances

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Une grande route partait de Linfaël en direction de l'Est. Laufern m'expliqua que c'était le grand axe qui reliait la cité des elfes à Ildirion, la plus grande ville de Feurëlfia. C'était jadis la plus majestueuse citadelle qui regroupait toutes les races de ce monde. Il ne s'agissait plus désormais que d'un carrefour commercial.

Nous rendre jusqu'à Ildirion ne devait pas être un problème même si le bois de Naël, par lequel passait notre route, était connu pour être particulièrement tortueux. C'était surtout le reste du chemin jusqu'à la forêt de Mauren qui était plus compliqué à trouver.

Nous marchâmes sur des kilomètres au milieu des plaines de prairies verdoyantes. Malgré un petit vent qui accompagnait nos pas, le temps était plutôt agréable. Nous croisâmes de temps à autre des elfes montant de magnifiques chevaux. Bien entendu, ils ne prenaient pas la peine de nous prêter la moindre attention.

Nous arrivâmes finalement au bois de Naël. Ici, effectivement, le chemin était bien moins évident. Le décor était cependant fantastique. Les arbres épais, les feuillages touffus, les halos de lumière dorés, le sol couvert de feuilles mortes, l'atmosphère était féerique.

Nous marchions pendant un moment dans cette splendide forêt, les yeux grands ouverts sur toute sa beauté, lorsque nous nous rendîmes compte que nous n'étions peut-être plus tout à fait sur le chemin.

- On vient de là non ? me demanda Laufern en pointant une direction du doigt.

- Je ne sais plus, avouai-je. J'ai pas fait attention.

- Ça fait longtemps qu'on marche ? On doit plus être loin de la sortie du bois je pense.

- Je ne sais pas, en tout cas on n'a plus croisé d'elfe depuis un moment. Impossible de demander notre route !

- Tant pis. La forêt ça me connaît ! Je vais nous sortir de là en un rien de temps !

À ce moment-là, des cordes glissèrent à nos pieds et avant que nous ne puissions faire quoi que ce soit, nos jambes furent ligotées, nous faisant alors tomber par terre.

- Qu'est-ce que... protestai-je, décontenancé.

C'est alors que deux petites personnes surgirent de nulle part en criant et en brandissant des haches.

- Aaaaarrh !!!

- Whouaaah !!!

Je me retournai. Ils étaient petits, larges du ventre, portaient des fourrures et de longues barbes. C'était des nains.

- Mais... Qu'est-ce que vous voulez ? me débattais-je.

J'essayai de me redresser mais un des nains me repoussa face contre terre. Ils sautaient autour de nous, dansaient de joie en braillant des chants de guerre.

- Détachez-nous ! hurla Laufern. Maudits nains !

Une flèche siffla et se planta entre mes jambes, coupant mes liens. Une deuxième flèche atterrit à quelques centimètres des pieds des nains, les pétrifiant sur place. Je m'empressai de me relever et de détacher Laufern.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? s'inquiéta un des nains.

C'est alors qu'un elfe apparut, un arc entre les mains. Et ce n'était pas n'importe quel elfe, c'était le guérisseur à qui nous avions demandé de nous servir de guide.

- Qu'est-ce que vous faites là ? questionnai-je.

- Je me suis dit que vous auriez besoin d'aide après tout, avoua l'elfe. Je vois que j'ai eu raison finalement ! Ne me remerciez pas surtout !

- Ouais c'est ça ! s'exclama Laufern.

L'elfe reporta son attention sur les nains qui n'osaient toujours pas bouger.

- Et vous là ! Qu'est-ce que vous faites ici ?

- Rien ! Rien ! On s'amusait un peu c'est tout ! On ne voulait rien faire de mal !

- C'est dingue, me confia Laufern. Ça discute en langage elfe et nain et pourtant je comprends absolument tout ! Cet appareil que m'a offert Lys Alopogien est vraiment la meilleure chose qui me soit arrivée !

- Mais... je vous reconnais vous ! fit l'un des nains en nous désignant. Mais oui ! C'est vous qui avait récupéré la couronne !

- De quoi ?

- La couronne des fées là ! Celle qu'on devait nous vendre dans la ville abandonnée des Costes mais que vous avez récupérée !

Je réfléchissais. Ils faisaient donc partie des nains qui étaient là-bas avec les gobelins ! Juste avant que nous disparaissions avec Laufern.

- C'est pas vrai ! m'exclamai-je, enthousiaste. Alors c'est vous ? C'est incroyable ça !

Étrangement, cela me faisait plaisir de retrouver des personnes que nous avions rencontrés avant... tout ça, même s'il ne s'agissait que des nains que nous avions croisés.

- Qu'est devenue la couronne d'Envëil ? demanda Laufern.

Dans ce sens, je dus bien évidemment traduire sa question aux nains.

- Eh bien le prince fée, ce... Danaginn, a dû la rapporter à son peuple j'imagine et, comme convenu, il est venu lui même nous offrir la récompense du roi Elsarinn. Une bien belle récompense.

- Alors tout est rentré dans l'ordre ! Les fées et les leprechauns ont donc trouvé un terrain d'entente ?

- D'après ce que l'on dit, oui.

- C'était il y a combien de temps ? demandai-je. Je veux dire, l'échange avec la couronne dans la ville abandonnée, quand nous nous sommes vus.

- Je ne sais plus... une dizaine de jours je dirais.

- C'est ça... d'accord.

C'était environ le nombre de jours que nous avions passé dans les autres mondes. À peu près car nous étions atterris de jour ou de nuit selon les mondes et les passages dans l'espace faussaient les chiffres mais c'était dans ces eaux là. Je voulais simplement vérifier que le temps s'était déroulé normalement quand nous n'étions pas là.

- Mais qu'est-ce que vous faites ici ? nous demanda le nain. Vous ne devriez pas être avec les fées et les leprechauns ?

- C'est une longue histoire mais nous y allons maintenant ! Enfin... si notre guide accepte de nous accompagner.

L'elfe, qui était resté silencieux devant cette scène qu'il ne comprenait pas tout à fait bien qu'il en saisit les grandes lignes, nous confirma d'un signe de tête qu'il acceptait de nous conduire. Nous saluâmes les nains et répriment notre route. L'elfe leur rappela tout de même qu'il y avait mieux à faire que d'embêter les voyageurs qui se perdaient dans ce bois. Mais cela semblait beaucoup les amuser.

Grâce à notre guide nous sortîmes de la forêt assez rapidement et après avoir parcouru encore quelques kilomètres dans les plaines, nous arrivâmes enfin à la grande cité d'Ildirion.

Il n'y a pas de mot pour décrire une telle citadelle. Entourée de hauts remparts, ses tours et ponts en pierres massives lui donnaient une allure imposante. Ildirion était vaste et majestueuse. Son aspect était plus brut que celui de Linfaël mais n'en demeurait pas moins impressionnant. On y retrouvait des auberges, des forges, des écuries et autres commerces. La cité était fortement fréquentée par différentes races : des nains, des elfes et même des gobelins. Pourtant, l'ambiance n'était pas à la fête. On sentait que tout ce monde était là pour les affaires et rien d'autre.

Nous ne nous attardâmes malheureusement pas dans la citadelle. Nous récupérâmes de quoi manger car le soleil commençait à faiblir et il nous faudrait monter un camp avant la nuit. La dernière que nous passerions avant de retrouver les leprechauns et les fées, enfin !

Les Contes Fantastiques de Will Murphy - Saison 5 : La ChuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant