08 - plan B

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Je les entendais crier mon nom. Cela faisait plusieurs heures que je pleurais, je n'avais pas bougé. Je ramenais mes genoux vers moi et mis ma tête dans mes bras. Je fermais les yeux, je ne voulais plus rien.

- Y/n enfin tu es là ! cria Armin en courant vers moi. T'as du sang sur ta chemise...
- Non, c'est pas le mien.

Il posa sa main sur mon épaule.

- On a croisé Eren.

Je relevai la tête d'un coup, les yeux gonflés.

- Et ?? m'empressai-je de demander.
- Il nous a dit de partir loin. Qu'il ne nous voulait pas de mal, et qu'il n'avait pas fait tout ça pour nous blesser. Il s'est même excusé auprès de nous. T'avais raison, il cherchait à nous protéger.

J'essuyais mon visage avec le revers de ma manche et me relevai.

- Il faut qu'on trouve un moyen d'empêcher Mahr d'attaquer. Sans ça Eren risque de mourir.
- Je suis d'accord avec Y/n, fit Livaï. Ce morveux a vécu assez de choses traumatisantes comme ça.
- Alors qu'est-ce qu'on fait, demanda Connie. On n'a pas réussi à le convaincre.
- Il faudrait convaincre l'ennemi alors, déclara Mikasa. Armin pourrait y aller avec Hansi en tant que représentants de l'île et négocier avec Mahr pour qu'ils ne nous attaquent pas.

Je regardais mon amie. Son visage semblait plus reposé, l'aveu d'Eren avait dû la soulager.

- Mikasa a raison, dis-je.
- On peut toujours essayer.

Armin n'avait pas dit ça d'un ton déterminé, mais je savais qu'il réussirait. C'était le plus intelligent et le plus éloquent de nous tous. Il s'en sortirait très bien, surtout avec Hansi à ses côtés.

Après un bref échange avec l'armée Mahr, il était convenu qu'Armin et Hansi partent 3 jours de l'autre côté de la mer pour des négociations. Armin promettait de ne pas utiliser son pouvoir de titan uniquement si l'ennemi jurait de ne pas les piéger. Je trouvais le pari risqué, mais on n'avait plus le choix, ni le temps.

- On reviendra vite ne vous inquiétez pas, fit Hansi. D'ici là, gardez un œil sur Sieg et sur Eren.
- Bien Major.

Armin enfila sa cape et nous fit un petit signe de la main.
« Je t'en prie, reviens vivant. » pensai-je.
La possibilité qu'il soit tué dès son arrivée sur le territoire ennemi me terrifiait.

Livaï avait prévu beaucoup de choses pour nous occuper durant ces trois jours.

- Puisque les toutous d'Eren occupent les locaux de l'armée, on va devoir se déplacer vers le Nord-Est. Les montagnes nous permettront de nous cacher avant qu'ils nous retrouvent et nous butent comme des lapins.

Il se tourna vers moi.

- C'est bien ce qu'il voulait, non ?

Je hochai la tête.

- Alors on y va.
- Vous venez avec nous caporal ? s'étonna Connie.
- Vous croyez vraiment que je vais vous laisser ? Dans vos rêves. Je veux m'assurer que le peu qu'il reste de mon escouade ne se fasse pas bêtement tuer. Je serai très déçu de vous sinon.

On sourit tous. C'était sa manière à lui de nous montrer qu'il s'inquiétait.

- Soyez prêts dans quatre heures. Je vais briefer les autres soldats pour la garde de Sieg. Les chevaux sont prêts.

Neuf heures plus tard, on traversait une chaîne de montagnes par la vallée. De l'autre côté, il y avait quelques collines vertes avec un lac et une forêt. C'était un endroit qu'on n'aurait pas pu trouver par hasard vu sa localisation. Je me demandais comment Livaï le connaissait.
Le soleil se couchait et donnait au ciel une magnifique teinte rose.

- Il vaudrait mieux monter le campement près de la forêt non ? suggéra Jean. On sait jamais, au cas où des titans viendraient.
- Il y a une infime chance qu'on en croise honnêtement, mais on n'est jamais trop prudents. Mikasa et Y/n, allez chercher du bois pour le feu.
- Oui caporal.
- Connie, va faire boire les chevaux et Jean tu m'aides à défaire les sacs.

Tout le monde s'activa et tout fut fini en moins d'une demi-heure.
Comme les nuits précédentes, je n'arrivais pas à dormir ce soir-là. Je cherchais Livaï, je savais que lui non plus ne dormait pas.

- Pourquoi tu ne dors toujours pas ?

Je sursautai. Il venait de sortir de la forêt, des branches calées entre son bras et ses côtes.

- J'arrive pas.
- Je croirais entendre un enfant.
- Enfin je vous ferai dire que vous ne dormez pas non plus hein.
- Ça n'a rien à voir.
- Mouais...

Il posa le bois et s'assit avant de me faire signe de l'imiter.

- Caporal ?
- Hm ?
- Est-ce que vous mangiez les gâteaux que je vous préparais ?
- Oui.

Je souris.

- Ils étaient immondes.
- ...
- Mais le grand sourire que tu avais quand je les prenais suffisait à me convaincre d'accepter à chaque fois.
- Merci de ne pas avoir brisé le cœur de l'enfant que j'étais alors.

On resta un moment silencieux. Le ciel dégagé permettait à la lune d'éclairer le paysage. C'était un endroit très paisible. J'aurais aimé qu'il soit là.
Je sentais les larmes qui montaient et fis mon possible pour penser à autre chose. La main de Livaï se posa sur mon épaule.

- Ça va aller Y/n. Cet idiot a failli mourir des centaines de fois mais il est toujours là. C'est pas le genre de personne qui se laisse faire.

Je reniflai et remerciai mon chef d'escouade.

Trois jours plus tard, on était presque totalement installés. Après une ronde du périmètre le lendemain de notre arrivée, on avait découvert un très petit village partiellement détruit proche de la forêt. Certaines maisons étaient parfaitement intactes et habitables, bien que très sales, ce qui n'enchanta pas Livaï.
Je me sentais un peu mal de récupérer tous les biens des gens qui avaient dû fuir et tout laisser derrière eux. Leurs vêtements, leurs meubles, tout.

Toute la journée je ne pensais qu'à Armin et Hansi. Le caporal nous a assurait qu'il avait dit à notre major où on irait et je guettais la vallée toutes les cinq minutes en espérant voir deux minuscules points se rapprocher.

Vers 20h, alors qu'on mangeait tous dans une des maisons, on toqua à la porte. Tout le monde s'arrêta de mâcher. Ce ne pouvait être qu'eux. Je me précipitai sur la porte et l'ouvris à la volée.
Hansi et Armin me regardaient, les yeux remplis de peine.

࿐༉⟡꙳⋆

𝐑𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐥𝐞-𝐭𝐨𝐢 - 𝖾𝗋𝖾𝗇 𝗑 𝗋𝖾𝖺𝖽𝖾𝗋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant