06 - poursuite

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On avait fait un feu au milieu de la forêt. Il devait être 2 heures du matin mais mes amis discutaient toujours. Dos à eux, les genoux relevés presque sous le menton, je faisais semblant de dormir pour continuer d'écouter ce qu'ils disaient.

- Ça doit être un véritable choc pour Y/n, chuchota Connie. Nous, on a eu le temps de s'en remettre et de digérer le changement d'Eren.
- Faut dire que ça nous a secoués aussi au début, répondit Jean. Vous croyez que ses paroles étaient sincères quand on a fait semblant de se disputer dans la cellule ?
- A propos d'Eren et du fait qu'il a une bonne raison d'agir ainsi tu veux dire ? fit Armin.

Je ne pus réprimer un sanglot et ils se tournèrent tous vers moi.

- Y/n ? Tu dors pas ? me demanda doucement le blond.
- Non. J'y arrive pas.

J'avais froid sans lui.

- Je pensais ce que je disais sur le moment, repris-je. Mais c'est parce que je n'avais pas encore vécu ce que vous aviez ressenti. Quand il m'a hurlé que j'étais lâche dans le restaurant, je pensais que c'était sur le coup de la colère mais après...

Je leur racontais mon échange sous la fenêtre avec le brun en répétant chaque parole blessante accompagnée de larmes.
Armin me prit dans ses bras et Mikasa posa sa tête sur mon épaule.
On finit tous par s'endormir les uns contre les autres. J'avais peut-être perdu celui que j'aimais le plus, mais j'avais retrouvé mes amis.

Des bruits de pas sur les feuilles me réveillèrent en sursaut alors que le soleil se levait à peine. Je me redressai et Armin, assis lui aussi, me fit signe de me taire.
On se s'échangea un regard inquiet lorsque Mikasa cria :

- A TERRE !

On me plaqua au sol et une balle siffla près de mon oreille. Les mains sur ma tête et les yeux fermés, je commençais à trembler. Je n'avais pas eu le temps de voir qui nous tirait dessus, mais c'était certainement un pro-jaeger.
Le vacarme cessa et on se releva en un dixième de seconde avant de prendre la fuite en laissant tout derrière nous. Sauf le fusil du garde.
Je me retournai et tirai à l'aveugle. Un cri de douleur m'indiqua que je l'avais touché.
On couru pendant de longues minutes et on s'arrêta au bord d'une rivière, à bout de souffle.

- Et merde ! fit Jean. Ils nous laisseront jamais tranquille !
- Vous croyez qu'on l'a semé ? articula Connie à bout de souffle.
- Oui je pense, je crois que je l'ai touché.

Ils me regardèrent tous.

- Où est-ce que t'as appris à te servir de ça d'ailleurs ? me demanda Armin. Tu n'as pas assisté aux entraînements.
- Vous vous souvenez quand j'ai quitté le bataillon ?

Ils hochèrent tous la tête.

- J'étais à Mahr, j'avais infiltré la division de l'armée qui s'occupe de contrôler les Eldiens du camp de Revelio. C'est Hansi qui me l'avait demandé. Et pour ça j'ai dû apprendre à tirer au fusil.
- Tu... commença Mikasa. Tu as tué des Eldiens ?
- Quoi ?? Non non !! En fait, je les aidais à fuir vers le port pour qu'un bateau les emmène dans un pays neutre qui les accepteraient. On m'a ordonné de rentrer juste avant la bataille, si j'avais su ce qu'il allait se passer...

Je repensais à Gaby. Je l'avais beaucoup croisée pendant ces deux ans de l'autre côté de la mer, elle avait dû me reconnaître. Elle et ses 3 autres amis voulaient récupérer le titan cuirassé pour obtenir la nationalité Mahr. Les pauvres.

- Ils n'ont pas cramé que tu venais d'Eldia ? me demanda Jean.
- Non, j'avais un faux test sanguin rédigé par Jelena, ça a suffit.
- C'était donc pour ça que t'as quitté le bataillon, pour sauver d'autres Eldiens. Pourquoi Livaï n'a pas voulu nous le dire ?
- Parce que c'était confidentiel.

On se retourna vivement vers la personne qui venait de répondre. Un homme de petite taille s'avançait vers nous, son éternelle cape verte flottant derrière lui.

- CAPORAL !

Un sourire immense se dessina sur mon visage et on cogna tous les 5 nos poings sur notre cœur.

- Ravi de te voir en vie Y/n, fit Livaï. T'as pas eu d'ennuis là-bas ?
- Non, tout c'est bien déroulé.
- Parfait, maintenant que t'es là tu vas pouvoir nous aider à buter le singe et à contenir son frère.

J'approuvai d'un signe de tête.
Livaï Ackerman était certainement l'homme que je respectais le plus au monde.
Il y a une dizaine d'années, quand j'avais environ 8 ou 9 ans, j'avais pour habitude de lui offrir un petit gâteau emballé dans un bout de tissu à chaque expédition. Lorsque la cloche sonnait pour annoncer le retour du bataillon, je sortais en courant de chez moi, me faufilais dans la foule, manquais de me faire écraser par deux ou trois chevaux, mais parvenais toujours à tendre le bras vers lui et à déposer mon précieux cadeau dans sa main.
Je ne saurais pas dire s'il les trouvait bons ou s'il y avait goûté ne serait-ce qu'une fois, mais je sais que c'est grâce à lui que j'avais intégré l'armée et son escouade. Les conseils et le soutien qu'il m'apportait depuis ce jour expliquaient un peu plus la raison pour laquelle je faisais preuve de tant de dévotion.
Cet homme était le modèle que j'avais décidé de suivre.

- Vous venez d'où comme ça ? reprit le caporal.
- De prison.
- Hein ?
- Ouais, Eren nous a pris par surprise mais on s'est échappé grâce à Armin.
- Je vois...

Livaï sembla réfléchir puis soupira.

- Ils vont revenir vous tuer, à moins qu'Eren ne les arrête.
- Il n'ordonnera jamais de nous tuer, fis-je. Le garde qui nous surveillait disait qu'Eren ne voulait aucun blessé. Et puis c'est nous, notre mort est certainement la dernière chose qu'il souhaite.

« Je ne supporte plus vos sales gueules »

Je me mordais la lèvre en repensant à ses paroles, puis Mikasa cria encore :

- A TERRE !

࿐༉⟡꙳⋆

𝐑𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐥𝐞-𝐭𝐨𝐢 - 𝖾𝗋𝖾𝗇 𝗑 𝗋𝖾𝖺𝖽𝖾𝗋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant