Chapitre 4

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Leur hôte allume plusieurs lampes d'appoint et malgré les abat-jours en tissu tamisant la lumière, Virgile a encore du mal à s'habituer à la luminosité après être passé par ... il ne saurait même pas expliquer comment ils ont atterris ici, ni tout ce dont il vient d'être le témoin.

La pièce dans laquelle le trio vient d'atterrir est un grand salon, dont le sol en parquet est couvert par deux vastes tapis persans aux couleurs défraîchies et aux bords usés. Des bergères aux assises aplaties font face à un large Chesterfield vert au le cuir usé. Une bibliothèque couvre tout un pan de mur, ses étagères disparaissant sous des livres bien rangés ou empilés dans le désordre. Une multitude de petits meubles volants, de toutes formes croulent sous des plantes en pots, grimpantes, tombantes, grasses ou fleuries. Les fenêtres donnent sur une rue plongée dans l'obscurité.

Il fait toujours nuit. Au moins nous ne sommes pas à l'autre bout du monde, se répète Virgile.

Bryn s'avance d'un pas et adresse à leur hôte un petit signe de tête peu amène.

- Démétrios, dit-elle d'un ton très solennel et froid

Le dénommé Démétrios l'observe, sans beaucoup plus de sympathie puis se retourne vers Sandro. Son regard se pose sur Virgile avec défiance puis Sandro pousse une petite exclamation.

- Papa voici Virgile, un ... un ami. Virgile, mon père, Dom.

Virgile voudrait dire quelque chose mais il reste encore trop chamboulé par les évènements inexplicables qui viennent de leur arriver.

- Nous avons été retrouvés, intervient alors Bryn, comme si cela suffisait à expliquer la situation. Nous étions encerclés et je ne savais pas où nous réfugier. Est-ce que ta maison est sûre ?

- Pour un moment oui. J'ai installé des sorts de camouflage sur tout le périmètre, répond Dom d'une voix basse, comme s'il ne voulait s'adresser qu'à Bryn en aparté. Mais mes réserves sont plus que limitées, je ne préjuge pas de leur efficacité ni de leur durée.

Sandro et Virgile restent bouche bée devant l'échange entre Bryn et leur hôte.

- Stop, s'écrie soudain Virgile. Pause ! – Bryn et Dom se retournent vers lui, silencieux – est-ce que l'on peut faire une pause un moment ? Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?

Le garçon se prend la tête entre ses mains et tourne en rond.

- Comment avons atterris ici ? Nous étions chez vous, s'exclame-t-il en pointant un doigt accusateur vers Sandro et Bryn. Et nous sommes ici à présent ? Et vous, bredouille-t-il à l'adresse de Dom. Des sorts ? De quoi parlez-vous ?

Virgile s'interrompt, haletant, reprend son souffle.

- Et qui étaient ces ... ou quoi ? Ces gens qui nous ont attaqués ... ces... ces choses ! Vous avez vu leurs yeux ? Entièrement noirs, liquide. Et leurs dents ...

Les yeux écarquillés, Sandro l'attrape par le bras pour interrompre sa logorrhée.

- Tu les as vu toi aussi ?

Virgile baisse les yeux vers le jeune homme et balbutie.

- Bien sur. On les a tous vu non ?

Il se tourne vers Bryn qui reste silencieuse. Sandro secoue la tête en tremblant.

- J'ai tendance à ... à avoir des hallucinations quand je fais des crises de panique, à voir des choses qui ne sont pas là. Je pensais ...

Il ne va pas plus loin, interrompu par un sanglot qui brise sa voix et Virgile a le réflexe de le prendre par les épaules pour le rassurer.

- Non, bien sur que non, dit-t-il d'une voix posée et apaisante. Tu n'as pas halluciné.

Le roi des féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant