La complainte d'une fleur dans le désert ou la liberté d'un esclave

Chapitre 9

 Élémir n'était pas rassuré. Chaque fois que le futur pharaon s'approchait du jeune garçon, ce dernier suivait le moindre de ses mouvements. Il savait que le prince lui réservait une punition pour être sorti sans protection et s'était mis en danger... Le prince voyait que son amant n'était pas serein, mais il avait l'impression que chaque fois qu'il tentait de le rassurer, cela avait l'effet inverse sur lui. Tous deux savaient qu'Elémir allait être puni. Mais seul le prince savait comment il le punirait. Elémir angoissait encore deux jours avant d'être mis au courant de sa punition. C'est pourquoi, lorsqu'on passait devant la chambre princière, on pouvait entendre deux voix s'entrechoquer...

« Il en est hors de question ! Je refuse !! »

« Elémir ! Ça suffit ! »

« Non ! Non ! Et non ! Je refuse ! »

« Tu n'as pas le choix ! »

« Tu ne peux pas me contraindre ! Sinon, c'est du viol ! »

« Elémir !! Je te demande une nuit ! Ce n'est pas la mort ! »

« Pour moi, si ça l'est! Je refuse de te donner ma virginité ! »

Le prince ne pouvait plus du comportement de son amant. Il se doutait qu'il avait peur mais au lieu de lui en parler, il préférait s'enfermer dans sa bulle. Fantur savait qu'il n'obtiendrait rien venant de son amant, alors il préféra l'envoyer en isolement. Il fit donc appeler des gardes et leur demanda de prendre Elémir. Ce dernier commença à paniquer. Qu'allait-il lui arriver ? Il fut conduit dans une autre pièce.

Voyant que son amant le regardait avec incompréhension, Fantur soupira en se pinçant l'arrêt du nez et expliqua :

« Tu es ici pour tes actes. On envoie les épouses dans ces pièces en attendant leur nuit de noces. En d'autre termes, tant que tu refuses une nuit, tu resteras ici et tu ne sortiras pas de cette chambre. Isis sera ton domestique et s'assurera que tu sois nourri, lavé et bien apprêté. »

Après ces mots, Fantur tourna le dos à son amant et ferma à clef la porte alors que ce dernier se précipita pour le retenir. Elémir tambourina à la porte hurlant de le laisser voir le prince, mais rien... On le laissa choir dans la pièce. Elémir alla se coucher dans le lit et pleura jusqu'à s'endormir. Il fut réveillé par Isis qui ouvrit les rideaux. Il aida ensuite Elémir à se baigner, à manger puis à s'habiller. Tout cela dans un silence absolu. Le prince n'est pas venu le voir lorsque le soleil se coucha. Cette routine dura encore pendant cinq jours avant qu' Elémir ne craque et ne supplie de voir le prince. Mais la réponse qu'il reçu le déçut dans un premier temps avant de le choquer et lui faire perdre l'équilibre...

« Le prince ne peut vous recevoir. Il s'apprête à prendre la place de son père le pharaon. Le couronnement aura lieu dans une semaine et durant cette période vous resterez ici...

D'ailleurs cela ne m'étonnerais pas que cette chambre reste la vôtre désormais. » informa le garde.

La dernière phrase du garde était plus pour lui mais Elémir l'entendit tout de même...

« Mais pourquoi ? Je suis son amant ! Il m'avait enfermé ici jusqu'à ce que j'accepte d'avoir une nuit avec lui ! Et j'ai accepté ! Alors je dois retourner dans la chambre du prince ! » s'exclama Elémir.

« Pour l'instant vous êtes encore considéré comme son amant mais hélas ce titre vous sera retiré... »

« Quoi ?! Mais pourquoi?! » Paniqua le jeune garçon...

« Et bien juste après le couronnement, des prétendantes seront présentées au pharaon et une fois qu'il en aura choisi une, ils seront mariés et auront leur nuit de noces. A partir du moment où le pharaon sera marié, vous ne serez plus son amant. Et vous resterez ici jusqu'à ce que le prince décide du contraire, avec les mêmes règles sauf ordres du pharaon. » Expliqua le garde.

Une fois qu'il avait délivré son information, le garde partit et referma à clef la porte. Elémir s'effondra en pleurant. Qu'avait-il fait ? En y réfléchissant bien, même s'il avait donné sa nuit au prince, serait-il resté son amant ? Il se rendit compte que les mots que lui avait fait le prince n'étaient finalement que du vent. Il finit par s'endormir sur le sol. C'est ainsi que Isis le trouva le lendemain. Cela faisait deux jours, qu'il avait appris la nouvelle et qu'il se mourait petit à petit. Isis, bien qu'il ne lui parlait plus autant qu'avant, s'inquiéta. Son ami entrait en dépression.

Dire qu'Elémir était mal en point était un euphémisme... Il manquait cruellement d'affection. Plus les jours passaient, moins Elémir pouvait se tenir debout. Jusqu'au jour où le couronnement eut lieu, Elémir était dans son lit trop faible pour se lever. Et comme s'était le jour du couronnement, aucun domestique n'était disponible et le jeune malade ne pouvait appeler personne et donc souffrait en silence. Il finit par s'endormir de fatigue, plongeant dans un sommeil plus qu'agité. Il fut réveillé brutalement par une femme enrobé. Il n'eut pas le temps de demander de qui il s'agit puisque un garde, le même garde qui l'avait informé de sa futur condition, lui expliqua.

« Je suis navré mais je vous demande de vous lever et de nous suivre jusqu'à votre nouvelle chambre. Celle-ci devient la chambre de la domestique » il montra du doigt l'énorme femme « de la futur épouse du nouveau pharaon. »

Elémir n'en croyait pas ses yeux... Le couronnement avait eu lieu la veille et les rencontres ne devaient pas avoir lieu avant deux jours... Le garde voyait que l'ancien amant du pharaon ne comprenait rien il lui éclairait :

« Le couronnement a eu lieu la semaine dernière... »

Elémir n'en revenait pas... Ce n'était pas possible... Il se leva mais se sentait instable. Pourtant personne ne l'aida. Il marcha une bonne vingtaine de minutes avant d'attérir devant sa nouvelle chambre.

« Dame Raya vous accorde cette chambre. »

En entrant, Elémir se rendit vraiment compte qu'il avait perdu son titre d'amant du pharaon. La pièce était petite, presque aussi petite que la pièce qui lui servait de chambre chez l'éducateur. Trop faible, il se dirigea vers le lit et grimaça en sentant la dureté du matelas, les draps aussi rêche que du papier de verre, et trop peu pour le protéger de la fraîcheur de la nuit et la pièce n'était pas chauffée... Une fois installé, il remarqua que ses vêtements n'avaient pas suivi. Le seul vêtement qui lui rappelait sa vie d'avant, était celui qu'il portait. Et il ferait tout pour le garder.